Sa popularisation

On attribue le mot monnaie au fait que les chefs de guerre romains faisaient frapper des jetons pour les soldats de métier dans la forge attenante à l’autel dédié à la déesse Mona. Les soldats s’en servaient pour se procurer ce dont ils avaient besoin pour satisfaire leurs besoins primaires.

La population les acceptait car promesse leur était faite que ces jetons constituaient des à avaloirs sur le butin rapporté lors de la prochaine campagne militaire.

Bonjour la confiance ! Quelle campagne ? Qui réparti le butin ? Combien de bénéficiaires ?… Malgré ces innombrables questions sans réponse, la monnaie fut un succès : pas sur le critère de la confiance, mais simplement de la commodité et la reconnaissance de l’autorité.

Les chefs de guerre représentaient la force de l’Etat et déjà à l’époque, l’Etat avait le monopole de la violence. Utiliser cette monnaie était un signe de reconnaissance de l’autorité et donc un gage de sérieux dans la transaction négociée.

La monnaie sert à faire des échanges et les échanges ne se passent pas toujours aussi bien que prévu. Il est nécessaire de solliciter l’autorité commune pour arbitrer les différends. L’effigie du chef de guerre sur le jeton rappelait aux cocontractants la tête de l’autorité suprême.

 

Lorsque le système se détraque

La chute de l’Empire romain résulte d’une combinaison de divers facteurs. Comme à présent, il y a eu une pandémie durable et des changements climatiques. Les campagnes militaires ont permis à quelques chefs de se créer des fortunes considérables. Avec ces fortunes, ils ont acheté tes terres et remplacé les paysans par les esclaves ramenés de leurs exploits. Ces paysans se sont agglutinés dans les villes et la classe moyenne s’est effondrée.

Il y a eu également la nécessité de faire face à l’immensité croissante de l’empire. Les problèmes de gouvernance de l’empire et de ses frontières changeaient d’échelle : il fallait redéfinir les règles et reconfigurer les institutions.

La petite caste de privilégiés ne pouvait fournir toutes les ressources humaines nécessaires sur le plan intellectuel et stratégique. Les esclaves ont été mis à contribution, ce qui n’est pas sans rappelé ce que nous vivons avec la montée en puissance des femmes et des ethnies diversifiées.

Tout ceci a été la source de bien des perturbations et les dirigeants ont dû renforcer les armées et les mesures sociales. Ils ont eu recours à la presse à monnaie. Or, la monnaie était très codée en matière de composition. Pour en frapper plus, les métaux les plus précieux ont été réduits.

Alors, au lieu de se concentrer sur la résolution objective du dérèglement du modèle romain, les dirigeants et les citoyens se sont battus à propos de la composition de la monnaie ! Ceci n’est pas sans rappeler les débats actuels sur la numérisation de la monnaie en délaissant les questions centrales de « quelle monnaie pour quel modèle de société.

 

Au-delà de l’autorité

Des solutions ou plus exactement des non-solutions se sont imposées pour aboutir à un effondrement lent mais douloureux de l’Empire romain. Le désordre s’est répendu à travers tout le territoire et nous sommes entrés dans le Moyen Âge. La France s’est hérissée de châteaux forts, seuls remparts aux cohortes de brigands qui exploitaient l’affaiblissement de l’autorité.

Cependant, la monnaie romaine a quasiment traversé le Moyen Âge en cohabitant avec d’innombrables monnaies locales.

C’est la diversité monétaire qui a permis au Moyen Âge de faire face à cette mutation tumultueuse qui se termine en beauté avec la renaissance !

 

Ce que nous pouvons en déduire

Cet épisode de l’Histoire des Hommes donne à penser que gouverner la monnaie est une affaire de pouvoir et que la masse monétaire en circulation n’est pas un sujet aussi central que ne le laissent entendre les cercles de réflexion sur les cryptomonnaies, les monnaies locales et les monnaies complémentaires.

La monnaie est indispensable à la vie des Hommes, tout comme ils ont besoin d’autorité (contrôlée) pour structurer leurs échanges.

La sortie des crises se fait toujours par « le haut », c’est-à-dire avec l’ouverture d’esprit qui permet de poser les vrais problèmes du moment.

 

Conclusion

Pour éviter les périodes obscures, il est préférable de surveiller la nature des mutations en cours et leurs interactions afin de faire évoluer nos institutions avant qu’elles ne deviennent incapables de remplir leurs missions.

La biodiversité monétaire permet de traverser les périodes de mutation et donc nous poser régulièrement la question : « quelles monnaies pour quel modèle de société ».