Pour une campagne présidentielle rationnelle

Si la campagne est passionnelle, le pire est à venir : les extrêmes vont se déchaîner.

Si elle est rationnelle, les électeurs vont pouvoir agir sur les candidats : la campagne sera l’occasion d’un véritable rendez-vous avec citoyens, ce dont nous avons besoin en cette période de mutation.

Voici quelques questions laissées sans réponse pour moi.

À propos de François Fillon

Je suis dubitative lorsque je l’entends dire qu’il tutoie Vladimir Poutine et que Vladimir Poutine lui apporte son soutien. Est-ce de la naïveté ou une réelle connivence qui mérite un développement plus large que nous n’avons pas eu.

Son attitude vis à vis de l'Europe mérite d'être plus précise compte tenu de son attitude par le passé.

Sa proximité avec certains cercles radicaux m’inquiète.

Je suis étonnée de l’entendre promouvoir une forme de libéralisme hérité du 20^ème siècle dont les résultats n’ont pas été convaincant sur le plan social.

J’ai un doute sur son autonomie de pensée quand je me remémore son passage à Matignon où il appliquait une politique qui ne lui convenait pas.

Enfin, son ascension fulgurante au premier tour de cette primaire m'intrigue : aucun évènement n'a justifié cette situation.

Durant cette très courte semaine, je n’ai pas trouvé matière à me rassurer sur ces points sensibles. Son entourage, plutôt opportuniste par nature, ne s’est pas exprimé non plus sur ces sujets.

À propos d’Alain Juppé

Son âge est étrangement mis en avant alors que Donald Trump, qui est de la même génération, a été peu ennuyé par ce critère.

Il faut de l’expérience pour endosser les fonctions de président de la République. Alain Juppé a traversé plusieurs étapes, pas toujours réussies, avec même une condamnation dont chacun sait qu’il a servi de fusible dans une affaire qui dépassait largement son champs d’action.

Il a séjourné à l’étranger et il a, à cette occasion, côtoyé de jeunes générations.

En rentrant, il a fait de Bordeaux une ville attractive bien au-delà de son potentiel gastronomique historique.

Il est entouré de jeunes qui conjuguent sa stature d’homme d’état (qu’il est finalement devenu) au futur, en particulier pour dessiner notre avenir numérique et la société qui en découle et notre co-citoyenneté européenne.

Moi, mes interrogations et mon bulletin de vote

Je comprends ceux qui sont attirés par le choix Fillon qui veut casser pour reconstruire. Nos institutions héritées du 20^ème siècle peinent à s’adapter et pénalisent chacun de nous. Mais je ne crois pas au grand choc car il ne s’agit pas de redresser le pays, mais l’adapter au 21^ème siècle.

Nos institutions imparfaites doivent continuer à nous porter durant toute cette période de réinvention de notre vivre ensemble.

Il me semble que l’équipe Juppé l’a mieux compris que l’équipe Fillon, ce qui permet à la suite de la campagne présidentielle d’être moins émotionnelle et plus rationnelle et donc un vrai rendez-vous citoyen centré sur de vrais choix de société.

Voilà mes doutes, mais nous pouvons encore débattre durant quelques heures.