du_travail_a_la_contribution.png
 

Dépasser la stricte satisfaction des besoins primaires

La conséquence cette restructuration est que, selon des études sérieuses, près de 50 % du temps que nous consacrons à produire va disparaître d’ici 5 ans.

Tout en acceptant ce progrès irréversible, nous devons nous interroger sur l’acceptabilité de ces grands ordonnateurs :

  • leur vision utilitariste fait froid dans le dos,
  • leur structure centralisatrice est marquée par les utopies du 20ème siècle,
  • leur modèle économique n’est politiquement pas durable.

Au 21ème siècle, une autre approche de la mutation sociétale est possible.

Pour le moment, notre système socio-économique est strictement orienté vers une priorité : assurer aux plus grand nombre de citoyens un minimum d’intégrité physique et physiologique.

 

Passage inexorable à une société organique

Pour cela, l’Homme a développé une gouvernance de type pyramidale. Le but : être capable de concentrer de manière phénoménale des énergies humaines pour entreprendre des travaux, qui sont à présent d’une telle ampleur qu’ils menacent l’équilibre de notre planète.

Mais, dans l’économie de l’immatérielle, l’organisation pyramidale présente deux inconvénients : elle éloigne la décision de l’action et elle écrase les talents. Or, la réactivité, l’adaptabilité et les talents y deviennent stratégiques. Alors, nous nous tournons vers des structures organiques comme cela se trouve partout dans la nature.

 

Le désir de réussir sa vie

Sapiens consacrait en moyenne 2 heures par jour à son intégrité physique et physiologique. Le reste du temps, il le partageait entre la spiritualité (ésotérisme, éthique et morale) et le social (amour, culture, savoir et reproduction de l’espèce).

L’homme industriel a gommé progressivement la dimension spirituelle. Il se consacre essentiellement aux activités productives et aux loisirs.

L’homme numérique veut « réussir sa vie ». Il veut partager son temps entre des activités productives et des activités dites « contributives » telles que la famille, le partage du savoir, l’innovation, la démocratie ou encore la spiritualité. C’est-à-dire des occupations qui ne sont pas récompensées par le système actuel.

 

Les activités compétitives source principale de compétitivité

D’une manière générale, les activités contributives sont celles qui concernent les besoins de la collectivité à long terme par oppositions aux activités productives qui concernent les besoins des individus à court terme.

Ainsi, par exemple, les activités empathiques, telles que les services à la personne ou celles liées aux résolutions de conflit, ne peuvent rester dans le secteur productif car elles sont incompatibles avec la notion de productivité.

Il s’agit donc d’inciter les citoyens à s’investir tour à tour non seulement dans les activités productives, mais aussi dans les activités contributives puisque les activités contributives donnent de la robustesse à la communauté.

Cela ne doit pas être compliqué puisque nous le faisons naturellement. La vraie vie se déroule en 6 étapes : je nais, j’apprends, je fais, j’innove, je transmets et je me rends utile. L’ère industrielle n’en reconnaît que 3 et n’en récompense véritablement qu’une seule : « je fais ». En réalité, c’est le cycle complet qui permet l’efficacité « globale » d’une communauté et qui lui assure des progrès constants. Voilà pourquoi il faut pouvoir récompenser aussi les activités contributives.

 

Le scénario de changement en cours

Pour cela, deux institutions de notre vivre ensemble doivent évoluer :

  1. Notre pacte social,
  2. Notre système monétaire.

 

Mais comment les adapter, alors que les institutions ont pour vocation d’assurer la stabilité du système en place ?

Opportunément, la géopolitique va nous aider. Le développement de l’Asie, devenue l’atelier du monde, est perçu comme une menace pour les autres continents, en particulier sur le plan monétaire pour les USA.

Par ailleurs, les modes de production ne peuvent plus ignorer que les ressources de notre planète ne sont pas extensibles.

Alors, une nouvelle pensée industrielle émerge. Elle combine trois innovations : les big data, l’économie circulaire et la robotisation. Il s’agit de produire au plus près du consommateur, la bonne quantité, au bon moment.

Bien évidement, cette réindustrialisation est pensée de manière à économiser toutes les ressources, dont les ressources humaines. Il s’agit de produire moins cher que le moins cher des pays à bas coûts.

Mais dans ces conditions, le pacte social ne fonctionne plus puisque :

  • La production devient ultra-économe, les prix chutent et donc les taxes s’amenuisent et donc le système redistributif devient inefficient,
  • Ce sont les robots qui produisent, il n’y a plus de salaire et donc plus de pouvoir d’achat.

 

Des solutions en vue

Pas de problème nous dit-on : il suffit de verser un revenu de base à chacun. Ce revenu est calculé sur ce que coûte un pauvre à la collectivité. Alors, seuls les plus qualifiés ou les plus soumis jouiront d’un complément de revenu grâce à leur travail. Au vu des statistiques que nous avons évoquées, ceci n’est socialement pas tenable. La Rome Antique, qui a d’ailleurs expérimenté Le revenu de base, n’y a pas résisté car le travail possède une dimension sociale vitale pour chacun de nous.

Il faut donc modifier notre système, de manière à réorienter nos capacités cognitives, affectives et entrepreneuriales vers les activités contributives.

Les activités contributives doivent être reconnues comme un développement sociale et économique à part entière, tout comme l’est actuellement le travail dans les activités productives. Mais ses codes et son mécanisme de régulation restent à inventer.

Ce challenge n’est pas facile à relever, car si les tâches productives ont fini par trouver une métrique convertible en devise, les tâches contributives n’en ont pas et, a priori, n’ont pas vocation à en avoir.

Nous devons être créatifs. Nous avons déjà quelques pistes à exploiter. Voici 2 exemples :

  1. Pour favoriser cette transition sociétale, développons la prise en compte réelle des externalités négatives : ce qui est mauvais pour la planète et pour la collectivité doit coûter cher, de manière à financer la conversion du pacte social et l’évolution des systèmes productifs,
  2. Pour favoriser le développement du secteur contributif, utilisons les monnaies numériques. Elles permettent d’ajouter des fonctionnalités à notre système monétaire, de manière à prendre en compte la diversification de nos échanges, non seulement dans le secteur productif, mais aussi dans le secteur contributif.