La chaîne de pouvoir capitalistique

Posséder des terres, puis des usines, a été une source de stabilité sociale et financière pour les propriétaires et pour ceux qui les accompagnaient dans la création de valeur. Les propriétaires terriens et les artisans vendaient eux-mêmes leur production à leurs propres clients et fidélisaient leurs meilleurs travailleurs.

Mais les plus désireux de posséder au-delà de leurs besoins se sont positionnés sur deux points stratégiques de la chaîne de création de richesse : la finance et les réseaux de distribution et d’influence. En particulier les réseaux physiques (routes, navires, enseignes de distribution) et puis les voies numériques.

Pour produire aujourd’hui, il faut de moins en moins de travail, mais pour commercialiser sa production, il faut avoir accès aux capitaux qui eux-mêmes donnent accès aux moyens de distribuer. La finance qui pilote cette chaîne de création de valeur ne connaît qu’un seul critère de développement : le profit.

Elle se veut amorale et c’est là que le bât blesse.

Ainsi, il est possible de voir un investisseur affirmer devant la forêt amazonienne en feu qu’« il faut bien nourrir la population mondiale et donc ouvrir de nouvelles terres agricoles ». Cet investisseur se dispense d’avoir une pensée transnationale puisque ce n’est pas son problème d’entrepreneur. Son problème, c’est rendre des comptes avantageux à ses bailleurs de fonds… C’est tout de même son problème de terrien, mais il met cet aspect en arrière-plan au motif que des autorités devraient lui signaler la limite à ne pas dépasser.

Nul ne sait aujourd’hui qui pourrait être cette autorité… Pour le moment, la finance mondiale en fait son affaire.

 

Vers une autre idée du travail

Les entreprises se robotisent pour améliorer leur compétitivité (financière). Elles n’ont pas le choix : on ne lutte pas contre le progrès, on s’y adapte avant que d’autres ne le fassent à notre place. Mais, ce faisant, leurs salariés se meurent pour deux raisons :

  • Ils ont le sentiment que leur job ne sert à rien et ils s’ennuient,
  • Pire, avec la quête sans fin de la productivité, leur job va à l’encontre de leur idéal qui consiste à œuvrer pour un monde meilleur.

La notion de « travail » devient floue : disparition de la notion de métier au profit de la notion d’expertise et de tâches.

La notion d’emploi devient elle-même floue : les entreprises préfèrent s’allouer les expertises dont elles ont besoin au moment où elles en ont besoin. De leur côté, les travailleurs, déçus par l’emploi, préfèrent proposer leur expertise là où elle semble utile. Cela permet de naviguer de projets en projets pour stimuler sans cesse leur expertise et enrichir leurs connaissances.

 

La démocratie en souffrance

La démocratie se veut le garant du modèle de société que nous avons choisi. Pour cela, elle s’appuie sur des institutions conçues pour assurer la protection de la création de richesses telle que chacun la connaît et l’accepte. En l’occurrence : protection de la propriété privée et de ceux qui font tourner l’économie en créant de l’emploi.

A présent, les générations montantes ont une autre idée. Celle-ci entre en conflit avec le modèle en vigueur. Nous pouvons comprendre l’énergie et l’ingéniosité des bénéficiaires du modèle en cours d’effondrement pour prolonger le système en s’appuyant sur toutes une série de textes élaborés années après années.

Si réellement le système ne correspond plus à l’époque, il est préférable de le reconnaître et de préparer le modèle suivant. Nul besoin de s’enfumer, s’éborgner ou de casser des vitrines.

 

Refonte du pacte social et créations de nouveaux outils de gouvernance

Pour le moment, les institutions liées au travail et celles liées à l’économie s’affolent devant les résultats inquiétants des mesures qui ne donnent plus les résultats annoncés par les experts de l’ancien temps.

Les nouveaux experts ne sont pas reconnus, même s’ils se battent avec leurs modestes moyens, ils ne sont pas entendus parce qu’ils n’ont encore rien démontré.

Seule la démocratisation d’idées nouvelles peut avoir un effet. C’est le rôle dévolu au think tank.

 

Le couple capital / travail divorce et ce déséquilibre devient insupportable pour le commun des humains : la richesse se concentre et la pauvreté s’éparpille sur la planète. Le capital crée de la richesse quasiment sans travailleur.

Il souille la nature et met en danger la planète à travers des tensions géopolitiques. Il n’est plus au service des populations comme il le prétend, il les asservit.

Certes le modèle libéral a sorti un grand nombre d’humains de la pauvreté, mais à présent, pour poursuivre son évolution, l’humanité a besoin d’une gouvernance plus complexe.

Par la volonté des générations montantes, l’économie devient circulaire. Mais pour que cette circularité fonctionne, l’activité des entreprises doit être organisée autour de cette circularité.

Cette capacité d’organisation doit être conduite de manière démocratique. Non pas à travers une démocratie « représentative » avec délégation inconditionnelle pour la durée d’un mandat au niveau national, mais une démocratie participative locale qui s’agrège de proche en proche jusqu’au niveau Européen et au-delà si possible.

Dès lors, un nouveau pacte social entre dans le périmètre de cette démocratie locale. Il a pour but d’orienter la capacité d’initiative des citoyens vers les tâches dont la communauté a besoin.

Logique : les tâches vont être de moins en moins affectées à de la production de biens et de services. Ainsi, la capacité d’initiative doit être réorientée vers le développement du bien commun.

Nous allons devoir le faire par nécessité : la qualité du bien commun devient un facteur majeur d’attractivité. L’attractivité devient la clef de la compétitivité puisqu’elle permet d’attirer des talents et enraciner des savoirs.

Si au 20ème siècle le challenge consistait à conquérir des marchés internationaux, à présent, il consiste à développer des produits et des services d’exception, ceux que l’on fabrique avec du talent et des savoirs.

Il faut donc s’outiller pour développer une démocratie locale et participative capable de s’agréer de proche en proche. Cela passe par une maîtrise du numérique et des monnaies nouvelle génération. Ce n’est pas avec les architectures obsolètes des GAFAM et des BATX que cela va être possible, mais au contraire avec des architectures plus sécures car plus distribuées.

Il faut également prendre pleinement en compte la réalité de la courbe Oxford 2013 qui évalue la nature et l’amplitude de la disparition du travail tel que nous l’avons pratiqué.

Les fonctions régaliennes, en détresse réelle de ressources, peuvent hurler et se désespérer, sans changement de paradigme, rien ne sera possible et le peuple, déjà en situation prérévolutionnaire ne peut que faire des dégâts.

Hommes et femmes du numérique, au travail : contribuez à l’élaboration de propositions, rejoignez des think tanks dont Forum Atena !

Venez comme vous êtes, avec qui vous voulez.