externalites_negatives.jpg
 

Score des modèles du 20ème siècle : zéro à zéro

L’économie planifiée identifie les besoins de la population et réparti le travail entre les citoyens pour que ceux-ci puissent être satisfaits. Cet idéal n’a jamais atteint sa promesse.

La vie n’est finalement pas très planifiable et les individus ne veulent pas que leur vie soit cadrée par une succession d’injonctions. Privés de capacités d’initiatives, les citoyens ont fonctionné en mode « service minimum », se privant les uns les autres de produits innovants, délivrés de manière circonstanciée. Face au manque de résultat, les dirigeants ont eu recours à la force, donnant une image déplorable de ce modèle.

 

L’économie libérale part du principe que le marché se régule entre l’offre et la demande. Chacun est libre de contribuer au développement du marché en proposant des produits innovants, disponibles au bon moment au bon endroit.

Cependant, pour entreprendre, il faut de l’argent. C’est donc celui qui distribue la capacité d’investir que décide. Son critère est simple : les projets qui rapportent de l’argent, même si les GAFA commencent à ajouter l’idée que cela doit être utile (ce qui est une évidence a priori).

Ce modèle présente un inconvénient majeur : il concentre l’argent et propage la pauvreté, ce qui donne des crises financières à répétition. Or, ces crises s’accélèrent et leurs amplitudes deviennent inquiétantes. Il y a donc urgence à s’atteler à traiter ce problème de crises.

 

L’innovation : les externalités négatives des activités productives

Par « externalités », il faut entendre les effets négatifs ou positifs, à court ou à long terme, localement ou mondialement, des activités humaines, dont les activités industrielles.

L’économie planifiée et l’économie libérale ont été pensées au 19ème siècle, à la veille du développement spectaculaire de l’ère industrielle. Faute de repères, les penseurs ont travaillé en se disant qu’une usine, en termes de capacité de production, pouvait s’apparenter à un champs, si ce n’est qu’elle produit des biens au lieu de produire des végétaux utiles.

Avec l’agriculture, l’Homme avait un peu transformé la nature. Avec l’ère industrielle, sa capacité à la transformer s’est décuplée. En particulier, la recherche d’efficacité s’est faite en surconsommant les ressources terrestres, y compris humaines, et en négligeant la manière de recycler ces ressources. C’est ainsi que la réparation des dommages est mal prise en compte dans le modèle économique. De fait, le slogan « pollueur, payeur » ne parvient pas à devenir une réalité.

Les externalités des chaînes de valeurs, qui permettent de produire un bien ou un service et d’en assurer le recyclage le plus parfait possible, n’a pas été jusqu’à présent dans le champs de vision des économistes, des législateurs et des producteurs.

Or, nous sommes tous des pollueurs, certains identifiable mais pas responsable et inversement. L’application du pollueur payeur est un casse-tête dans l’économie libérale et dans l’économie planifiée.

 

Au-delà des utopistes d’un monde serein

Edweard Bellamy au 19ème siècle et, après lui Aldus Uxley ont tenté d’imaginer le monde à venir. Ils l’ont pensé apaisé, avec des citoyens disposant naturellement de quoi satisfaire leurs besoins primaires. La vision de l’économie planifiée plane au-dessus de leur proposition ainsi que la notion de gouvernance mondiale.

Or, la notion de gouvernance mondiale fait peur : trop de pouvoir, tue le pouvoir et le transforme en dictature : il n’est pas raisonnable de croire qu’une décision soit bonne pour les quatre coins de la planète. Imposer une décision inappropriée crée de la défiance et sans confiance, les hommes se défient. La nature n’a pas de gouvernance mondiale. Chaque espace de vie pratique, pour être efficace, doit pouvoir contribuer à construire une gouvernance avec les espaces dont il est proche et de proche en proche jusqu’au niveau le plus haut. Il y a donc une autre marnière d’organiser le vivre ensemble de toutes les communautés qui composent l’humanité.

L’idée qui commence à se faire jour part du principe que l’économie doit prendre une forme organique : chacun prend ses initiatives localement et fait des échanges avec ses voisins, c’est-à-dire potentiellement la planète entière puisque technologies de la mobilité ne cessent de réduire les distances et le temps.

Tous les échanges se font en toute transparence quant aux externalités positives et négatives. Les échanges se font donc en toute connaissance de cause et avec la promesse de contribuer à prendre en compte les externalités négatives et positives.

 

L’économie du cerveau droit ET du cerveau gauche

Pour simplifier, le « cerveau gauche » est celui du scientifique et du langage, de la précision. C’est celui qui nous a porté ces derniers siècles car il a permis les inventions technologiques et sociétales.

Pour aller plus loin, nous allons laisser aussi libre cours au « cerveau droit », celui de l’émotion, de l’intuition et donc des envies, de la créativité et du besoin de confiance.

A eux deux, ils permettent la dynamique essai-erreur qui permet de progresser dans tous les domaines, y compris ceux dont les connaissances scientifiques sont encore très floues.

Mais surtout, avec cette dualité, nous allons favoriser le tissu économique qui ne répond pas seulement à des critères financiers et donc privés, mais aussi à des critères communautaires. Ce tissu économique va donc utiliser des monnaies financières et extra-financières, ce qui revient à distinguer l’économie productive qui sert les intérêts des individus à court terme et l’économie contributive qui sert les intérêts des communautés à long terme.

Ainsi, le coût d’une tablette de chocolat se paie en monnaie productive, comme actuellement, et en monnaie contributive pour tenir compte du coût sur la communauté des externalités négatives ou positive sur la vie locale du lieu de production, de consommation et de transport. Ces dépenses sont compensées entre les pays.

La monnaie contributive s’obtient en contribuant à la vie de la communauté, notamment en contribuant à réduire ou à compenser les externalités négatives localement.

Dès lors, la compétitivité des communautés se joue non plus seulement sur l’efficacité, toujours plus exacerbée, à exploiter des ressources, mais aussi à protéger la vie, la rendre plus attractive et réactive.

Chaque communauté définit le coût des externalités négatives et positives qu’elle estime devoir être compensé pour veiller au maintien de son espace. En gérant cette dépense, elle contribue à obtenir une planète harmonieuse.

De leur côté, les consommateurs assument leurs choix et leur implication.

Par exemple, le propriétaire d’un véhicule 4x4 va être taxé en monnaies contributives. Pour en posséder, il va devoir s’impliquer dans la vie de la communauté ou payer une surtaxe en monnaie productive qui servira à indemniser les victimes directes et indirectes de sa pollution. Il peut aussi renoncer à ce type de véhicule.

 

Pourquoi allons-nous le faire ?

Cette façon de faire semble bien compliquée, d’autant que nous ne savons pas tout sur ces fameuses externalités négatives et positives. Certaines se révèlent au bout d’un temps long. D’autres, grâce à une innovation, sont finalement résolues plus rapidement que prévues… etc.

Nous allons le faire un peu parce que le réchauffement climatique et ses effets désastreux sur la population nous impressionnent, mais surtout parce que nous n’avons plus de modèle économique fiable.

C’est parce que notre vision du monde change que l’instauration de cette forme d’économie devient possible. Elle va être mise en œuvre parce que nous en avons besoin.