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La justice française est sous équipée, mais ce n’est pas le seul problème.

La population, de mieux en mieux éduquée, est confrontée à des situations complexes dans des contextes tendus. S’y trouvent confrontés pêle-mêle des pervers contre des agneaux, des puissants contre des faibles, des ingénus contre des malins … etc.

Nul n’est sensé ignorer la loi, mais la justice elle-même admet que personne ne peut désormais en maîtriser seul la complexité. Ceci semble protéger mes professionnels qui justifient leurs présences et leurs émoluments. Cela permet aux plus malins de noyer le faible en brandissant des morceaux de texte, souvent sortis de leur contexte, qui servent leur cause. La justice est rendue de manière comliqué, ce qui amène à sur-utiliser les recours. La justice devient surchargée et donc lente et très coûteuse. Alors qu’elle devrait servir de garde-fou et permettre de régler rapidement les écarts qui sont faits dans la vie civile et commerciale.

Les hommes sont faits pour vivre et entreprendre, le système doit favoriser les prises d’initiatives.

Les citoyens devraient pouvoir évaluer eux-mêmes les risques juridiques qu’ils prennent avant d’agir et non une après que des drames aient été constatés.

Le numérique, les machines apprenantes en particulier tels que ceux qui se développent pour exploiter la très abondante documentation des avionneurs, permettent de rendre la législation exploitable. Ceci constitue un chantier particulièrement passionnant et de nature à enrichir très fortement notre maîtrise de ces technologies d’avenir.

 

La médiation avant la justice

Pour se disputer, il faut être deux (au moins). Les disputes partent de malentendus, de gestes malveillants ou simplement sournois, ou encore de relations établies dans un contexte qui a changé… etc.

A y regarder de près, rares sont les conflits qui résistent à une analyse emprunte de bon sens. La médiation a pour finalité de dénouer les conflits avec cette approche. Eventuellement, elle aide les protagonistes à évoluer afin de ne pas s’exposer à nouveau à de semblables conflits. Elle permet même de faire des recommandations pour faire évoluer nos lois.

Les progrès faits en matière de neuropsychologie et la socio-psychologie nous laissent espérer une médiation de plus en plus efficace.

La médiation travaille sur le contexte des conflits à la lumière de l’esprit de la loi et plus largement du pacte républicain.

La justice a pour objet de faire appliquer la loi, ce qui est un autre métier que la médiation.

Mais la loi est devenue inextricable avec même des vides et des contradictions. La loi gagnerait à être traitée à travers des systèmes experts capables de mettre en lumière ces vides et ces contradictions. Cet outillage permettrait de revenir au concept simple : « nul n’est censé ignorer la loi », dont la disparition est devenue une source de stress pour les uns et des opportunités pour les autres. Ceci rend la justice instable.

La justice devrait en réalité ne se saisir que des affaires qui n’auraient pu être résolues dans le cadre d’une médiation.

En effet, il est illusoire de croire que la loi possède les dispositions adaptées à chaque conflit. La loi évolue lentement et toujours moins vite que les progrès ordinaires que nous effectuons jour après jour et surtout moins vite que l’imagination des pervers. C’est ainsi que la loi amène trop souvent à des décisions bizarres, rigides voir même absurdes.

Ainsi, en combinant les progrès que nous amènent les connaissances en matière de résolution de conflit et le traitement sémantique de textes en grande quantité, il est possible de repenser le rôle de la justice et ses bonnes pratiques.

Ceci est rendu possible grâce aux progrès technologiques et scientifiques. Ceci est rendu nécessaire à cause de la complexification de la société et du désir de comportements responsables et critiques qui se développent chez les citoyens.

 

Alors, pourquoi la médiation est-elle si peu mise en œuvre ?

Le développement de la médiation remet en cause le fonds de commerce des auxiliaires de justice et les avocats. Ces professions ont la réputation de résoudre les problèmes qui leur sont confiés en épuisant financièrement et nerveusement leurs clients qui, de ce fait, finissent tôt ou tard par cesser de se battre. Même s’il s’agit d’une intention injustement attribuée, leur fonctionnement donne cette impression, ce qui fait que les petits litiges sont impunis …

Durant la dernière décennie, la profession d’avocat a connu une croissance de 42 % et de 40 % durant la décennie précédente. Le revenu moyen est de 60 000 € par an, ce qui représente un budget annuel de plus de 3,7 milliards d’euros. Peut-on faire mieux avec un tel budget ?

Le tarif d’un avocat inclus, notamment,  le temps qu’il passe à appréhender la loi et les longues heures durant lesquelles il patiente dans les couloirs des prétoires. Seuls les grands avocats qui interviennent dans les grandes affaires partagent l’histoire de leurs clients. La majorité des affaires sont traitées essentiellement pas écrit avec un souci de productivité, loin de la démarche du médiateur.

Certains avocats en arrivent à plaider des affaires qui parlent de personnes qu’ils n’ont jamais rencontrées. Certains juges arbitrent sur la base d’idées reçues ou de directives lâchées dans la nature sans nuance.

Tout ceci donne l’impression que le système est dépassé.

La mise en scène et le phrasé utilisé dans les tribunaux a pour objectif de favoriser l’autorité et le respect, mais l’effet ne fonctionne plus comme en témoignent les nombreux justiciables qui s’expriment à travers des associations ou dans les réseaux sociaux. L’autorité devient de l’autoritarisme.

Notre archaïsme est une chance

Réagissons avec une vision du 21ème siècle. Les innovations qui nous attendent sont autant d’opportunités de projets passionnants et gratifiants pour les générations montantes.

Les professions de la justice impactées résistent ? Mais sont-elles fières de leur productivité ? Sont-elles satisfaites de leurs outils et de leurs méthodes ? En quelque sorte, elles tentent de réparer des fautes d’orthographe avec des formules mathématiques : le résultat est n’est pas à la hauteur des réels efforts déployés. Sont-elles satisfaites des déceptions qu’elles engendrent alors qu’un conflit bien géré doit enrichir l’expérience de chacun des protagonistes ?

 

Obtenir une justice apprenante

Les logiciels de traduction ont commencé par décortiquer les règles grammaticales des langues, mais il s’est avéré nécessaire d’y ajouter des exceptions, de plus en plus d’exceptions … en vain. Actuellement, les traducteurs automatiques se construisent en analysant de bonnes traductions et en dégageant les locutions les plus fréquentes. Ce sont des systèmes apprenants.

Notre système actuel n’est pas assez apprenant :

  • parce qu’il tente de résoudre le problème humain et le problème réglementaire en une seule fois. La partie humaine est le point de départ du litige, mais cet aspect n’est pas le cœur de la compétence des intervenants actuels, qui sont centrés sur la loi. L’expérience humaine éventuellement acquise dans la résolution d’un conflit ne s’accumule pas dans le système. Ceci est rageant à l’heure où des progrès rapides sont faits dans les neurosciences et la psychologie sociale.
  • parce que l’évolution des lois est diffusée de manière trop complexe, ce qui est rageant à l’ère du numérique.

 

L’innovation, c’est aussi pour les professions liées à la justice

Les professions liées à la justice sont donc, comme toutes les autres, confrontées au changement. Il ne s’agit plus d’améliorer le système actuel, mais d’innover. Comme toutes les autres professions, elles ont la possibilité de prendre leur sort en main, sans attendre que de nouveaux corps de métier s’impose et les submerge.

La disparition des avoués a été laborieuse et constitue une première expérience. Elle n’a pas vraiment donné lieu à de l’innovation. Cette profession doit donc s’intéresser aux processus d’innovation et je ne doute pas que les générations montantes sont déjà partantes pour s’engager dans l’aventure … à condition de leur en donner les moyens et de collaborer avec elle dans un esprit positif.