Respect de la propriété

L’Homme s’est sédentarisé parce qu’il ressentait le besoin de réaliser des monuments spirituels.

En se sédentarisant, il a inventé la propriété privée. Il s’est mis en tête de dompter la nature. Mais celle-ci ne s’est pas montrée obéissante. Alors, la peur de manquer n’a cessé de le tarauder l’Homme. Cette peur de manquer a donné lieu à un modèle de société basé sur le travail et l’acceptation de la hiérarchie qui coordonne les actions sur le bien commun, puis la notion de classes sociales qui afin de transmettre le patrimoine et les savoirs de génération en génération.

 

Omniprésence du numérique

La sédentarisation a permis le perfectionnement des outils. L’outil le plus perfectionné à ce jour s’appelle le « numérique ». Il sert à tout ! Il permet de collecter, de traiter et d’échanger des données. Il n’y a pas de vie sans information. Mais surtout, il change les fondamentaux de notre vision du monde.

  • Avec le numérique et ses capacités d’interactivité, l’Homme franchi une nouvelle étape dans son rapport avec la Nature. Il commence à faire des deals avec elle pour endiguer les aléas et la rendre plus efficace.
  • Avec le numérique, le savoir est ouvert à tous.
  • Avec le numérique, de nouvelles formes d’économies, en particulier celle de la fonctionnalité (je veux disposer et non plus posséder), les ménages se dépatrimoinisent.

 

Montée en puissance de la finance

Bien avant le numérique, il a développé la finance.

En effet, pour en arriver là, l’Homme s’est organisé pour se lancer dans des projets toujours plus complexes. La finance y a joué un rôle croissant. Son apogée : l’ascension vers l’ère industrielle qui a rendu possible la mobilisation simultanée de ressources cognitives, humaines et financières dans des proportions jamais égalées.

Cette finance magique est en train de franchir le miroir qui l’a faite reine. On lui reproche d’être incapable de répartir correctement la richesse crée et d’être peu soucieuse du développement du bien commun. Reproche inutile puisque cela ne relève pas de sa raison d’être…

 

Changement de priorités

Toujours est-il que les générations montantes ont grandi avec des supermarchés abondamment achalandés. La peur de manquer ne fait pas partie de leurs préoccupations directes. Ils sont simplement soucieux de réussir leur vie en donnant le meilleur d’eux-mêmes à leurs communautés. Elles le font en mettant en valeur leurs talents et en faisant prospérer le patrimoine de savoirs auquel elles ont accès.

Cependant, elles ne comprennent pas les distorsions induites par la finance mondiale qui parle d’endettement, de vente de biens public ou encore de réduction des dépenses sociales tout en laissant filer la production de CO², la déforestation ou encore la prolifération des déchets plastiques laissant augurer un avenir dangereux. Elles ne comprennent pas la finance qui gouverne avec un seul critère : le profit, alors qu’elles sont attachés à des critères qualitatifs.

Alors, elles réfléchissent avec leurs aînés, puis elles s’organisent. Le numérique est leur allié. C’est lui qui fournit les chiffres, qui met en relation les citoyens, qui démontre la réalité par l’image, qui permet de remonter dans le temps pour éclairer les tendances…

 

Distorsion entre les bailleurs de fond et les citoyens

Pour le moment, les Hommes s’en prennent à leurs gouvernants et leurs gouvernants s’empressent d’écrire un livre sitôt leur mandat achevé. Ils disent tous la même chose : président est devenu un job impossible… Alors, peu à peu, la réflexion collective avance, toujours grâce au numérique, mais aussi au bon vieux papier, celui avec lequel on fait des livres et des journaux.

Et si le capitalisme ne correspondait plus au modèle de société vers lequel le numérique nous fait basculer ? Faut-il le remplacer par autre chose ou bien l’enrichir de nouvelles fonctions de manière à ce qu’il réponde plus justement à nos nouveaux besoins ?

Nous ne voulons plus du « toujours plus », mais du « toujours mieux ». Cette exigence introduit des notions qualitatives difficiles à introduire dans nos outils de gouvernance tels que la comptabilité.

Nous voulons certes continuer à voir nos besoins primaires satisfaits, mais nous sommes de plus en plus attentifs au développement de notre bien commun. Cette préoccupation n’est pas compatible avec les principes de gouvernance de la finance mondiale trop axée sur le court terme et l’accaparement du patrimoine.

La compétitivité des nations se joue à présent sur sa capacité à enraciner les savoirs et les talents sur son territoire et à faire prospérer son patrimoine dans sa spécificité. Cela passe par des communs de haute qualité, dont la notion de famille, la culture, la démocratie, la justice, l’éducation, l’innovation… etc. Les marges de progrès que nous pouvons faire dans ces domaines viendront certes d’une bonne utilisation du numérique, mais aussi d’une gouvernance moins axée sur la propriété privée au profit du bien commun.

 

Nécessité de nouveaux outils de gouvernance

Est-il possible d’imaginer un capitalisme du bien commun à l’ère du numérique ?

« Le capitalisme désigne un système politique et économique reposant sur la propriété privée, notamment des moyens de production, le libre échange sur des marchés et la libre concurrence » nous dit Wikipedia.

Cela pourrait-il s’appeler le socialisme ?

Le mot socialisme recouvre un ensemble très divers de courants de pensée et de mouvements politiques1, dont le point commun est de rechercher une organisation sociale et économique plus juste », nous dit wikipedia.

Il faut inventer un nouveau mot puisque nous voulons simplement déplacer le curseur de la propriété privée au nom la protection de l’environnement et en raison du fait que les nouvelles formes de création de valeur nécessitent de plus en plus de coopération et d’utilisation du bien commun.

Le numérique, notamment via les monnaies intelligentes, nous invite à la créativité pour élaborer des outils de gouvernance ad hoc.