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Les échanges d’hier et ceux de demain

Dans les temps très anciens, les hommes échangeaient de la matière : ils étaient prêts à dépenser des sommes folles pour avoir des pierres rares, des épices, des tissus qu’ils n’avaient pas chez eux… Pour l’homme mobile, enraciné dans la mondialisation, cette magie n’opère plus.

Une autre approche émerge avec les entreprises ne vendent plus des produits, mais uniquement des services.

Le consommateur n’achète plus une chaudière mais il signe un contrat auprès d’un prestataire qui lui garantit une maison chauffée à x° lorsque la température extérieure passe en dessous de y° et cependant z années.

Dans cette chaîne de valeur, il y a toujours un fabricant de chaudière, un producteur de carburant et un chauffagiste. Mais ce qui est nouveau, c’est que ces trois acteurs ont intérêt à ce que leur matériel et leur carburant soient efficaces et durables et qu’ils nécessitent peu d’intervention. Tout le contraire de la situation actuelle !

L’entreprise qui fait ce pari constate qu’elle fidélise naturellement ses clients et donc ses fournisseurs. Elle fidélise aussi ses collaborateurs car la cohérence du modèle favorise leur désir de donner du sens à leur travail et encourage l’innovation positive.

Plus fort encore : la notion d’investissement prend une autre tournure puisque le fournisseur de chaudière et l’utilisateur sont liés par contrat alors que dans le modèle classique, l’entrepreneur est seul face à la mauvaise humeur de son client.

Ce modèle va concerner l’automobile, déjà l’éclairage (avec Philips), mais à peu près tous les biens fonctionnels pour les entreprises et progressivement pour les particuliers. Ceci va changer notre économie puisque les fournisseurs vont se soucier de faire du durable, de l’efficace et du recyclable.

Ainsi, la porte du « toujours mieux » s’ouvre en refermant doucement la porte du « toujours plus ».

 

Le modèle adaptable aux acteurs entrants

Les PPP (partenariat public – privé) ressemblent à cette logique et pourtant, ils ne font pas rêver. Conçus pour permettre à des élus de doter leur commune, région, ou nation, d’équipements de hauts niveaux, ils se montrent source de scandales : des chantiers chaotiques, des coûts globaux insupportables, des promesses d’exploitation mal respectées… etc. il s’agit bien souvent de montages financiers pensés dans une chaîne de compétence éloignée de la réalité.

Les entrepreneurs dont nous parlons ne proposent pas des PPP englobants, ils proposent de remplir une fonction isolément. Le modèle qui se dessine est donc organique : des chaînes de valeur qui sont placées dans un processus d’optimisation de leur propre efficacité.

En quelque sorte, nous en revenons au modèle au modèle de santé chinois qui voudrait que l’abonnement au service santé ne soit payé que par les biens portants.

La prospérité vient du toujours mieux et non du toujours plus : un système a un fonctionnement optimisé lorsque chacun de ses organes fonctionne bien.

 

Cette façon de faire prometteuse s’inscrit dans le projet de donner aux entreprises une responsabilité plus large que la simple obligation financière de faire du profit. Elle leur demande de s’inscrire dans une chaîne de valeur tournée globalement vers le toujours mieux.

Les entreprises créées au 20ème siècle ne sont pas conçues pour évoluer dans ce modèle. Leurs dirigeants et leurs collaborateurs, leurs investisseurs et leurs fournisseurs ne le sont pas non plus. Les responsables RSE ont témoigné cette semaine au MEDEF de leurs difficultés.

Mais, imaginons que désormais, pour créer une entreprise, il soit nécessaire de démontrer la cohérence de son projet sous l’angle de l’efficacité globale et que l’entreprise crée puisse régulièrement montrer comment son offre s’ajuste au grès des évolutions de son environnement. Nous obtiendrions en moins de 30 ans un paysage socio-économique complètement orienté vers notre nouvelle vision du monde.

L’idée est brillante, mais nécessite d’être approfondie. Imaginons par exemple ce que cela pourrait donner dans le textile : les créateurs proposent à des distributeurs leurs modèles en précisant les processus de recyclage possibles. A leur tour, les distributeurs proposent ces modèles à leurs clients en fixant les modalités de recyclage. Ces distributeurs pourraient-ils proposer à leurs clients une gestion (totale ou partielle) de leur garde-robe ?

L’idée prometteuse : avec cette approche, nul besoin de pénaliser et d’entraîner les acteurs de la chaîne de valeur à l’évitement des contrôles !

 

L’emploi est une autre question qui dépasse les entreprises

Dans cette approche, il n’est pas spécialement demandé aux entreprises de créer de l’emploi ou de le préserver parce que ce n’est pas son problème : si nos besoins primaires sont bien satisfaits avec moins d’interventions humaines, cela s’appelle du progrès.

Créer le mécanisme qui réoriente le temps libéré vers d’autres activités que des activités productives et néanmoins bénéfiques pour la communauté est une autre problématique.

Séparer ces deux thèmes devient essentiel pour éviter les réflexions biaisées.