Pourquoi le faire maintenant ?

Le système actuel, appelé « mondialisation », a dépassé ses limites. Ceci devait arriver puisque la centralisation est une notion contre nature : la vie sur terre repose sur l’émulation et la diversité.

Il n’en reste pas moins vrai que :

  • si un tel système a pu s’instaurer, c’est que la montée en puissance rapide de l’ère industrielle a eu besoin des banquiers – héros audacieux.
  • S’il se délite à présent, c’est parce que nous en avons fini avec l’ère industrielle du 19ème - 20ème siècle et que Sapiens reprend inexorablement le cours de son évolution.

Dans le modèle qui se dessine, nous abandonnons les postulats suivants :

  • Produire toujours plus pour gagner des parts de marché et devenir le dominant du marché,
  • Stimuler sans cesse les consommateurs qui sont égoïstes en les influençant,
  • Pressuriser les travailleurs qui sont cupides et donc manipulables,
  • Ne laisser aux états que ce qui est trop régalien pour l’être et marchandiser tout le reste.

 

Mais peu à peu, chaque bloc géopolitique se met à fabriquer ses yaourts et ses avions… Ainsi, leurs échanges se concentrent sur les matières premières et les produits d’exception.

 

Dans le même temps, le modèle qui se met en place remet en valeur les spécificités de l’Homme : la créativité et la réactivité, afin de :

  • Consommer et produire de manière rationnelle en aidant la nature et non en la domptant,
  • Développer des organisations organiques (symbiotiques) afin d’agréger un maximum de savoirs et de talents chaque fois que cela est possible.

 

Dans ce modèle, le système distributif[1] change et le rôle de la monnaie évolue. Ce couple doit se complexifier de manière à :

  • favoriser en permanence la créativité et la réactivité afin de favoriser les projets (finance actuelle revue et corrigée),
  • et donc assurer au plus grand nombre la possibilité de faire fructifier ses savoirs et ses talents dans le processus de contribution à la vie sociale, économique, démocratique et spirituelle.

Le management des organisations consiste désormais à orchestrer et favoriser les initiatives collectives et non plus seulement fournir les moyens de produire des biens et des services. Cela s’applique également à la gouvernance des états.

 

L’Homme n’a que ses facultés intellectuelles pour se développer

Chaque nation est caractérisée par un territoire et une population, rassemblée autour de valeurs partagées.

Sa puissance repose sur sa capacité à faire fructifier ses atouts, à produire des surplus et à entretenir des relations de qualité avec ses partenaires afin de se procurer ce dont elle manque.

Le commerce international se fait généralement par échange de devises. Chaque nation a à cœur d’avoir une devise forte. Pour cela, elle doit inspirer confiance. Son économie doit montrer une bonne compétitivité, reposant sur un tissu entrepreneurial créatif et réactif et un climat social de qualité.

Certes, il nous faut toujours des mécanismes de financement efficaces et des infrastructures de qualité, mais il nous faut aussi des dispositifs qui favorisent le partage des connaissances, une démocratie fluide, un environnement social, culturel et spirituel sain… etc. Pour cela, il faut être capable de récompenser correctement les tâches contributives[2], ce qui est la nouveauté.

Pour le moment, le budget national (débat annuel du PLF) ne prend pas explicitement en considération le patrimoine humain qui est à protéger[3] au même titre que les terres.

 

Faire évoluer la construction du budget national

Le budget national actuel est construit autour des besoins de l’Etat[4] et de ses ressources. Il doit être désormais construit autour des notions suivantes :

  1. Besoins minimums de la population pour lui assurer un revenu décent afin qu’elle puisse contribuer à la prospérité de la nation. Ces besoins portent sur : se loger, se nourrir, se soigner, se vêtir, se déplacer, s’instruire, avoir des enfants… etc.[5].

Cette valorisation détermine les sommes à allouer en monnaie contributive afin de pouvoir récompenser la création de valeur dans l’espace contributif[6].

À titre indicatif, la création de valeur dans l’espace contributif est estimée actuellement 49 % de l’activité de nos concitoyens. Elle devrait passer progressivement monter à environ 60 % en raison de la tendance qui consiste à produire et consommer moins mais mieux, et de façon le plus rationnel possible.

Le potentiel de contribution des citoyens libéré par la rationalisation de l’espace productif va se transférer naturellement dans l’espace contributif. Celui-ci va connaître une forte expansion si nous parvenons à mieux gérer les temps de la vie (ce que le modèle productif ne sait pas faire, notamment à propos des retraites).

 

  1. Coût des infrastructures et du fonctionnement de l’Etat, comme actuellement.

 

  1. Valeur brute de nos suffisances produites (biens et services dédiées aux besoins primaires des individus) : salaires + investissements + achats extérieurs de matière première + marge,

 

  1. Valorisation de nos surplus.

La base du budget doit reposer sur l’équilibre suivant : C + D > A + B.

[A] représente la masse monétaire de monnaie contributive mise en circulation chaque année.

 

Cette approche est chiffrable de manière compréhensible par tous. Ceci incite les citoyens à suivre l’évolution de la valeur qu’ils créent dans l’espace contributif au lieu de se comporter en « client » exigeant, faute d’être convaincu par la pertinence des indicateurs qui leur sont affichés (PIB, chômage, pouvoir d’achat… Sans parler des « taux directeurs » !).

 

Développement de la création de valeur contributive à travers le revenu de base

Un tel budget n’affiche rien en matière de création de valeurs contributives, ce qui est normal puisque celles-ci ne sont pas chiffrables.

En revanche, l’évolution de la masse monétaire contributive et sa vitesse de rotation vont donner une idée du dynamisme (ou pas) de la prospérité produite par cette forme d’activité.

Partant de l’hypothèse que chaque adulte est engagé d’une manière ou d’une autre dans des tâches contributives et productives, mais qu’il n’est pas possible de se rendre compte de la portée et de la qualité de ses actions contributives, chacun reçoit un revenu de base en monnaie contributive qui est modulé en fonction des temps de la vie de chacun.

Ce revenu de base ne permet pas aux adultes dans la force de l’âge de vivre réellement correctement. Chacun doit donc compléter ce revenu, soit à travers ses activités productives, soit en obtenant des récompenses auprès de ses concitoyens versés en monnaie contributive[7].

Les salaires dans l’espace productif sont versés au-delà du revenu de base[8].

La monnaie contributive est fondante afin d’inciter les citoyens à récompenser les actions accomplies avec sincérité dans l’espace contributif (l’équivalent des likes sur les plateformes de services entre particuliers).

Dès lors qu’un don est fait en monnaie contributive, la monnaie versée à un citoyen n’est plus fondante. En revanche, elle est détruite dès qu’elle est utilisée par le porteur.

 

L’opportunité des monnaies intelligentes

Avec les monnaies intelligentes, qui bénéficient des connaissances acquises avec les bitcoins, il est possible de mettre de la simplicité, de la réactivité et de la transparence, dans le système redistributif qui en a un besoin urgent[9]. Ceci a pour effet de développer une forme nouvelle de démocratie dans laquelle les citoyens sont mieux à même de prendre part aux actions et aux décisions.

Les citoyens ont besoin de comprendre ce qu’il leur est demandé et de suivre le résultat des efforts qu’ils se donnent la peine de faire. Un bon emploi du numérique encadré par des instances démocratiques solides permet de le faire.

Il faut que chacun puisse le faire à son niveau et au niveau collectif.

Le numérique est une spécificité de l’Homme, il le développe pour assurer sa survie. Encore faut-il qu’il le développe à bon escient : pas pour faire la guerre entre Hommes, mais pour protéger l’environnement, dont l’environnement social.

Il ne doit pas avoir peur du flicage numérique si celui-ci est strictement encadré par des instances démocratiques. C’est possible, c’est ce que nous prouve l’Estonie depuis plus de 10 ans.

 

À modéliser pour vérifier

Avec une telle approche, les citoyens peuvent comprendre l’équilibre en cours entre souveraineté et interdépendance et ils comprennent les enjeux de leur engagement dans le système socio-économique. Avec les monnaies numériques et leurs infrastructures, il est possible de leur indiquer comment ils se situent dans le « game » et ainsi leur permettre de contribuer correctement ou de se faire aider en cas de difficulté.

En parallèle, il est possible récompenser la création de valeur contributive, sans fabriquer de la dette dans le système productif.

 

[1] Impôt + aides et subventions

[2] C’est-à-dire celle qui permettent de développer famille, savoirs – innovations – culture, démocratie, spiritualité et tâches dédiées aux résolutions de conflits sanitaires, juridiques et environnementaux

[3] Historiquement, nos institutions sont conçues pour défendre les terres, pas les savoirs et les talents.

[4] Historiquement, l’église protégeait les âmes et le roi protégeait la terre.

[5] Ceci correspond à l’idée peu poétique que nous allons transformer de la matière en valeurs abstraites (écoute, échange, création d’idées, décisions collectives…).

[6] Qui couvre : famille, savoir / culture / innovation, démocratie, spiritualité et résolutions de conflits sanitaires, juridiques et environnementaux.

[7] A l’aide des monnaies qui vont être détruites en fin de mois dans les portefeuilles des citoyens. Les dons deviennent des monnaies à usage unique et non plus fondantes.

[8] Selon la logique de l’impôt négatif.