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La fin du travail

Commençons par prendre un café. C’est la machine qui le prépare, à la température idéale et avec l’amertume choisie … Peu importe pour nous : ce qui compte dans l’idée de prendre un café, c’est la pause, la causerie, le temps de la réflexion … Nous ne pensons pas à cette machine, ni à ce café et ni l’eau. Pourtant ils sont la résultante de tant d’innovations, de négociations et de gestes répétitifs. Nous n’y pensons pas, non pas parce que nous sommes des ingrats vis-à-vis de nos aînés dont les jobs n’existent plus, mais simplement parce que nous aspirons à d’autres challenges.

Le salariat, tel que nous l’avons stabilisé au 20ème siècle se désagrège au fur et à mesure que la robotisation prend en charge la satisfaction de nos besoins physiques et physiologiques. Officiellement, cette robotisation est faite pour améliorer la productivité. Elle est rendue possible par la miniaturisation, la puissance des logiciels et le brassage de données toujours plus fraîches, abondantes et  diversifiées.

Certes, pour le moment, cette robotisation exubérante dépasse l’homme, en prétendant exacerber ses préférences. En réalité elle l’y enferme au mieux des intérêts des entreprises qui maîtrisent le brassage des données sécrétées par l’usage que nous faisons des « machines intelligentes ».

Mais, ça, c’est maintenant où toutes les naïvetés sont encore exploitables. Déjà la prise de conscience s’amorce avec, par exemple le succès du film Snwoden.

Normalement, la résistance devrait s’organiser car il n’est à priori pas acceptable que nos outils de tous les jours nous influencent et finalement nous gouvernent. Face à cette réalité, nous devons nous entraîner à devenir plus lucides, et donc plus coscients.

Ceci est possible via l’éducation, mais aussi le temps consacré à la famille, la culture, la démocratie ou encore la spiritualité, c’est-à-dire tout ce qui concerne le mieux-être de la communauté sur le long terme.

 

L’émergence des tâches contributives

De fait, nous abordons une nouvelle phase de notre développement, celle où nous banalisons les tâches productives au point d’être d’accord pour les reléguer à des machines et ce afin de commencer à nous consacrer aux tâches contributives, celles qui nous permettent de « réussir notre vie ».

Les tâches contributives, ce sont celles dédiées au long terme et à la cohésion de la communauté : la famille, le partage du savoir, l’innovation, la démocratie ou encore la spiritualité. Ces tâches n’ont guère de place dans le monde du travail, c’est-à-dire le « travail » récompensés avec de l’« argent dette ».

Notre système actuel ne s’occupe pas de savoir comment sont prises en compte les tâches contributives alors qu’elles deviennent de plus en plus une source de compétitivité pour les nations.

Notre défi consiste à donc à faire évoluer notre système social et monétaire de manière à ce qu’il récompense aussi les tâches contributives.

 

Des solutions en vue, mais complexes

Le revenu de base et les monnaies complémentaires sont régulièrement convoqués dans ce débat. Méfions-nous des raisonnements simplistes qui aboutissent au contraire de l’effet recherché :

  • Le revenu de base ne doit pas avoir pour finalité de simplifier la gestion de la pauvreté par les acteurs de la finance, mais au contraire de rendre à chaque humain la part de la rente résultant des progrès qui font que les robots remplissent les tâches que nos aînés ont durement mises au point. Cette rente lui donne une marge de manœuvre pour gérer son parcours de vie où il va être tour à tour :
    • producteur de biens et services dédiés au court terme,
    • contributeurs dans le développement des savoirs, de l’innovation ou tout ce dont la communauté a besoin pour vivifier son horizon à long terme.
  • Les monnaies complémentaires n’ont pas pour vocation d’enfermer les économies dans des systèmes complexes, mais au contraire de favoriser les actions positives faites par les citoyens. Il s’agit de dépasser le modèle « tout productif » actuel : l’homme n’est pas simplement un être qui produit la semaine et consomme le week-end.

La justice, la démocratie, l’innovation, la bienveillance, la spiritualité ou encore la pollinisation des savoirs demandent du temps. Il suffit de libérer le temps passé à chercher du travail qui n’existe presque plus. Alors, une nouvelle forme d’abondance va émerger. Elle n’est plus basée sur le toujours plus, mais le toujours mieux.

 

L’estime de soi, moteur du changement

L’évolution espérée de nos institutions doit permettre aux hommes de donner à nouveau du sens à leur vie, en particulier en prenant le temps de construire des comportements éthiques.

Selon la pyramide de Maslow, nous abordons une nouvelle strate de nos aspirations : l’estime de soi.

Cette « estime de soi » n’a rien à voir avec le narcissisme ni la soif de pouvoir et d’argent. Cette « estime de soi » fait appel à la récompense sociale que l’on éprouve lorsque ce que l’on fait est bon pour la communauté et que la communauté en tire profit.

L’évolution de la société qui en résulte n’est pas faite pour les narcissiques et les êtres avides de pouvoir et d’argent. Elle est faite pour ceux qui ont envie et qui apprennent à co-construire, co-produire, co-gérer, co-agir…

Il faut les co-récompenser.

 

La fiscalité dans tout ça

La fiscalité a eu pour objectif de donner les moyens à la communauté de rendre chacun plus efficace dans ses initiatives et de protéger le bien commun.

Depuis l’ère industrielle, cet objectif a été complexifié à outrance et, sans doute, dévoyé de-ci de-là.

Les tâches contributives facilitent les tâches régaliennes. Il suffit d’inventer les monnaies qui permettent de se passer de fiscalité. Or, des pistes sont désormais possibles !