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Nos élus, dans leur très grande majorité, n’ont jamais « travaillé » dans une entreprise.

Cette anomalie apparente, dénoncée depuis plus de 20 ans et pourtant sans cesse accentuée proviendrait de l’idée, d’origine royale, selon laquelle :

  • L’économie est l’affaire des patrons et des travailleurs.
  • L’état a pour vocation de protéger l’appareil, pas de le faire fonctionner.

Ceci explique l’importance des partenaires sociaux et de l’étrange CESE.

Ainsi, tout naturellement, nos élus et nos hauts fonctionnaires fréquents les syndicats de travailleurs et de patrons. Ils sont unanimes : il faut recréer de l’emploi.

  • Les syndicats de travailleurs ne s’occupent que des salariés. Pour qu’ils aient des membres, il faut que les entreprises embauchent.
  • Mais les syndicats patronaux se plaignent que des tâches, pourtant utiles, ne peuvent être payées au SMIC qu’ils estiment trop élevé.

Alors la solution consiste à laisser les patrons payer des salariés en dessous du SMIC. Lumineux ! ?

Les Allemands et les Anglais pratiquent des formules semblables. Cela choque, mais cela perdure. Les solutions alternatives semblent donc difficiles à mettre en œuvre.

Précision : notre SMIC est plus élevé que ses équivalents voisins en raison du coût élevé » de notre immobilier qui prend une place importante dans les revenus des ménages. Apparemment, nous avons décidé de ne pas baisser ce coût. Il est vrai que la France est une terre de villégiature toute particulière.

 

Avoir un job payé en dessous du SMIC est dévalorisant. Dans ces conditions, le travail est mal fait. Or, les non-conformités coûtent cher dans un processus de production. L’idée semble donc scabreuse.

La prime d’activité va être financée par les prélèvements fiscaux, ce qui donne une impression de redistribution de la richesse : ce que les patrons n’ont pas voulu donner, les contribuables vont le faire, mais la marge réalisée sur cette productivité supplémentaire restera dans l’entreprise.

Si l’emploi est payé à son juste prix, la marge de l’entreprise est réduite. Si la marge est réduite, les investissements sont amputés, à moins que ce ne soit la rémunération des actionnaires qui soit mise à contribution.

Pour créer le futur, il faut faire des efforts. Mais les actionnaires « sans visages » ne sont pas là pour faire des efforts. Ils sont là pour faire du rendement financier. Ce n’est donc pas eux qui vont mettre la main au portefeuille. Alors, nous pouvons prendre notre économie en main en intensifiant notre présence dans les capitaux de nos entreprises. Si nous ne le faisons pas, nous sommes donc potentiellement responsables de cette situation.

Mettons que nous mettions vraiment à être des épargnants patriotes, patients de surcroît. Notre demande rationnelle ne serait pas de monter les bas salaires, mais d’investir dans l’avenir des entreprises. Tout le monde aime travailler dans une entreprise qui a des projets et qui entretien ses capacités de production.

Or, les entreprises qui se modernisent éliminent peu à peu les emplois dangereux, fastidieux et peu valorisants. Nous serions donc des investisseurs destructeurs d’emploi ! Déculpabilisons : de nombreuses études de l’OCDE et du BIT confirment que 45 % des emplois de bureau vont disparaître dans la décennie à venir.

L’emploi salarié devient un concept du passé. La notion de travailleur et de patron tend à fusionner car nous sommes tour à tour patron et travailleur. Nous sommes tous des contributeurs. Il est sain de l’être et il faut donner à un maximum de chance à chacun de l’être à chaque étape de sa vie d’adulte.

Il faut diversifier les formes de contributions utiles. L’appareil productif sait récompenser celles qui sont utiles immédiatement. Il faut donc trouver une solution pour celles qui sont utiles sur le long terme, y compris celles dont nous ne percevrons jamais les bénéfices de notre vivant.

Tous les grands penseurs de l’ère industrielle du 19ème et du 20ème siècle nous ont dit que nous ne « travaillerons » que 20 à 30 heures par semaine à partir du 21ème siècle. Effectivement, depuis que les machines travaillent pour nous, que nous faisons des progrès organisationnels et que nous rationalisons peu à peu notre consommation, le « travail » au sens du 20ème siècle perd sa place d’activité majoritaire, ce qui nous permet de faire d’autres choses, utiles pour notre qualité de vie et pour notre épanouissement et donc finalement utile pour l’attractivité de la communauté.

Le revenu de base sait le faire. Il le fait de façon uniforme, c’est la raison pour laquelle il n’apporte qu’une réponse partielle à notre besoin. Il y a donc de la créativité à développer diversifier les formes de récompenses aux activités diversifiées dont la communauté a besoin.

Le revenu de base a le mérite d’être simple… Mais il réduit considérablement les subsides des syndicats qui sont par ailleurs les gestionnaires des prestations sociales.

Les convaincre semble une tâche difficile. En revanche, nous avons la possibilité de convaincre nos élus qui ont un impact sur le gouvernement. Il faut être assez persuasif auprès d’eux puisqu’ils ne sont pas des travailleurs ni des investisseurs de l’appareil productif.

Les pays voisins, commencent à cesser de convaincre leurs élus : ils créent des partis politiques. C’est une autre voie possible.

Nous avons toute l’année 2016 pour y penser…

 

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(1) Ils sont tournés vers l’immobilier