Le processus du changement en trois temps

Un changement sociétal aussi profond que celui que nous avons à opérer commence par des remous, puis une longue phase d’essais-erreurs.  Tout commence par le constat que le système fonctionne de plus en plus mal.

  1. Il y a les anciens sages qui s’arc-boutent sur les solutions qui ont fait leurs preuves. Mais ils ne perçoivent pas ou mal le fait que ces théories ont été conçues à une époque différente. Il y a les ambitieux qui nous inondent les ondes de yaka-fokon. Et puis il y a les précurseurs qui font des propositions étonnantes. Mais elles en sont pas très bien ficelées si bien que personne ne les écoute, ou si peu… Pendant ce temps-là, toute une frange de la population exagère ses craintes et la majorité ne sait plus où elle en est.
  2. C’est le moment dangereux où cette majorité égarée peut se jeter sur le dictateur le plus "beau parleur" qui n’a pas de solutions sérieuses, mais qui promet d’être « ferme ». Mais il faut entendre « brutal », car faute de résoudre les problèmes, il se préoccupe énergiquement de ses intérêts et de ceux qui l’ont « fait roi ».

Cependant, les échanges se poursuivent. Les facteurs de changements sont analysés avec de plus en plus de précisions et des solutions s’élaborent.

  1. Les crises ont pour effet positif de permettre à chacun de comprendre ce à quoi il tient vraiment. Sans surprise, nous redécouvrons les priorités organisées telle que les a placées Maslow dans sa pyramide. En revanche, ce qui est à inventer, c’est la vision avec laquelle ces priorités sont à ordonnancer et donc la manière d’opérer le pouvoir. C’est là que se concentrent les débats.

Les options deviennent claires et les factions politiques se forment et s’affrontent. La majorité se prononce, puis les institutions sont restructurées. Un nouvel équilibre se crée.

Dans notre cas particulier

Pour nous Européens, outre la résilience énergétique et les tracas monétaires, le débat se concentre sur l’avenir de la pensée libérale. Davos et Aix en Provence 2022 sont sans doute des virages :

  • le libéralisme prône l’idée que l’état doit laisser faire les Hommes à travers leurs entreprises. Le 20ème siècle tend à leur donner raison puisque le niveau de vie a globalement monté dans les pays gouvernés selon cette idéologie.
  • Les opposants au libéralisme rétorquent que la Chine n’est pas libérale et qu’elle a sorti de la pauvreté une part très significative de sa population. Mais surtout, la dominance du libéralisme sur l’économie mondiale accélère l’enrichissement d’une frange de la population, augmente le nombre de pauvre et laisse la classe moyenne se débrouiller comme elle peut, c’est-à-dire de plus en plus mal.

Ce qu’il se dessine

L’automne du libéralisme s’annonce sombre sous l’effet d’un paramètre simple : lorsque le niveau de vie s’élève (grâce au libéralisme), les exigences des électeurs en matière de bien commun s’élèvent. Nous voulons servir les couches hautes de la pyramide de Maslow parce que nous voulons nous élever de notre condition humaine et que cette élévation se fait en mettant les Hommes en synergie.

Construire de grands projets qui dépassent chacun de nous nécessite des organisations complexes et donc une économie complexe qui ne peut être l’affaire d’une minorité au service de ses propres intérêts.

Les gouvernances symbiotiques, c’est-à-dire celle qui implique de proche en proche le plus grand nombre de savoirs et de talents commencent, en Europe, à remplacer les organisations hiérarchiques car les organisations hiérarchiques sont un obstacle aux deux critères de réussite de notre époque :

  • La créativité : les hiérarchies écrasent les talents situés à la base des projets,
  • La réactivité : les hiérarchies éloignent les prises de décision du terrain où se passe l’action.

Le capitalisme est bousculé, l’organisation du tissu entrepreneurial est à redessiner et la gestion des temps de la vie est à repenser.

 

Passons un bon été : écoutons, visionnons, lisons et revenons avec les idées claires.