Le « beau », quoi sert-il ?

Les acteurs du pouvoir s’entourent de beaux objets dans de beaux locaux. Il en a toujours été ainsi : il ne s’agit pas d’accaparement, mais de créer un décor qui force le respect. En effet, il faut être une personnalité très puissante pour avoir de l’autorité dans un taudis. Or, pour mener une communauté dans la bonne direction, il faut certes un projet fédérateur, mais aussi de l’autorité. Le beau est donc employé pour inspirer le respect.

Ces beaux objets peuvent venir de butins ramenés de la guerre ou de pillages. Mais ceux qui ont le plus de potentiel d’autorité sont ceux fabriqués au sein de la communauté. Ils en racontent l’histoire et, par leurs valeurs symboliques, ils en imposent la culture.

Le beau est donc indispensable pour faire société. La société doit donc faciliter l’éclosion des talents de sa population et respecter les œuvres qu’elle a choisi de faire passer à la postérité.

 

Susciter de la prospérité

Le baron Hausmann a pensé large et ambitieux. Près de 2 siècles après son intervention, Paris rayonne encore de cet élan. Ses belles avenues imposent de la civilité et invitent à penser loin : ne pas céder au court terme et préserver les richesses acquises qui le méritent …

Le 20ème siècle a été dominé par la puissance américaine. Sa culture est portée par les héros qui ont su faire prospérer l’or de sa Californie. Cet or s’est transformé en stars à Hollywood puis en octets dans la Silicon Valley. Dans ce coin du monde, les hommes ont la mémoire de leurs aînés qui ont véritablement commencé en grattant la terre avec leurs ongles. Ils se sont approprié ce qu’ils ont trouvé et ont résolu leurs problèmes matériels au fur et à mesure qu’ils s’imposaient à eux. Dans cette culture, le beau est superflu, même s’il est apprécié.

Le BEAU Européen est au cœur de la cohésion de cette zone géopolitique. Louis XIV en avait fait une arme à part entière. Le BEAU est aussi une arme dans l’économie de l’immatériel que nous développons à présent.

Les discussions sur le PIB ouvrent la porte à une révision de nos échelles de valeurs : produire toujours au-delà du nécessaire pour écraser les concurrents et ce, sans se préoccuper des externalités négatives devient absurde. Le profit n’est plus le seul critère et surconsommer n’est plus tendance. Se distinguer avec un bel objet impressionne.

Le consommateur, qui est aussi citoyen, veut une consommation belle, efficace et respectueuse. Pour répondre à ces attentes, il faut des talents, y compris ceux qui rendent les objets beaux.

Le consommateur veut aller vers un monde qui respecte l’environnement, mais aussi les Hommes pour les inviter à pratiquer de la démocratie et de la spiritualité. Le beau est le bienvenu.

 

Du beau et de la violence pour fabrique le monde qui vient

Le monde actuel a un problème de répartition de la richesse et ce problème suscite de la violence. L’art est un mode d’expression détourné qui permet de libérer la violence et invite au respect et à l’écoute. L’art protège de la violence et renverse le négatif en positif.

L’art est en berne actuellement. Le peu qui circule est absorbé dans le circuit de la spéculation. Il faut faire tout le contraire : rendre l’art accessible tant dans la création que dans la possession.

Toutes les civilisations robustes ont créé leurs expressions artistiques. Notre renouveau a besoin de ses artistes potentiels pour contribuer au débat sur le monde qui vient, non pas avec des « yakas et des focons », mais avec des messages qui font réfléchir.

La violence actuelle a quelque chose à nous dire. La faire taire avec des bombes lacrymogènes n’est pas une solution durable. Les pinceaux et les souris sont plus inscrits dans le long terme. Capter et organiser cette violence pour la pousser vers l’expression artistique est une voie paris d’autres, au même titre que celle de la solidarité ou l’entrepreneuriat. Une voie à ne pas négliger car elle est capable de jeter les base de ce renouveau auquel nous aspitions !

Une civilisation se remarque par ses oeuvres, ses costumes, sa musique et sa gastronomie.