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Amérique, Europe : 2 visions, 2 architectures

L’e-Etat estonien repose sur une architecture système qui concentre l’évolution des modes de gouvernance au 21ème siècle et l’accumulation de connaissance européenne en matière de numérique.

Cette architecture est radicalement différente de celle du numérique dit « occidental » (en réalité américain) et de sa réplique chinoise.

L’Homme est ainsi fait qu’il exploite souvent les innovations majeures à des fins militaires avant de les employer dans des usages civils. C’est typiquement le cas du numérique.

Les GAFAM sont l’aboutissement de la chimère du 19ème siècle qui consistait à vouloir devenir le maître du monde. La violence de la dernière guerre mondiale a mis en évidence le fait que conquérir le monde par les armes n’était plus pertinent. Mieux valait le faire via la finance et les instruments d’influence. Les GAFAM ont été conçus dans un but : accumuler de la donnée sur les individus afin de canaliser les masses. Ils ont été réalisés au 20ème siècle, ce qui leur a conféré une architecture centralisatrice et normative, donc mortifère à terme.

Dans la nature, il n’existe pas de concentration de données : l’information est en réseau. D’ailleurs, la concentration des GAFAM commence à toucher ses propres limites en particulier environnementale, mais surtout en termes de confiance. Certains politiques américains se lèvent contre leurs propres enfants terribles, les GAFAM et autres NATU pour dénoncer la confiscation de l’innovation.

 

Pour un modèle européen à la hauteur des enjeux de notre civilisation

La pensée Européenne est radicalement différente. L’Europe est considérée comme le berceau de la démocratie, des droits de l’Homme et du pacte social. son histoire récente fait qu’elle est obligée de développer une forme de gouvernance en réseau. Elle a goûté aux folies des hommes cupides et sanguinaires, mais aussi aux bienfaits de ses grands penseurs. Sur le plan technologique, elle est le berceau du per to per, de l’Open Source et de l’OS linux.

Avant cela, elle a été le berceau de l’ère industrielle. Elle est aussi la première zone géopolitique à aborder la véritable ère post-industrielle avec, par exemple, la fin du charbon et une rotation à 360° de son pilier industriel : l’automobile, qui s’inscrit à présent en tête de l’économie de la fonctionnalité. De ce fait, elle entre dans une forme de société où la création de valeurs immatérielles devient prépondérante. Dès lors, sa compétitivité commence à reposer sur les talents et les savoirs qu’elle enracine sur son sol.

Pour devenir attractif dans un tel contexte, l’état ne doit plus se montrer dominateur, mais pro actif et force de proposition, anticipant les besoins de ces administrés, pour retenir et faire prospérer son patrimoine de savoirs et de talents. Pour cela, il se doit d’être efficace dans ses interactions avec les agents sociaux et économiques non plus en leur imposant ses procédures et sa complexité, mais plutôt en rationalisant le sous-jacent aux besoins et aux usages : les données. Grâce à ces données, il a la possibilité de se doter d’outils favorisant la dynamique sociale, culturelle et économique en anticipant les besoins et leurs évolutions.

 

Les secrets de X-road (French-Road en France)

Au cœur du système, il y a un objet tout simple : un registre des personnes physiques et morales qui constituent la richesse du pays. Ce registre contient les données invariantes de ces individus. Il est tenu par une chaîne de confiance (BlockChain sans preuve de travail, traduction par French-Road) cogéré par différents acteurs, eux-mêmes investis de la confiance des citoyens. Ce registre est indélébile, infalsifiable, fonctionnellement unique et certain.

Vient ensuite tout un ensemble de fichiers qui contient des données thématiques (santé, formation, cadastre …). Aucun nom ne figure dans ces fichiers. Seulement des matricules. Attaquer ces fichiers n’est donc pas très intéressant : que des données monothématiques sans patronyme.

Chacun peut suivre les requêtes qui sont faites sur les données le concernant. Le système averti les intéressés sur les éventuelles requêtes suspectes et peut suivre toutes les sollicitations qui ont été faites puisqu’elles sont historiées dans une sorte de blockchain (sans preuve de travail, donc écologiquement propre[EP1] ).

Cette architecture présente de très nombreux avantages. Quelques exemples :

  • Elle est fondamentalement RGPD « by design » pour l’ensemble des acteurs de la vie publique et privée.
  • Elle réduit de manière drastique le volume de données stockées et transitant sur le réseau.
  •  Elle évite toutes les redondances et donc toutes les erreurs.
  • Les données ainsi fiabilisées et néanmoins anonymisées en mode natif constituent une source de très haute qualité pour alimenter les systèmes prédictifs, en particulier dans les fonctions régaliennes, la santé ou encore la consommation … etc.

Les entreprises peuvent accéder aux données pour rendre des services aux citoyens, mais seulement après avoir obtenu l’accord des intéressés, qui d’ailleurs peuvent surveiller le trafic qui est fait de leurs données. Ceci facilite le développement de startups et le maillage de leurs innovations.

Les citoyens estoniens ont ainsi le plaisir de surfer à leur guise chez les GAFAM avec leurs différents avatars[1] [EP2] … les données qui comptent pour chacun d’eux sont à l’abri … en attendant que des applications plus respectueuses des individus leur soient proposées tels que les emails, les réseaux sociaux, les blogs et les plateformes de service.

 

Une question de volonté plus qu’une question d’argent

Cette architecture, totalement en réseau, ne repose pas sur de la concentration de puissance de calcul ni de fermes de bases de données. Elle nécessite des ressources informatiques quasiment ordinaires et des réseaux fiables. La volonté de sa mise en place repose simplement sur l’acceptation du changement de mode de gouvernance que sur des investissements matériels et des développements logiciels. En effet, le code disponible, développé en partie grâce à des financements européens et en Open source. Cependant effectivement, pour bénéficier des avancées et des passerelles qui permettent de passer de la X-road estonienne à la French-Road française, des développements sont nécessaires, dont une partie sont déjà maquettés.

La stratégie qui consiste à transposer la gouvernance du 20ème siècle, même adapté aux exigences naissantes du 21ème siècle, est une stratégie lente, coûteuse et soacialement douloureuse. Elle ne permet pas de construire le numérique européen dont ont besoin les citoyens et le tissu entrepreneurial.

Les GAFAM ont été construits en 20 ans, la réplique chinoise en 10 ans en partant de presque rien. l’Europe, sur sa base de connaissance et avec une implication de sa population[2] et de ses élus, l’Europe peut construire son propre espace numérique, interopérable avec les espaces du reste du monde.

 

Les compétences disponibles en France

En France, deux associations au moins militent en faveur de la mise en place de cette stratégie numérique.

  • French-Road, La plus connue, s’intéresse aux aspects sociétaux, écologiques, techniques et fonctionnels.
  • Forum Atena, dans son atelier Etat Plateforme s’intéresse aux aspects stratégiques et aux usages.
 

[1] Ceci est une invention de French-Road, un des artefacts qui améliore le modèle,  avec les clés sectorielles dans la carte. Le modèle French-Road est plus développé que celui de l’Estonie, car il prend en compte la doctrine française, l’une des plus aboutie au monde en matière d’architecture système.

[2] Comme l’a montré le succès du Grand Débat National des Think Tanks du numérique du 6/3/19 dernier.


 

[EP2]Ceci est une invention de French-Road, un des artefacts qui améliore le modèle ,  avec les clés sectorielles dans la carte.

Le modèle French-Road est plus fort que celui de l’estonie, caril prend en compte la doctrine française, l’un des plus aboutie au monde