competitieurs.jpg
 

La nouvelle abondance découle des talents et des savoirs

Les Hommes se sont battus pour avoir toujours plus de terre, de matériaux, d’objets manufacturés… Mais à présent, ils se battent pour avoir toujours plus de données, de talents et de savoirs.

Le nouveau modèle industriel conjugue l’économie circulaire, les robots et les big data, autrement dit avec le moins de ressources possibles (énergétiques, extractives et humaines) devient plus efficace que jamais. Ainsi, le bien-être matériel devient le minimum qui doit être accordé au plus petit d’entre nous.

Dans le même temps, le bien-être social devient celui auquel chacun doit avoir accès parce qu’il est nécessaire pour s’accomplir. En cherchant à s’accomplir, chacun produit de la richesse et stimule la connaissance. Ainsi, chacun enrichit la communauté et la communauté le lui rend, sous forme de reconnaissance, ce qui lui procure du bien-être.

Angélique cette vision ? Oui : il y aura toujours des personnages malfaisants qui ne vont pas jouer le jeu, qui vont tenter de tricher en dénigrant les autres et en se faisant passer pour ce qu’ils ne sont pas. Mais s’il est possible de faire illusion avec un beau costume, il est difficile de tromper son monde avec des parcours, des savoirs et des talents que l’on ne possède pas. Ce modèle n’est certainement pas parfait, mais il est plus mature que celui que nous sommes contraints de quitter.

 

Les progrès que nous faisons actuellement nous amènent à ne plus segmenter les problèmes à résoudre, mais au contraire à les traiter de manière multifacette.

Par exemple, les progrès que nous faisons en approfondissant l’infiniment petit nous amènent à amalgamer la chimie, le vivant et la physique… De même, les progrès que nous allons devoir faire en économie vont nous conduire à remixer la philosophie, l’éthique, la biologie… Plus rien n’est possible sans coopération.

Pour se préparer à cette nouvelle façon d’aborder le monde, les générations montantes vont se former dans un circuit éducatif qui leur apprend d’abord à avoir confiance, puis à créer de la confiance. Autrement dit se comprendre et comprendre les autres.

Le système éducatif va passer du modèle ultra-sélectif au modèle ultra-dynamique. Il ne cherchera plus à repérer les plus doués en math et à rendre les autres le plus soumis possible. Il apprendra à chacun à se révéler en créant des dynamiques avec les autres.

 

 

Impact sur nos institutions

Il est illusoire de croire que cette mutation va pouvoir se faire en continuant à faire tourner le monde avec les outils de gouvernance qui nous ont néanmoins permis d’arriver là où nous en sommes.

Ce nouveau modèle relationnel ne fonctionne qu’avec des individus qui se prennent en charge et qui ont une vision de la place qu’ils veulent et dans laquelle ils s’engagent au profit de la communauté.

Dès lors, le pacte social devient une affaire d’honneur et non plus un encadrement de la subordination. Ceci libère l’autonomie de chacun.

Ainsi, par exemple, la notion de fonctionnaire disparaît puisque chacun, au gré du déroulement de son parcours de vie contribue tant au système productif qu’au développement du bien commun.

Les groupes sociaux continueront à se comparer parce que l’émulation est un vecteur de progrès, mais il ne s’agira pas d’aller détruire l’économie du voisin puisque son économie est nécessaire à celle de tous les voisins.

Chaque fonction régalienne va être touchée.

Par exemple, le système judiciaire ne va pas continuer à punir en découpant les affaires en petits morceaux, mais va résoudre les conflits dans leurs complexités et en tirer les enseignements pour réduire sans relâche les dysfonctionnements sociaux et financiers.

 

Alors, quid de la finance façon 20ème siècle

La finance, dans sa forme actuelle, constitue le cœur du modèle ultra-compétitif que l’Homme n’ait jamais déployé. Mais avec le besoin de prendre en compte la complexité du monde et sa dynamique évolutive, ce système commence à prendre l’eau de toute part. Cela se matérialise par la perte de confiance qu’il inspire désormais.

Schumpeter avait prévenu : le système socialiste est préférable au système capitaliste car celui-ci concentre la richesse et inhibe progressivement le désir d’innovation.

L’arrivée de Trump et l’avènement du Brexit sonnent le glas d’une certaine forme de coopération occidentale qui de toute façon n’était pas respectueuse de ses acteurs, car trop asymétrique. La fiscalité, la flexibilité, l’inflation… autant d’instruments qui sont mis en œuvre pour attirer les capitaux et les promesses de profit. Chacun y va de sa stratégie pour refouler l’inflation et la destruction d’emploi chez son voisin soudain perçu comme un concurrent.

Les hommes qui portent la stratégie de Trump ou qui sont à l’origine du Brexit poussent l’occident vers sa perte. Il n’est pas certain que cela se fasse au profit des autres continents.

Une autre approche se dessine chez les créatifs culturels. Elle fait son chemin dans leur entourage. Cette approche repose sur la coopération et l’engagement individuel et collectif.

Étrangement, dans le même temps, on parle de plus en plus de monnaies complémentaires. Il est encore trop tôt pour comprendre quel sera le juste système dont nous allons avoir besoin, mais il est évident que le $ ne va pas continuer éternellement à se positionner en monnaie de référence. Tout comme il est évident qu’une monnaie aussi immatérielle que le bitcoin ne va pas relier les hommes dans leurs activités de création de valeur. La confiance qu’il inspire est trop abstraite et nullement garantie.

 

La nature est coopérative et gouvernée comme telle

Le corps humain est fondamentalement évolutif et les organes qui le composent sont fondamentalement coopératifs. Les échanges entre les organes se font à travers toutes sortes de moyens chimiques, électriques et organiques.

Certes, le résultat nous semble très complexe. La médecine est loin de tout savoir sur son fonctionnement. Le système qui serait capable de relier les hommes entre eux dans leurs différentes activités de création de richesse va devoir se complexifier car nous ne créons pas qu’une seule forme de richesse. Nous ne pouvons pas tout ramener à une valeur figée en $. Nous devons repenser en profondeur notre manière d’acter les différentes formes de création de richesse : matérielle et immatérielle, productive et contributive, court terme et long terme, locale et mondiale… etc.

Ce que nous pouvons déjà dire, c’est que la compétitivité est en train de perdre sa place face à la coopération. Combien de temps avons-nous pour nous y adapter et adapter nos institutions ? Environ 30 ans, car les générations montantes sont déjà adaptées à cette vision. Ce qui nous freine, ce sont ceux qui ont peur ou qui n’ont pas intérêt à faire évoluer nos institutions.

Mais face à la promesse d’abondance du modèle qui s’annonce, les pays qui vont retarder leur métamorphose seront les grands perdants pour longtemps : ils seront incapables de retenir les talents dont ils ont besoin.