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La finalité

Imposer l’oisiveté…

La technologie permet de relocaliser la production au plus près des consommateurs, ce qui est bon pour l’environnement. Mais, ces relocalisations se font dans des usines robotisées, afin de s’affranchir des pays à bas coût. 49 % des tâches actuellement nécessaires au fonctionnement de notre économie vont être englouties dans ce changement inexorable.

Le salaire n’est donc plus le mode d’acheminement du pouvoir d’achat dans les ménages. Il faut donc créer un nouveau canal. C’est dans ce contexte qu’est envisagé le revenu de base. Son montant est un compromis entre ce que coûte un pauvre et le seuil plancher du pouvoir d’achat à distribuer pour assurer à l’économie un volant minimum d’activité.

Cette approche déclenche le refus parce qu’elle promet au plus grand nombre la désocialisation par l’oisiveté.

 

… Ou bien, inciter à s’accomplir au profit de la communauté

Mais il y a une autre approche, bien plus enthousiasmante, mais plus compliquée à expliquer.

L’homme a été chasseur, puis agriculteur, puis ouvrier. Il commence à maîtriser la satisfaction de ses besoins individuels primaires (intégrité physique et physiologique). Sa préoccupation a été centrée sur la protection de sa terre, puis récemment, sur la protection de ses marchés. Pour cela, il s’est doté d’instruments de gouvernance orientés court terme. La nouveauté, c’est à présent, il se tourne vers le développement de ses besoins à long terme, ce qui l’amène à prendre conscience de l’importance du « bien commun immatériel ».

Le numérique, qu’il développe avec enthousiasme et parfois sans discernement, le relaie dans la production des biens et des services dont il a besoin. Le temps ainsi libéré va être naturellement réorienté vers le développement des tâches « contributives » telles que celles consacrées à la famille, aux savoirs, à l’innovation, à la démocratie ou encore à la spiritualité.

Cette réorientation devient stratégique car la compétitivité des nations se joue à présent sur leur capacité à enraciner leur savoir, attitrer des talents et disposer d’un terreau social de très haut niveau.

Le montant

Lorsqu’il est pensé dans cette seconde finalité, le revenu de base peut être fixé à au moins 10 % au-dessus du seuil de pauvreté du pays. À titre indicatif, en 2015 en France ce montant était de 1 000 € environ pour une personne seule.

Mais ce montant ne peut être entièrement versé avec les devises actuelles (€ en France) qui sont des « monnaies dettes » dont l’émission est liée à la promesse de création de richesse productive. Il faut donc imaginer au mécanisme financier d’un genre nouveau.

 

La mise en pratique

Partant de l’idée que si la population consacre effectivement une part de son temps à développer le bien commun immatériel et que c’est grâce à la qualité de ce bien commun immatériel que le tissu productif fonctionne le mieux possible, alors, le RdB doit être ajusté à la création de richesse productive locale et nationale, à l’aide d’une combinaison de 3 sortes de monnaies "officielles" (€), locales, et complémentaires.

Les monnaies complémentaires sont celles qui sont destinées à encourager les actions positives dans le secteur contributif : famille, reconnaissance, savoir, démocratie, spiritualité… Les prémices de cette forme de monnaie sont visibles dans le CPA (compte personnel d’activité).

Cette combinaison de monnaie permet de favoriser la répartition du temps (global) entre les tâches productives (court terme) et contributives (long terme) de manière harmonieuse.

  • Les RdB versés au niveau national tiennent compte du niveau de vie local.
  • Les RdB versés au niveau local tiennent compte du dynamisme économique et social.

La proportion est fluctuante, aux alentours de 66 % en monnaie nationale et le reste en monnaie locale et complémentaire.

 

Le financement

Les talents et les savoirs dont la population est porteuse constituent LA richesse stratégique qu’il faut entretenir au titre du bien commun immatériel et en plus du bien commun matériel comme par exemple les infrastructures (bâtiments publics, routes, rivières, télécoms…). Le budget de l’État et des collectivités est donc construit en prenant le RdB comme un coût fixe, ajusté chaque année à l’ambition (constructive) de la collectivité.

La quantité de devises en circulation est calibrée en conséquence.

 

Les réformes nécessaires

A la base des réformes nécessaire pour parvenir à relever ce challenge sociétal à l’aide du RdB, il y a la vision partagée sur la manière de créer une interaction entre :

  • L’économie productive dont nous devons maîtriser les circuits financiers,
  • L’économie contributive, qui est actuellement livrée aux subventions, au bénévolat et au volontariat, c’est-à-dire des structures instables. Notre défi consiste à imaginer les mécanismes d’échange.

Pour cela, il faut faire évoluer le mécanisme de création / destruction de monnaies et passer aux devises multiples, en capitalisant sur l’espace technologique introduit les blockchain (structure per to per et non plus centralisée).

 

Philosophie

Le modèle actuel est basé sur la propriété, la rente et la dette. Son moteur est le désir d’accaparement. Le modèle émergeant privilégie d’avantage la reconnaissance des talents de chacun par la collectivité, répondant au désir d’être reconnu qui correspond à la couche 3 de la pyramide de Maslow).

Le modèle actuel et celui qui est à construire sont complémentaires puisque l’homme a toujours des besoins primaires, mais il a au moins autant des besoins en matière de réalisation de soi avec et pour les autres.

 

Allocations

Aucune autre allocation n’est versée puisque la logique consiste à aider les citoyens à prendre des initiatives (dont l’entraide) et non à les assister. Bien entendu, les personnes en détresse continuent à être assistées.

Le modèle actuel repose sur l’idée que collectivement, l’homme ne sait pas ce qui est bon pour lui, alors un petit groupe prend de grandes décisions à sa place. Le modèle qui vient englober ce présent modèle part de l’idée que l’homme, qui est de mieux en mieux éduqué et informé, peut prendre des initiatives et des décisions localement et que ces décisions sont agrégées, selon le modèle des sociétés organiques.

La promesse : une société efficace et donc attractive ! En effet, la compétitivité des nations se joue à présent sur l’attractivité : les individus sont mobiles, ils cherchent à s’installer dans les pays où la vie est ouverte et simple et où tout est fait pour que chacun réussisse chaque étape de son parcours de vie.

 

Échéance

Tout ceci semble représenter un grand saut dans l’inconnu et pourtant nous sommes pratiquement au RdB à travers des aides complexes. Quant aux monnaies complémentaires elles s’installent insidieusement face à la perte de confiance qui s’instaure dans les économies « martyrisées » par les dettes ou à travers le CPA.

Il ne s’agit pas d’un phénomène passager que l’histoire oubliera, il s’agit d’un mouvement de fond qu’il faut devancer sans attendre que notre système actuel ne s’effondre définitivement. La crise de 2008 fait réfléchir. N’attendons pas la prochaine crise pour expérimenter les solutions alternatives dont nous connaissons déjà les principes.