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Le banquier mal aimé et mal cadré

Tandis que nos banques croulent sous les réglementations, les nouveaux entrants en matière de « tiers de confiance » disruptent leur futur marché.

Dans notre imaginaire, le banquier est l’homme de confiance qui nous aide à gérer nos économies et qui accompagne la création de projets. Dans la pratique, c’est celui qui applique des règles et qui n’a pas beaucoup de moyens pour encourager nos concitoyens à prendre des initiatives.

Les clients se substituent de plus en plus aux employés de la banque, à travers des applications accessibles sur Internet. Ces applications sont médiocrement pertinentes. Elles ne donnent pas de conseils et les services qu’elles rendent sont très élémentaires : les banques en lignes existent depuis le minitel, soit depuis 30 ans, sans enrichissement significatif.

Et pourtant, les besoins de leurs clients évoluent. Leurs vies deviennent de plus en plus multiples et la gestion de leur patrimoine de plus en plus complexe.

Les moyens de paiement évoluent dans les journaux qui parlent d’avenir, mais pas dans la vie quotidienne des Français.

Pendant ce temps-là les Africains passent aux paiements sur téléphone mobile, les Américains du Sud aux monnaies complémentaires. Les Gafa s’immiscent dans les échanges entre les individus et les entreprises en se rendant toujours plus utiles. Leur recette : rendre chacun toujours plus efficace dans ses échanges, qu’ils soient marchands ou non marchands.

La nouveauté est là : les échanges que nous voulons acter ne sont plus nécessairement marchands, ils prennent d’autres formes. Nous échangeons par exemple du savoir ou de la bienveillance ou encore de l’énergie collaborative pour innover … Alors, la communauté doit pouvoir être capable de nous encourager dans ces actions qui œuvrent en faveur du bien commun. Elle doit le faire parce que cela est bon pour sa compétitivité.

Alors à quoi va ressembler le rôle de tiers de confiance entre l’État souverain et les agents économiques ? La réponse n’est pas encore disponible, mais nous avons tous intérêt à contribuer à ce vaste chantier si nous voulons rester maîtres de nos vies.

 

Le photovoltaïque face aux nouveaux modes de vie

Tandis que les politiques en faveur de l’énergie photovoltaïque se mettent en place, les surfaces dédiées à cette forme de production d’énergie tendent à disparaître.

Le voltaïque représente actuellement 28 % des énergies renouvelables dans le monde. Les progrès sont encourageants et la réglementation pas encore trop contraignante. Mais, voilà : deux ombres pèsent sur le sujet :

  • D’une part, les terres rares nécessaires à la fabrication sont sous contrôle chinois, sans qu’il soit possible pour le moment de s’en passer.
  • D’autre part les surfaces visées sont en voies de disparition :
    • Les toits des bâtiments dédiés à la logistique qui vont disparaître au fur et à mesure que se mettent en place les circuits courts ainsi que l’économie circulaire et de la fonctionnalité ?
    • Les toits des grandes surfaces qui sont actuellement en perte de vitesse pour différentes raisons, en particulier face au désir de retour aux centres-villes animés.
    • Les toits des parkings en plein air qui sont appelés eux aussi à disparaître avec le développement des voitures sans chauffeurs communautarisées.

Cette réalité amène à des investissements toujours contestables et pourtant nécessaires. Ceci remet en cause l’idée de rentabilité du bien commun. Les grandes manœuvres de ce type ont toujours été réalisées en sortant de la problématique strictement capitaliste. Nous sommes donc bien contraints de repenser notre système d’investissement dans le bien commun.

 

Les nouveaux travailleurs ne sont plus salariés

Tandis que les gouvernements cherchent à « adapter » le Code du travail, les exclus du salariat deviennent les réels espoirs de la refonte de la notion de « travail ».

Le tissu entrepreneurial se recompose sur des principes laissant une part croissante à la notion de réseau par opposition à la structure pyramidale antérieure basé sur les grands comptes et leurs sous-traitants.

Ces entreprises d’un genre nouveau ont en commun le fait de travailler en mode projet et en mode essai-erreur. Pour cela, elles mixent volontairement sans cesse des salariés et des intervenants extérieurs.

Actuellement, les non-salariés représentent 1/3 de la population en âge de travailler et cette catégorie ne cesse de croître inexorablement.

Cette forme de tissu entrepreneurial est destinée à être plus réactif et moins vulnérable. Mais pour favoriser son développement, il faut faire évoluer considérablement notre pacte social : si celui du 20ème siècle encourageait la fidélité à l’employeur, celui dont nous avons besoin à présent doit encourager la mobilité. Il doit inciter chacun à se former, mais aussi à investir dans ses outils et dans sa visibilité.

Le système actuel fait tout le contraire : les autoentrepreneurs sont taxés sur leur chiffre d’affaires et non leur marge. Quant aux autres exclus du système salarial, rien ne les encourage particulièrement à se moderniser, ce qui fait que nos artisans, nos commerçants et nos professions libérales sont encore insuffisamment équipés et préparés à affronter les disruptions qui s’en prennent à leur existence.

Singulièrement, nos élus investissent du temps dans la protection du salariat, du CDI en particulier, alors que ni les employeurs, ni les salariés éventuels ne sont demandeurs. De ce fait, le terreau de notre tissu entrepreneurial reste pauvre et lent. Il serait préférable de se concentrer sur le statut de cette classe grandissante et désireuse de contribuer activement au renouveau de notre patrimoine commun.

 

Finance et extrafinance

La finance est encore à ce jour le nerf de la guerre, mais elle ne semble pas destinée à penser son propre renouveau alors qu’il est désormais acquis que ses fondamentaux sont appelés à être refondés dans la mesure où le design du système monétaire ne correspond plus aux besoins d’échanges qui lient les Hommes et les communautés entre eux : nous donnons de plus en plus d'importance aux contributions destinnées au bien commun. Nous avons besoin de témoigner de la reconnaissance à ceux qui ont des comportements vertueux, voir même courrageux.

La finance se débat dans des situations de plus en plus paradoxales et donc ingérables. Alors, stabilisons aussi bien que possible le passé et concentrons-nous sur les opportunités du futur et les outils pour les développer.

Qu’est-ce qui nous empêche de nous doter d’outils pour favoriser les échanges extra-productifs ?

 

Besoin de la réflexion multiculturelle des think tanks

Tout est donc paradoxal dans cette période de mutation : nos institutions s’occupent du passé et peu de l’avenir. Elles tentent de limiter la casse face aux initiatives innovantes venues d’ailleurs.

Elles sont leurs excuses : pour percevoir la nécessité de s’inquiéter de l’avenir, il faut savoir résister à la pression du quotidien, avoir un œil dehors et accepter en son sein des profils variés aux parcours variés.

Ces postures, il faut s’y astreindre soi-même car ce ne sont pas nos voisins qui vont le faire à notre place.

Certes, actuellement, l’exercice est particulièrement délicat. Puisque tout bouge en même temps. Alors seule la réflexion multiculturelle permet le travail d’anticipation complexe. Mais qui s’en préoccupe actuellement ? Pas les universitaires ni les ministères qui fonctionnent traditionnellement en silo.

Seuls les think tanks savent le faire, mais qui les soutient à part des sponsors privés… ?

 

Exemple de chantier : les externalités des chaînes de valeurs

Les entreprises sont organisées et gérées autour de leur « chaîne de valeur », c’est-à-dire leur marge (prix de vente – ensemble des coûts). Seuls les coûts internes à l’entreprise y sont pris en compte. Or, tout ce qui entre dans la fabrication d’un bien ou d’un service provient d’une création extérieure qui a sans doute des effets négatifs ou positifs sur l'environnement. De même, les déchets (matériels et immatériels) consécutif à la production puis à  l’utilisation du bien et du service représentent un coût et éventuellement un gain, selon la manière dont les composants ont été conçus, distribués et éventuellement recyclés.

Ces coûts et ces éventuels gains externes ne sont pas pris en compte, ce qui fausse notre modèle sociétal.

Par exemple, un salarié mal payé crée des coûts sociaux. Un produit difficile à recycler crée un coût environnemental. Un produit toxique crée sur le long terme des coûts sanitaires… etc.

Or, l’intégration des coûts externes devient un casse-tête sans fin, surtout si l’on considère que certains effets négatifs apparaissent au bout d’un certain temps. Les tentatives sur le carbone et quelques autres gaz à effet de serre ont montré l’ampleur de la tâche.

Et pourtant nous voyons bien que nous ne pouvons pas continuer à ne nous intéresser qu'au profit à court terme et ignorer le long terme.

Ce n’est pas parce que ce chantier est complexe qu’il ne faut pas l’aborder. Manifestement, il faut l’aborder avec un angle nouveau. Il va falloir être créatif et écouter les ingénus.