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Ils ont déjà fabriqué demain

Ce n’est pas le numérique qui change notre civilisation. C’est parce que nous nous avons de nouvelles aspirations que nous changeons de civilisation : nous sommes désormais prêts à déléguer aux robots la satisfaction de nos besoins physiques et physiologiques, de manière à nous consacrer à nos activités préférées, c’est-à-dire celles liées au social, à l’innovation, à la démocratie et au spirituel.

 

Il n’en reste pas moins vrai que nous changeons de civilisation, puisque nous remplissons les 3 conditions reconnues par les historiens et les anthropologues, à savoir : le changement de source d’énergie, le changement de mode de communication et la remise en cause d’un ou plusieurs textes fondamentaux.

Ce qui est remarquable, c’est que le changement de source d’énergie et de mode de communication s’opère dans un élan commun de maîtrise de la notion de réseau. C’est d’ailleurs sur cette notion de réseau que se refonde notre modèle social.

 

Une civilisation qui comprend la place de l’information

Pour ce qui est des textes fondamentaux, nous pouvons parler du livre de la genèse dans lequel Dieu dit à l’homme qu’il trouvera dans la nature tout ce dont il a besoin. Mais, l’Homme n’avait pas compris le mécanisme de réciprocité : il a abusé de la nature. C’est ainsi que nous avons à repenser notre rapport à la nature.

Mais, plus profondément, à travers les vulgarisations scientifiques, notamment à propos de physique quantique, nous apprenons que le monde est plus compliqué que nous l’avons imaginé jusqu’à ce jour. Nous prenons conscience du mécanisme d’évolution de notre univers dans lequel tout est lumière et information comme nous l’explique Brunor dans sa série de BD « les indices pensables ».

Nous prenons conscience que nous sommes en réalité des êtres « quantiques », c’est-à-dire en interaction avec le monde à travers des ondes.

À présent, à ce nuage d’ondes, nous ajoutons progressivement un nuage de données numériques. Ces données font partie de notre intimité et, en même temps, du bien commun (y compris après notre mort). Car, exploitées de manières agrégées, elles permettent de rendre nos systèmes économiques et sociaux prédictifs et préventifs, donc optimisés. C’est d’ailleurs autour de cette innovation majeure que se restructurent nos institutions, dont nos monnaies et notre pacte social.

 

Le coding, indispensable pour acquérir une vision systémique

L’homme, comme tous les êtres vivants, possède 5 sens ainsi que le langage et l’écoute, auquel nous avons ajouté d’autres facultés qui nous permettent de bâtir des projets toujours plus complexes : la lecture et l’écriture, les chiffres et les mathématiques et à présent le coding.

Le coding devient un savoir parmi les fondamentaux de la compréhension. Alors, il fait son entrée dans le système scolaire. Mais, il ne s’agit pas seulement de démystifier auprès des enfants la réalité des ordinateurs. Il s’agit surtout de maîtriser les notions de processus et de systémique.

La plupart d’entre nous savent lire et écrire. Seulement certains en font un métier (les journalistes, les écrivains), mais tous utilisent l’écriture pour échanger. De même, tous les humains ne vont pas devenir des informaticiens, mais tous vont utiliser le numérique pour agir sur notre environnement physique et social.

Les métiers liés à l’informatique ne cessent de se diversifier : lorsque nous avions développé en France le minitel (années 80), les informaticiens étaient à la fois ceux qui faisaient le design des services, qui codaient, qui remplissaient les bases de données et qui exploitaient les messages collectés. Aujourd’hui, le CIDJ identifie déjà 79 de métiers.

La diversification se poursuit, comme elle s’opère dans tous les métiers et donc la population des métiers liés au numérique va devenir prépondérante.

 

La loi et le code : une affaire démocratique

Mais pour les métiers liés à l’informatique, c’est-à-dire le traitement des données, donc liés aux mécanismes de la vie, nous allons devoir réfléchir à la mise en place d’une autorité de régulation.

Actuellement, les médecins, les avocats ou encore les experts-comptables sont affiliés à un ordre qui leur donne le droit d’exercer ou pas leur profession. Pour des raisons historiques, les informaticiens n’en ont pas alors que leur capacité de nuisance potentielle ne cesse de croître.

Actuellement, la question se pose en ces termes : « Code is Low ? » Légalement NON, pratiquement OUI. Alors, je trouverai correct que notre profession se responsabilise elle-même, sans que nous attendions un drame fatal au niveau d’un pays ou de la planète.

 

Des informaticiens engagés

Enfin, les informaticiens pratiquent un métier qui les place au cœur des innovations qui changent nos vies. À ce titre, ils ont leur mot à dire sur l’évolution du monde.

Mais pour cela, il faut qu’ils s’engagent dans les débats. En effet, ce métier, surtout lorsqu’il est pratiqué à haut niveau, est extraordinairement consommateur d’énergie intellectuelle. A tel point qu’il est rarement pratiqué durant une carrière entière, laissant la possibilité d’avoir d’autres activités.

Nous avons choisi ce métier parce que nous possédions une capacité naturelle à penser le monde de manière systémique. En le pratiquant, nous décuplons cette capacité. Or, celle-ci devient essentielle pour comprendre et faire comprendre les progrès qui nous mènent vers un monde plus mature.

Par exemple, le modèle hiérarchique, que nous pratiquons depuis plus de 10 000 ans, ne fonctionne plus. Nous nous dirigeons vers des organisations de type organique où la pensée systémique devient la clef pour comprendre et pour agir.

Ainsi, pour chacun informaticiens, il y a une vie après le coding : celle qui consiste à contribuer à ce que notre civilisation devienne plus nuancée et donc plus humaine.