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Dans 30 ans, avec ou sans guerre

Avec ou sans guerre, nous passons inexorablement d’une industrie linéaire à une industrie circulaire. Certes la bien-pensance écologique sert de moteur à cette transition, mais il y a aussi une raison géopolitique.

L’industrie occidentale résulte d’une accumulation de savoirs ainsi que d’une mobilisation humaine et financière considérable.

La dernière guerre mondiale a démontré que les actions militaires ne sont pas la bonne voie pour prendre la maîtrise d’un territoire. Les guerres économiques sont perçues comme préférables. Elles évitent de détruire les infrastructures et limitent les traumatismes dans la population… Du moins c’est ce que certains ont cru.

La mondialisation, telle qu’elle s’est développée à la fin du 20ème siècle résulte de cette croyance : le $ a été imposé comme LA monnaie dans les échanges internationaux et les multinationales, devenues progressivement transnationales, ont déporté leur production dans les pays à bas coûts.

Nous arrivons au bout de cette stratégie car elle fragilise le système monétaire mondial. En particulier, les liquidités en $ accumulées dans la Golf et en Asie décrédibilisent la confiance dans cette monnaie.

Des foyers de violence se créent. Ils engrendre de la radicalisation. Or, la radicalisation détruit. Il est donc préférable de l’éviter. En particulier nous pouvons chercher à faire émerger un vivre ensemble plus adapté aux changements qui se présentent à nous. Qui dit changement, dit opportunité.

Ce sont les hommes et les femmes de bonne volonté qui vont trouver et mettre en oeuvre ces opportunités. Donc, avec ou sans guerre nous allons devoir faire évoluer les règles de notre vivre ensemble.

 

L’opportunité : économie circulaire + robots + big datas

L’économie circulaire a pour objet de produire le plus possible à partir des énergies et des ressources disponibles localement, non pas en extrayant sans cesse des ressources, mais en les recyclant le plus possible.

La robotisation a pour objectif de mutualiser au maximum les interventions humaines dans la production de biens et de services.

Les Big Datas ont pour objectif de prévoir et d’anticiper les besoins.

En combinant ces trois concepts, il est possible de rapatrier la production de biens et de services au plus près des consommateurs.

Ce changement de stratégie des pays dits « développés » est fondamental pour les pays à bas coûts. Il n’a pas pour objectif de recréer de l’emploi en occident, mais de refonder les relations devenues déséquilibrées entre les continents, au fur et à mesure que les pays s’approprient les savoirs qui ont fait la domination occidentale.

Il s’agit aussi d’alléger les dépenses de matières premières au fur et à mesure que les coûts d’extraction croissent suite à l’élévation du niveau de vie dans les pays exportateurs.

 

Les nouveaux critères de compétitivité

Ainsi, nous allons produire la juste quantité avec le moins de ressources possibles, en particulier pour ce qui concerne la main-d’œuvre.

Nous n’avons pas le choix. Les pays qui tarderont à s’inscrire dans le mouvement vont perdre toute compétitivité et donc toute attractivité et donc toute espérance de vivre son époque.

Or, dans ce monde de plus en plus technologique, la compétitivité des nations se joue non plus sur sa capacité à inonder les marchés avec ses produits, mais au contraire à rendre rare ses produits d’excellence. La compétitivité repose donc sur leur capacité à accumuler des savoirs et des talents.

 

Vers le coût marginal zéro

La structure des prix va donc se modifier.

S’il est désormais possible de produire une paire de baskets pour moins de 5€ à qualité au moins égale, son prix baisse inexorablement parce qu’il y a toujours un acteur prêt à réduire sa marge pour gagner des parts de marché.

Tous les biens manufacturés et une bonne partie des services vont connaître cet effondrement.

Si les prix s’effondrent, notre fiscalité s’effondre aussi. Notre pacte social ne tient plus la route. Notre vivre ensemble devient déliquescent.

 

Besoin de nouveaux outils d’échange.

Notre monnaie actuelle est appelée « monnaie dette » car elle est émise chaque fois qu’un acteur de l’économie fait un emprunt pour réaliser un projet. Il s’engage à rembourser la somme empruntée ainsi que les intérêts. Au fur et à mesure qu’il rembourse, l’argent créé à travers son emprunt disparaît, mais pas l’argent lié aux paiements des intérêts. L’argent correspondant au remboursement des intérêts est pris sur une dette créée lors d’un autre emprunt. C’est ainsi que notre modèle actuel nous invite à produire toujours plus des biens et des services ou toujours plus chers s’il est possible d’élever la qualité et le service.

Nous sommes en train de casser cette spirale. Ceci fragilise de notre système monétaire et nous oblige à repenser notre monnaie.

Jusqu’à présent, celle-ci a servi à échanger des biens et des services. Nous avons été capables de donner une métrique à chaque chose échangée à travers de la monnaie.

Mais nous n’échangeons pas que des biens et des services. Les hommes ont deux problèmes distincts :

  • Assurer leurs besoins physiques et physiologies à court terme, c’est ce que font le système productif et le système régalien.

 

  • Satisfaire leur désir de développer le bien commun à long terme : la famille, les savoirs, les innovations la démocratie et la spiritualité.

 

Pour le moment, le système n’est outillé que pour servir le court terme. Cependant, depuis plus de 6 000 ans, le Sapiens qui est en nous, a tout fait pour se libérer du court terme. C’est l’étape qu’il est en train de franchir. C’est désormais le long terme qui l’intéresse désormais.

Ceci est visible auprès des générations montantes à travers le monde : elles ne veulent pas posséder tout et n’importe quoi, mais seulement disposer de ce dont elles ont besoin au moment où elles en ont besoin. En revanche, elles veulent absolument donner du sens à leur vie.

Ces générations vont donc inventer les outils d’échange qui correspondent à cette nouvelle aspiration.

Le mouvement est en marche à travers les bitcoins. Les bitcoins sont aux monnaies mathématiques (crypto-monnaies) ce que le minitel a été à l’Internet : une expérimentation à grande échelle. Il s’agit de tester la robustesse de la technologie blockchain.

Cette technologie devrait permettre de développer des monnaies de nature différentes, correspondant à des échanges eux-mêmes de nature différentes tout en étant interopérables les unes avec les autres.

Ainsi, il va être possible de récompenser les tâches dédiées au bien commun tout comme nous avons récompensé jusqu’à présent les tâches dédiées aux activités productives et régaliennes.

C’est à travers l’apparition de ces monnaies que nous allons donc pouvoir réorienter le temps libéré par la nouvelle révolution industrielle vers les tâches dites « contributives » et en particulier, celles dites empathiques, c’est-à-dire celles qui permettent de réduire les conflits et prendre soin des personnes qui ne peuvent être traitées correctement dans le secteur marchand avec des notions de gains et de profitabilité classiques.

 

Le bon timing du revenu de base

Le revenu de base est un sujet très ancien et récurrent qui tourne autour du dilemme selon lequel certes, le bien commun se partage, mais celui qui se donne la peine de le transformer pour le rendre plus efficient auprès de ses congénères doit en être récompensé.

Abordé sous cet angle, le problème est confus si bien que personne ne se préoccupe de le traiter. En revanche, si nous prenons conscience que dans le monde vers lequel nous tendons, ce ne sont plus exclusivement les talents de l’ingénieur, du financier ou du politicien qui font la richesse de la communauté, mais au contraire la diversité des talents et la diversité des échanges, la communauté comprend rapidement qu’elle doit donner sa chance à chacun et, en retour de lui demander de s’impliquer dans l’amélioration constante du bien commun.

Cette idée est impensable dans le système actuel qui préfère accorder des pensions et des indemnités à ceux qu’elle écarte du système productif et qui laissent le secteur contributif se gérer tout seul tant bien que mal.

Mais si la communauté prend conscience que sa compétitivité dépend de sa capacité à faire émerger des talents, de favoriser la circulation des savoirs ou encore d’encourager l’innovation, alors, l’idée de partager une partie de la richesse créée grâce au bien commun devient une évidence.

Aujourd’hui, plus aucune startup ne naît ex abrupto depuis la cuisine d’un staruper. La communauté s’implique de plus en plus dans le renouveau de notre tissu entrepreneurial et cela va aller en s’intensifiant.

Si cela nécessite un jeu de monnaies approprié.

 

Condition de succès

Pour le moment, ces sujets sont traités de manière militante en Europe, mais de manière stratégique aux USA, notamment.

Nous devons sortir de cet archaïsme et mobiliser nos ressources créatives et politiques pour dessiner notre propre vision et nos propres instruments de gouvernance.