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La monnaie à présent

Au départ, les hommes ont créé la monnaie pour faciliter les échanges. De fait, une monnaie s’utilise, entre gens de confiance, lorsqu’un contrat a été conclu. La monnaie est donc un bien commun qui favorise les échanges, la confiance, donc la cohésion. Elle est indispensable au processus de création de richesse.

Une communauté s’enrichit lorsqu’elle :

  1. Améliore ses biens et ses services,
  2. Fait des échanges positifs avec ses voisins,
  3. Augmente sa population.

La quantité de monnaie en circulation doit tenir compte, en priorité, de trois paramètres : l’augmentation (ou la diminution) de la population, le progrès et l’inflation.

L’augmentation de la population est une donnée mesurable. L’inflation est une donnée technique maîtrisable, du moins si les 2 autres paramètres sont maîtrisés.

Le progrès est une donnée subjective que nous comprenons intuitivement : nous sommes d’accord pour acheter plus cher un produit meilleur. Le panier Insee tente de suivre cette évolution.

Nous sommes d’accord parce qu’il semble équitable de récompenser celui qui se donne du mal pour bien faire son travail. En s’appliquant, il engendre du progrès dont la communauté profite. Nous ne pouvons pas nous passer de ce mécanisme de récompense.

 

Notre monnaie actuelle repose sur la dette et la dette repose sur la notion de rente. La notion de rente devient obsolète car la création de richesse se fait désormais essentiellement avec :

  • Des talents (qui appartiennent aux personnes),
  • Des savoirs (qui sont un bien commun),
  • Des réseaux relationnels (qui appartiennent à la communauté).

Fabriquer de l’argent avec de l’argent est inefficace. Or, les systèmes devenus inefficaces sont voués à la disparition brutale ou lente selon leur emprise durant le passage du passé au futur. Notre système monétaire est donc destiné à évoluer ou du moins à se diversifier car les nouveaux besoins arrivent en sur-ensemble des besoins anciens.

Concrètement, les progrès sont faits avec un nombre réduit de personnes : ceux qui financent, ceux qui conçoivent et font fonctionner les robots. Notre modèle de société ne fonctionne donc plus tout sur le modèle agraire où la quasi-totalité de la population était mobilisée pour protéger et cultiver la terre.

Avec l’ère industrielle, nous avons transféré les ressources humaines des champs vers les usines puis dans les bureaux. Le salariat était la norme. Notre pacte social était articulé autour de cette idée.

Ainsi, l’argent prêté aux entreprises et aux particuliers ruisselait à travers les salaires dans l’économie. Nul besoin du « Quantitative Easing  » pour faire tourner la machine, le progrès et la démographie assurant au mécanisme la dynamique dont il a besoin.

 

Le tissu social à présent

Nos comportement évoluent :

  • Nous voulons consommer moins mais mieux.
  • Nous créons des entreprises peu capitalistiques (au départ) et nous revalorisons notre patrimoine immobilier.
  • Notre démographie est en berne.
  • Le salariat n’est plus le mode de ruissellement économique puisque les entreprises se développent en mode projet, exposant ainsi les citoyens à l’instabilité sociale et financière.

 

L’humanité fait de gigantesques progrès dans de nombreux domaines (santé, éducation, mobilité, gouvernances…). Mais, bien que conçus et maternés dans le tissu des startups, ces progrès sont agrégés dans les mastodontes financiers, dont le pouvoir réel est dopés à la data.

En effet, avec ces datas, les mastodontes accaparent le potentiel d’influence et créent de la dissymétrie dans les relations : le travailleur, consommateur citoyen est finalement soumis, ce qui est contraire aux principes de liberté chers aux libéraux et à toutes les autres idéologies éprises elles aussi de liberté.

 

Un scénario très numérique est en route, sans débat

La Silicon Valley est au cœur de cette évolution sociétale qu’elle contribue à faire émerger. Elle anticipe à sa manière : elle expérimente une société composée idéalement de citoyens et d’entreprise. Celles-ci se considèrent plus puissantes que les états eux-mêmes en raison de leur connaissance de la population. Elles ont besoin de clients, de collaborateurs et de monnaie pour sceller les échanges. Ce n’est donc pas un hasard si les technologies liées aux monnaies numériques y sont en pleine effervescence et qu’une expérimentation du revenu de base y débute.

Le scénario suivant est déjà écrit : lorsque les technologies et les procédures seront fiabilisées, les entreprises de la Silicon Valley proposeront leurs outils efficaces de circulation et de régulation de la monnaie aux citoyens et aux entreprises. Aucun état n’y résistera, avec sa monnaie d’une autre époque et son pacte social obsolescent. Par une stratégie d’encerclement les monnaies officielles seront reléguées aux fonctions de redistribution (fiscalité et aides) auprès des « enfants de GAFAM » (avec ou sans MicroSoft).

 

D’autres scénarios sont aussi possibles

Ce scénario nous amène à poser autrement notre problème de distribution des instruments d’échange : le monde n’est plus à conquérir, mais à séduire. Pour séduire, il faut accumuler des talents et du savoir et que pour y parvenir, il faut que nos concitoyens y consacrent du temps.

Puisque le secteur productif (primaire, secondaire et tertiaire) utilise de moins en moins de ressources humaines, alors, la communauté peut réorienter ces ressources humaines vers cette nouvelle forme de valorisation des biens communs. Elle doit cependant utiliser un autre canal que celui du monde productif pour favoriser les échanges. Elle doit donc compléter ses instruments monétaires et son pacte social.

Le revenu de base s’impose comme une bonne formule de départ : il s’agit de donner à chacun les moyens de s’assumer suffisamment bien pour avoir les moyens minimums de contribuer à l’enrichissement des savoirs et à la révélation de talents. Il s’agit aussi de favoriser l’enrichissement permanent des biens communs, dont la démocratie qui doit être un acteur responsable de la masse monétaire en circulation.

Elle agit en fonction des variations de la démographie. À cet égard, la TRM (théorie relative de la monnaie) peut servir de base de travail par exemple.

Reste à intégrer la notion de progrès / régression et de récompense des comportements vertueux (qui eux-mêmes agissent directement sur le progrès). La monnaie que nous connaissons a été conçue pour échanger des biens et des services « produits », pour lesquels un marché fixe un prix. Or, les récompenses pour comportements vertueux ne se marchandisent pas car ils seraient immédiatement dévoyés. Ce sont donc d’autres monnaies qui vont être nécessaires. Des monnaies démocratiques et non plus utilitaires qui donnent accès à des récompenses sociales définies par la communauté.

Nous allons donc avoir besoin de plusieurs monnaies et cela semble bien naturel : notre organisme utilise plusieurs hormones pour fonctionner. Ces monnaies doivent être conçues avec des clefs d’interopérabilité puisque leurs effets sont eux-mêmes interopérables. Voilà pourquoi nous allons passer inexorablement aux monnaies intelligentes et vers un revenu de base composite (local, basé sur des monnaies à la fois capitalistiques et contributives).