Trop de paramètres empêchent de faire fonctionner notre système comme par le passé. Petit florilèges :

 

 

  • Changement de civilisation

Nous sortons de la sédentarisation, dont le dernier chapitre a été l’ère industrielle. Cette époque aura été centrée sur la satisfaction des besoins primaires du plus grand nombre. Ceci a été fait tentant de dompter la nature. Mais sans totalement y parvenir, l’homme a développé la peur de manquer et donc la volonté de surproduire. Cette surproduction s’appelle le consumérisme dont une frange croissante de la population tente de s’éloigner en adoptant un modèle de société qui vise à produire autrement et à consommer moins mais mieux.

 

  • Force et conséquence du numérique

Le numérique rend cette mutation possible. Mais il bouleverse notre façon de produire : il absorbe les tâches fastidieuses, dangereuses, hypercomplexes ou dégradantes. Il grignote jour après jour les tâches dévolues à la classe moyenne au point de déstructurer la notion d’emplois. Il donne une grande souplesse en matière de créativité et de réactivité des entreprises qui, de ce fait, fonctionnent désormais en mode projet pour pérenniser leur compétitivité. Ceci donne un monde du travail très mobile. Concomitamment, le numérique intensifie les tâches et les rendent impossibles à pratiquer durablement. Ainsi, la notion de métier s’efface au profit de la notion de mission, ce qui impose aux travailleurs la nécessité de formation permanente pour pouvoir se renouveler sans cesse entre deux missions.

 

  • Nouvelles priorités pour les générations montantes

Les générations montantes appartiennent déjà à l’ère de la mobilité. Elles sont de plus en plus ouvertes sur le monde et désireuses de donner du sens à leur vie. En rejoignant le monde du travail, elles imaginent remplir une mission dans la mission de l’entreprise qu’elles choisissent de rejoindre. Mais le modèle sociétal actuel n’est pas calé sur cette aspiration. Il y a divorce entre la jeunesse et le monde du travail. La notion d’entreprise à mission a été conçue pour combler ce malentendu et clarifier les expertises nécessaires, mais pour prendre sa juste place, il va falloir sortir du critère unique de profitabilité.

 

  • Nouveau positionnement du savoir

Le système éducatif a eu pour vocation de préparer les générations montantes au monde du travail industriel et administratif : savoir lire, écrire, compter et obéir. De nouveaux besoins s’imposent : il faut en plus savoir collaborer. Cela implique de se comprendre et comprendre les autres afin de conjuguer les talents et les expertises. Il faut également apprendre à apprendre puisque la mobilité est la manière d’enrichir son patrimoine de savoir et de savoir-faire. Cela est possible puisque le savoir n’est plus une affaire d’élite, mais de capacité à construire un projet personnel qui fait sens au regard des besoins de la société.

 

  • Besoin d’un nouveau pacte social

La société qui se dessine amorce une réaction contre l’incapacité du modèle actuel à répartir de manière acceptable la richesse crée. Mais, indépendamment de cette réaction, elle va poursuivre la dépatrimoinise les individus et les agents économiques. Cela se fait déjà via le développement de l’économie de la fonctionnalité et l’économie servicielle. Un nouveau pacte social devient donc nécessaire. Ceci constitue une opportunité pour reconstruire un vivre ensemble qui permet à chacun de contribuer à la vie socio-économique à chaque étape de son parcours de vie.

 

  • Innover dès à présent

Dors et déjà, les seniors peuvent être opportunément incités à contribuer aux tâches d’accompagnement de l’innovation et de la transmission du savoir. Avec eux, il est possible de passer du monde ancien au monde nouveau, mais cela nécessite une préparation de ces séniors et une adaptation progressive de nos institutions. Elle effet, celles-ci ont été conçues lors de l’avènement des trente glorieuses. Elles se sont déformées au fur et à mesure que la société s’est numérisée et que l’économie devient immatérielle. Elles deviennent de moins en moins efficientes, faute de boussole.

 

Nous avons un vaste chantier de réflexion pour organiser autrement les parcours de vie et repenser les processus de transmission des savoirs.

 

En attendant le développement de cette mutation qui s’annonce longue (3 générations environ), nous pouvons encourager les entreprises de travailler cette notion de mission : la promesse de leur mission et la promesse de la mission qu’elles confient aux nouveaux entrants dans le monde du travail. en agissant ainsi, elle redonnent vie à la mentalité de compagnonnages qui a fait la richesse de la civilisation occidentale.

Par ailleurs, les connectivités locales peuvent innover en mobilisant leurs séniors dans les tâches de mentorat et de transmission des savoirs. Elles peuvent innover en matière de récompenses en s’inspirant des « monnaies contributives ». en agissant ainsi, elle vont acquérir un savoir-faire nouveau et éclairer les réflexions sur la refonte de notre nouveau pacte social.