Facebook, toujours plus loin vers le capitalisme de surveillance

Pour faire face à ses difficultés, Facebook passe à Netvers et nous propose une fuite en avant technologique dans laquelle tous les défauts du système actuel seront dissipés. Sa martingale : les univers 3D avec plus ou moins de casques ad hoc qui, pour l’instant n’ont pas connu le succès espéré.

Pour séduire les Français, la firme annonce qu’elle va créer sur notre territoire, ou peut-être finalement à travers l’Europe, plus de 300 emplois de haut niveau.

En bref : rien n’indique que des réponses vont être apportées aux maux dont ce monstre est accusé. Au contraire, il nous propose d’aller plus loin dans la dépendance numérique sous son contrôle.

 

Les européens toujours en attente d’un nouveau modèle de société

Hier soir, dans les locaux de l’éditeur L’Harmattan, une discussion s’est engagée autour des auteurs du livre Ecosystemix ». Ces 8 auteurs se sont interrogés sur le monde qui se redessine autour de nous. À la fin de la conversation, ils ont conclu que si nos aînés se font battus pour sortir de l’enfermement imposé par les religieux, nous devons nous battre contre l’enfermement financier et refuser l’enfermement numérique qui se prépare.

Ces auteurs ont fait leur choix : ils veulent une société en rhizome. Une société dans laquelle le plus grand nombre est engagé et responsable vis-à-vis de ses communautés et du bien commun. Une société qui aime les mots qui commencent par « co » : coopération, coconstruction, coproduit… En bref : une société dont les millénials rêvent et que les seniors, éclairés par leur expérience, se doivent de contribuer à faire advenir.

Cela doit se passer en Europe et maintenant, car la recomposition géopolitique en cours le permet et le cheminement de notre histoire le permet également. Si nous loupons cette étape historique, notre civilisation va se décomposer et nous devrons nous accommoder de celles que nos envahisseurs vont nous imposer…

Or, le danger se fait tous les jours plus précis. L’enferment numérique le plus prégnant pour nous est conçu aux États Unis. Il résulte de l’imaginaire de ses habitants. Cet imaginaire s’inscrit dans la continuation de leur histoire récente, celle de leurs migrants. Une histoire chargée de rancœurs avec le vieux continent et entre migrants. Mais à présent, cette histoire entre en « pyrolyse », car pour faire émerger une société nouvelle, ces rancœurs doivent être désagrégées.

 

Libre à nous de nous doter du numérique qui nous sied

Cela donne, par exemple, le courant puritain appelé le « woke » (éveil), par lequel les minorités revendiquent des compensations pour les humiliations dont elles font l’objet. Dans la réalité, les blancs dominateurs, qui deviennent minoritaires, sont contraints de faire Amérique autrement. Pour cela, ils ont besoin d’ouvrir leurs yeux et d’entrer en médiation avec les minorités qui constitue une part indéniable de la richesse culturelle du pays.

Brice Couturier, à travers son dernier livre « Ok millennials » et son intervention sur Europe1 souligne la nécessité de laisser ce mouvement se déployer aux USA et de ne pas se laisser envahir. Ce mouvement ne concerne pas les Européens qui, effectivement gèrent leur passé colonial, mais dans un contexte et avec des finalités qui n’ont rien à voir.

Laissons les Américains déconstruire ce qu’ils estiment nécessaire dans leur culture encore toute jeune et travaillons sur ce que nous avons à rénover dans la nôtre, infiniment plus anciennes et enracinée sur une géographie bien différente.

En particulier, construisons le numérique qui sied à notre trajectoire culturelle et démocratique. Faisons le avant que le numérique américain ne s’effondre ou nous enferme dans une dépendance irrémédiable. Notre numérique ne doit pas être basé sur la surveillance et le formatage de nos identités. Il doit être mis au service d’un modèle de société basé sur le respect des hommes et de l’environnement et doit favoriser une saine émulation destinée à améliorer notre cadre de vie et permettre à chacun de s’élever et non de se soumettre.