innovations_sociales_disruptives_jpg.jpg
 

Ce que nous savons

L’idée que nous nous faisons de la retraite n’est plus acceptable : il s’agit de mise à l’écart forcée. Le bénévolat n’est pas une solution stable car les intérêts des acteurs sont trop ambigus.

L’idée que nous nous faisons de la formation est en mutation : accumuler des diplômes n’est plus une protection anti désastre professionnel. Pour les générations montantes, ce qui compte, c’est triptyque : « ce que j’ai fait, ce que je sais faire et ce que je veux faire ». À partir de cette topologie individuelle de motivations en mouvement, la formation devient efficace. Le numérique rend cette approche possible.

L’idée que nous nous faisons de l’emploi change profondément, tant du côté des employés que des employeurs :

  • Les générations montantes, si nous nous référons à la pyramide de Maslow, ne sont plus vraiment préoccupées par leur sécurité matérielle car elles ont le sentiment que les problèmes sont en cours de résolution et relèvent de décisions politiques et assez peu techniques.

Elles sont préoccupées par la notion d’« estime de soi ». Elles veulent réaliser leur vie en développant leurs talents et en accumulant des savoirs. Elles ont besoin de reconnaissance. Ce sont elles qui font que nous baignons dans le 2.0 et ce n’est pas un hasard.

Ces générations ne veulent plus d’un emploi à vie, elles veulent gérer leur parcours, en harmonie avec elles-mêmes, leurs proches et leur environnement.

Elles veulent multiplier les expériences tantôt dans le secteur productif et tantôt dans le secteur contributif afin de vivre pleinement la « vraie vie ».

  • Le tissu entrepreneurial se recompose avec des entreprises qui naissent et qui meurent au gré des conditions économiques, technologiques et sociétales (quelques baleines et beaucoup de bancs de sardines - Job Choc` de Harry Dent). Elles ont besoin de flexibilité tant pour ce qui est des collaborateurs auxquels elles font appel au gré de leurs besoins que pour ce qui concerne les innovations qu’elles choisissent de développer ou d’absorber.

Depuis que le numérique dévore nos emplois, les missions dans le secteur productif requièrent de plus en plus de qualités et d’expérience. Le secteur contributif permet de à chacun de se forger un matelas de compétences vivifié par de la pratique humaine et matérielle.

Cette rapide description, qui parle d’une réalité qui s’installe inexorablement, nous oblige à constater que nous allons vers une volatilité sociale, voulue par les parties prenantes elles-mêmes.

Cette volatilité est mortifère. Elle doit être compensée par de nouvelles formes de cohésions, de nouveaux modes de gouvernance et donc de nouveaux dispositifs sociaux et économiques.

Le système actuel est incapable de récompenser les tâches du secteur contributif alors que le tissu productif lui-même va en avoir de plus en plus besoin : pour avoir des collaborateurs de haut niveau, il faut créer autour un terreau sociétal de haut niveau. Ce n’est pas aux grandes entreprises de le faire, mais aux citoyens eux-mêmes.

 

Des solutions à expérimenter

La priorité : libérer les énergies créatives afin que les énergies destructrices ne prennent l’ascendant. Le système actuel ne s’intéresse pas directement aux énergies créatives, mais simplement aux énergies productives. Or les capacités productives gagnent à être déléguées sur les robots.

Les énergies créatives prospèrent dans les modèles collaboratifs qui ont besoin d’instruments de gouvernance nouveaux que nous devons expérimenter et non plus décrire à l’infini dans d’innombrables rapports « Théodule » :

  • Le revenu de base apporte une partie de la solution en matière de cohésion et de diversification des formes de contributions à la « vie commune ».

Il apporte également une vaste simplification de notre appareil social qui tourne de plus en plus mal au fur et à mesure qu’il est financiarisé.

Enfin, il permet de respecter les temps de la vie, car il permet à chacun d’alterner, au gré de ses opportunités, des activités productives aux activités contributives.

Le revenu de base constitue une innovation disruptive qui mérite des expérimentations. Sans expérimentation, il n’y aura pas de « preuve du concept ». Ces preuves permettent de trouver les limites et les bonnes pratiques.

 

  • Les monnaies complémentaires constituent un instrument disruptif complémentaire qui va permettre de faire cohabiter l’économie productive et l’économie contributive.

En effet, les monnaies devenant numériques, elles deviennent potentiellement intelligentes. Il est donc possible de combiner plusieurs monnaies répondants à différents types d’échanges, ayant eux-mêmes différentes temporalités.

Actuellement, la manière dont nous gérons la monnaie fait penser à un organisme qui n’aurait qu’une seule hormone pour remplir toutes sortes de fonctions ! Dans la réalité, nous n’échangeons pas que des biens et des services. De plus en plus, nous voulons échanger des savoirs, de l’écoute, des idées, de moyens divers … etc. La communauté veut également des outils pour encourager des comportements vertueux afin de réduire les moyens répressifs faces aux comportements indésirables et aux dégâts qui en découlent. La communauté doit avoir les moyens d’encourager ces échanges.

Voilà pourquoi nous avons besoin de monnaies diversifiées et mixables.

La France, berceau historique de la monétique ne semble pas pressée d’expérimenter ces chantiers pourtant captivants.

 

Les partenaires sociaux doivent poursuivre leurs débats car il faut que le système actuel assure le relais avec ce nouveau modèle qui émerge.

Le France développe un vaste focus sur les créateurs d’entreprise en sachant parfaitement que le statut d’entrepreneur est le plus mal protégé des statuts. Les jeunes s’y adonnent en toute connaissance de cause, un peu comme s’ils avaient inconsciemment dans l’idée que le monde va s’adapter à leur choix. Prenons garde à ce que leur énergie créative ne se transforme en énergie destructrice.

Le changement se passe comme cela : ce ne sont pas les acteurs désignés qui le portent, mais les nouveaux entrants. Les acteurs désignés ont le devoir d’assurer le relais, faute de quoi ils deviennent les initiateurs de la décadence collective.

Pour favoriser notre futur souhaitable, lançons les expérimentations dont nous avons besoin.