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Trois sujets qui semblent être liés

Pour se forger une idée, il convient de réfléchir à horizon 2077, soit dans 60 ans.

Actuellement, les hommes et les femmes qui font tourner le monde ont entre 25 et 55 ans. Dans 60 ans, deux générations les auront remplacés. Autrement dit, ce seront les enfants de la génération Y qui sera sur le point de céder sa place aux générations montantes.

Dans les économies « développées », la génération Y est celle qui a commencé à exprimer fortement le désir de donner du sens à sa vie. C’est elle qui a commencé à solliciter activement un autre modèle de société, basé non plus sur le toujours plus, mais le toujours mieux.

Mais c’est aussi elle qui a abordé avec insouciance la montée en puissance des Gafa et des BATX, leurs homologues chinois. Elle a pris conscience que le chômage ne résulte pas d’une crise passagère de l’économie, mais d’un changement de paradigme et que, par conséquent, les représentants de la démocratie ne peuvent pas tenir leurs promesses basées sur des références idéologiques basées sur le modèle du 20ème siècle.

Il se peut que les gafa / batx aient tenté de poursuivre leur stratégie de devenir des acteurs supranationaux et même qu’ils se livrent à une guerre d’influence de manière à poursuivre leur hégémonie sur le reste du monde. Mais il se peut aussi que l’Europe et ses partenaires Africains soient parvenus à réagir, le « vieux continent » grâce à ses atouts sociaux économiques et son patrimoine commun (matériel et immatériel) et l’Afrique grâce à sa capacité à rattraper les épisodes technologiques en investissant directement dans les projets d’avenir.

La réalité est que les Occidentaux ont profité des énergies renouvelables, de la permaculture, du numérique et de bien d’autres progrès pour restructurer leur tissu entrepreneurial, de manière à ce que les biens et les services soient produits au plus près des consommateurs à l’aide de robots et au plus juste en termes de quantité et de qualité.

Cette manière de faire est rendue possible par les progrès techniques et organisationnels. Mais elle est aussi voulue par les citoyens qui ressentent le besoin de se réapproprier leur autonomie d’existence. Enfin, elle est imposée par les exigences environnementales. Cependant, elle modifie en profondeur le modèle de société qui s’était imposé avec l’émergence de l’ère industrielle puis adapté lors de la première phase de la mondialisation dominée par la stratégie de la production dans les « pays à bas coûts ».

Avec la robotisation à outrance et les vertus de l’économie circulaire, le commerce international s’est recentré sur :

  • les matières premières – premières (non issues du recyclage),
  • les produits d’exception, c’est-à-dire ceux qui nécessitent de l’accumulation de savoirs et de talents.

Ce modèle de société relocalise effectivement l’économie, qui n’est plus portée par de grands acteurs transnationaux, mais par un tissu d’entreprises en constant renouvellement pour obtenir une économie sans fluide et donc sans crises. La compétitivité d’une nation se joue désormais sur sa créativité, sa capacité à s’adapter et son attractivité sociale, culturelle et démocratique.

La production de biens et de service consomme le moins possible de matière, d’énergie et de main-d’œuvre. Les prix de revient ne cessent de se réduire. Les prix de vente suivent cette décroissance, ce qui rend le système fiscal.

En effet, il n’est plus possible de vendre longtemps 100 € une paire de chaussure dont le prix de revient une fois mis entre les mains de son propriétaire revient à moins de 10 €. Il existe toujours un nouvel entrant sur le marché qui va rapprocher le prix de vente du prix de revient, qui affaiblit les acteurs traditionnels qui tentent de maintenir des prix élevés et des pratiques de riches.

Le marché s’effondre lentement et la TVA et la fiscalité liée à la marge des entreprises devient inopérante pour couvrir les missions de l’état, même si celui-ci s’est très fortement modernisé pour devenir le plus efficace possible. Parmi ses fonctions régaliennes, la protection du bien commun est devenue un sujet central. Alors, les citoyens sont fortement responsabilisés. Ils sont encouragés à s’investir dans des activités qui veillent au développement de leur vivre ensemble.

 

La créativité devient stratégique, ce qui amène les travailleurs et les entreprises à s’organiser en mode projet. Ceci conduit à une atomisation des carrières : les travailleurs ont besoin de se ressourcer sans cesse en alternant des activités productives et des activités dédiées à l’innovation et au partage des savoirs. De ce fait, le mécanisme de la protection sociale, strictement basée sur les activités productives, devient elle aussi inopérant pour assurer la solidarité entre les indicidus.

Les salaires disparaissent. Ils ne jouent donc plus le rôle de distribution du pouvoir d’achat auprès des ménages. D’ailleurs, les citoyens ne travaillent plus exclusivement dans le secteur productif ou régalien (dédié à la satisfaction des besoins à court terme des hommes), mais de plus en plus dans le monde contributif dédié au développement du patrimoine commun matériel et immatériel à long terme.

Sapiens, avant de devenir agriculteur, travaillait en moyenne 2 heures par jours pour assurer ses besoins physiques et physiologies. Le reste du temps était consacré à la vie sociale et spirituelle.

Le temps consacré à ces activités contributives occupe désormais l’essentiel de ses activités parce que nous sommes parvenus à un monde basé sur les talents, l’écoute le partage des savoirs ou encore la recherche de postures citoyennes et éthiques. La compétitivité sejoue sur les capacité d'adapatation et d'innovation (capatation des savoirs et des talents) et non plus sur la puissance (mulitiaire ou financière).

Pour les individus, posséder n’est plus la priorité. Accaparer est devenu socialement incorrect. Ce qui compte, c’est de réussir son parcours de vie et donc être capable d’être fier de sa contribution à la vie commune.

Les activités empathiques liées à la santé, la justice, le partage des savoirs, l’innovation ou encore la démocratie ne sont plus dans le secteur marchand ou régalien car, faire du bien aux autres et la communauté ne peut être monétisé. Cela vient d’une démarche volontaire.

La communauté a particulièrement besoin de ce type d’activité, réalisé avec sincérité et engagement. Elle s’est donc dotée d’instruments de reconnaissance semi-subjectifs, c’est-à-dire acquise pour une part automatiquement pour qui s’investit dans des tâches empathiques et pour une part bonifiée pour les personnes particulièrement méritantes.

 

Quid de la monnaie

La monnaie sert à notifier un échange : un bien ou un service contre de la monnaie. Si cette monnaie a une représentation matérielle (billets et pièces) il faut injecter de la monnaie auprès des citoyens pour qu’ils puissent faire des échanges.

Mais si cette monnaie est dématérialisée, la monnaie peut être créée lorsque de la richesse est créée et échangée, comme le faisaient nos aînés avec les bâtons de taille (paiement cash) et les plaques d’argile (emprunts).

La monnaie reposant sur les technologies numériques (cryptomonnaies ou monnaies mathématiques) peut être paramétrée pour suivre toutes sortes de règles : par exemple être fongible (elle perd de la valeur avec le temps) ou au contraire réutilisable à échéance. Elle peut être dédiée à certains usages ou dans certaines zones géographiques.

La créativité monétaire n’a pas de limite, si ce n’est la capacité des hommes à définir des besoins et trouver les règles qui vont permettre de les satisfaire.

Dans la mesure où les échanges redeviennent plus locaux que distants, les monnaies locales peuvent être réinventées avec des règles circonstanciées de manière à favoriser les échanges locaux et l’accumulation de savoirs et de créativité.

Mais pour que l’accumulation de savoir et la capacité créative aient les moyens de se développer, il est nécessaire de récompenser aussi les activités empathiques des citoyens. Pour cela, des monnaies spécifiques, qui existent de manière embryonnaire dans le CPA (compte personnel d’activité) sont développée au même titre que les monnaies dédiées aux activités productives/régaliennes.

Toutes interopérables selon des règles connues de tous et décidées démocratiquement : elles servent à la fois aux échanges mais aussi à la fiscalité lorsqu'elles sont fondantes. Ceci simplifie considérablement le coût et la compréhension des mécanismes de redistribution.

Les monnaies internationales demeurent mais sont désormais réservées aux échanges internationaux qui se sont fortement réduits. Progressivement la monnaie a perdu de son attrait mortifère pour devenir non plus un bien à acquérir/thésauriser mais un moyen d’échange.

 

Quid du revenu de base

Le salariat n’est plus le mode d’acheminement du pouvoir d’achat dans les ménages. Or, l’économie a besoin de la consommation des ménages pour fonctionner. Dans le même temps, la collectivité a besoin que les citoyens contribuent à la qualité et au développement du bien commun. Pour cela, toute la diversité des talents est nécessaire.

En quelque sorte la communauté doit produire et partager de quoi assumer le potentiel de sa population, qu'elle se doit de maintenir en bon état sanitaire, culturel et social. C’est dans cette logique que se justifie l’idée du revenu de base.

Le revenu de base reflète l’idée de faire confiance aux individus pour mieux leur permettre de rendre à la communauté une part de la reconnaissance de cette existence.

Le revenu de base s’impose comme le support le plus simplificateur. Combiné aux monnaies mathématiques capables de canaliser les modalités d’utilisation, il permet de repenser les mécanismes fiscaux pour les rendre plus réactifs, contextuels et surtout plus compréhensibles.

 

Préparer cet avenir souhaitable

L’économie circulaire va s’installer peu à peu au gré de la volonté des hommes, des progrès et des mécanismes de financement,

Mais en régime de croisière, le modèle « cible » ne saurait se passer de ses deux autres attributs : le revenu de base et les monnaies complémentaires en raison de leur capacité à favoriser une gouvernance non plus centralisatrice, mais organique, c’est-à-dire pratiquée de proche en proche du local au fédéral.

C’est le design des outils de gouvernance de ce modèle de société qui est à expliciter afin de nourrir les débats qui s’imposent, ainsi que ceux, plus immédiats sur le mécanisme de transition.