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Les riches d’hier et de demain

Pour comprendre les valeurs d’une civilisation, il est important de comprendre ce que font ses riches.

Durant le 20ème siècle, les riches étaient les entrepreneurs. Ils choyaient les ingénieurs et fermaient les yeux sur les comportements « légers » de la classe politique, dont ils faisaient indirectement partie.

Les banquiers ont longtemps soigné leur discrétion, mais ils ont fini par être visibles à cause de leurs rémunérations de plus en plus gigantesques.

À présent, la dominance se déplace vers les exploiteurs de data (dont les GAFA) : la data, combinée à l’intelligence artificielle, permet de devenir incomparablement efficace. Elle permet d’être prédictifs, préventifs et curatifs, avec une précision qui ne va cesser de s’améliorer. Elle permet aussi de cibler les gêneurs de l’ordre public ou de la pensée recommandée.

La manipulation des individus, mais aussi des cohortes d’individus, devient un enjeu stratégique pour gouverner et pour se protéger.

 

Les nouveaux détenteurs du pouvoir

La data devient donc (plus que jamais) un instrument de pouvoir pour celui qui est équipé en conséquence.

Pour cela, il faut rassembler simultanément 3 éléments :

  1. le volume de data,
  2. les équipements pour les brasser,
  3. les hommes capables d’en extraire le meilleur.

Actuellement, seule la Chine et surtout les USA se s’équipent en conséquence. Certes, l’Europe, possède les mathématiciens et des informaticiens capables de faire parler les données en masse, mais son le développement numérique, longtemps entravé, peine à prendre son autonomie en matière de fabrication d’équipements et cède sans concession ses data.

Ainsi, plutôt que de perdre son temps à faire croire aux citoyens européens, incrédules, que la sortie de l’€ sera la seule manière de reconquérir le pouvoir de disposer d’eux-mêmes, il serait plus judicieux de regarder comment s’équiper pour assurer son autonomie décisionnelle.

Nous avons trois handicaps.

  • Le premier est technique : il serait préférable que nous disposions de notre autonomie technologique pour tout ce qui concerne le stockage et le traitement des données en masse. Nous pouvons combler cela au niveau européen.
  • Le second est contractuel : pour le moment, nos citoyens et nos acteurs économiques cèdent aux GAFA les données qui leur permettent d’agir sur nous. Le minimum serait d’encadrer cette pratique.

 

Les Gaulois du 21ème siècle

  • Le troisième est corporatiste : le croisement des données soulève les débats sans fin, chaque collecteur estimant que l’accès aux données des autres serait une manière d’être plus efficace, mais que ces données sont trop sensibles pour être mises sur la place publique.

Ce dernier débat est dérisoire et passe à côté de l’essentiel. À quoi cela sert-il de surprotéger les données personnelles alors que, par exemple, Google vend aux assureurs ce dont ils ont besoin pour parler à certains de leurs clients.

En revanche, est-ce bien normal d’ouvrir les données publiques, certes agrégées, à tous, sans aucun contrôle de l’usage qui en est fait ?

Les données personnelles doivent être communiquées avec l’accord du détenteur et de manière restreinte à l’usage aux effets attendu. Il en va de même pour les données agrégées.

 

La donnée, source de vie

La vie passe toujours par l’échange de données entre les êtres. En se dirigeant vers une société qui reconnaît la donnée comme une richesse, nous franchissons une étape dans la maturité collective : l’écoute amène la compréhension et la compréhension amène l’efficacité.

L’Europe dispose d’un terreau culturel qui lui permet d’avoir une longue pratique de l’éthique. Elle est donc prête pour désirer exploiter cette nouvelle richesse.

Contrairement à ses deux challengers, les USA et la Chine, elle en a une approche plus organique de sa gouvernance. Or, justement, les objets connectés, qui vont soudain décupler notre potentiel de connaissances, incitent à des organisations, non plus centralisées, mais en réseau et donc plus adapté à la pensée européenne.

Alors, ces réseaux de données façon Européenne, on s’y met pour de vrai ?