3 systèmes, le quel choisir

La vie des Hommes à travers la planète se numérise inexorablement. Cette numérisation permet de produire des données et ces données permettent de rationaliser nos manières de produire et de consommer et de favoriser des gouvernances plus créatives et réactives.

Les données deviennent le carburant des algorithmes qui nous gouvernent. Trois modèles de partage se présentent à nous.

1. La notation sociale chinoise : une gouvernance centralisée

Basé sur la pensée confucéenne selon laquelle les individus sont soumis aux impératifs de la collectivité, la notation sociale a pour objet de récompenser les citoyens vertueux mais aussi de pénaliser ceux qui ne le sont pas.

Les notations sont effectuées à partir d’informations collectées en ligne et dans la vie réelle, à travers les caméras connectées aux systèmes de reconnaissance faciale et aux intelligences artificielles capables de repérer des incivilités et des actes répréhensibles.

En contrepartie de cette surveillance, ce système facilite la vie des chinois chaque fois qu’ils évoluent dans un espace numérisé, c’est-à-dire presque partout.

 

2. L’X-road estonien : une gouvernance démocratique

Ce système est un « commun de données » administré par une instance hautement démocratique et outillé en conséquence.

D’inspiration finlandaise et développé avec le soutien de la commission Européenne, ce système a pour objet de gérer toutes les informations concernant les agents sociaux et économiques dont les citoyens et les entreprises.

L’architecture est décentralisée : les données sont organisées en « nid d’abeille » chacune contenant des données thématisées (cadastre, état civil, diplômes…), protégées par des clefs et un système qui mémorise les accès à ces données. Chaque donnée est mémorisée une seule fois ce qui rationalise et sécurise le stockage et les mises à jour.

Chaque agent économique peut voir qui et quand a sollicité les données le concernant. S’il l’estime nécessaire, il peut faire un signalement aux autorités de gouvernance. Les abus sont fortement réprimés.

En fonctionnement depuis plus de dix ans, X-Road a instauré un climat de confiance entre les citoyens et leur démocratie en raison de sa solidité et la qualité des services rendus aux citoyens.

X-Road est une couche d’échange de données (Data Exchange Layer) entre des systèmes d’information. Les organisations y échangent des informations dont la confidentialité, l’intégrité et l’interopérabilité entre les parties prenantes de l’échange de données.

X-Road est administrée de manière centralisée mais géographiquement distribué. Il n’y a pas de « fermes de données » en Estonie. La priorité consiste à assurer la confidentialité, l’intégrité et l’interopérabilité leur est garantie.

Dénué de serveur centralisé, les risques de calcification en cas de croissance forte sont sans objet en raison de la structure modulaire.

 

3. Le web 3 : une gouvernance marchande

Les USA suscitent l’adhésion du plus grand nombre à leur modèle web3 dont ils promettent que, cette fois-ci, les individus deviennent maîtres de leurs données.

En effet, ce sont eux qui choisissent l’opérateur privé à qui ils vont les confier. Pour le moment, les acteurs sont nombreux. Rien ne dit qu’il ne va pas y avoir une concentration de ces acteurs, comme cela s’est fait pour les moteurs de recherche, dont Google a été le grand gagnant, et ensuite Facebook pour les réseaux sociaux.

Ceci ne sonne pas la fin des fermes de données de GAFAM. Nous serons toujours autant profilés par les opérateurs d’influence.

Point de démocratie dans ce modèle qui s'inscrit dans la pensée libérale évangélisatrice voulue par la finance anglo-saxonne.

Ce concept s’inscrit dans le prolongement du logiciel SOLID promu dès 2018 par Tim Berners-Lee auprès du gouvernement français. Cette personnalité, promue comme appartenant au monde du numérique libre, basait sa promotion en invoquant son inquiétude face à l’hégémonie des grandes plateformes américaines et chinoises… Sans pour autant démontrer en quoi cette solution est une parade à l’hégémonie des GAFAM.

 

 

Les enjeux

Dans une société numérisée, les échanges sont mis sous condition et tracés. La pensée profonde du système que nous allons adopter va être déterminant pour son acceptabilité. S’il est imposé, la confiance ne sera pas au rendez-vous et les échanges se feront dans des espaces de contournement.

Derrière ces 3 modèles se cachent trois fondamentaux culturels : le confucianisme chinois, le stoïcisme européen et l’utilitarisme américain. Nous n’avons pas du tout l’obligation de miser sur celui qui serait supposé supplanter les autres.

Le système que nous allons retenir devra simplement être interopérable avec les autres systèmes … Mais, cette fois-ci, sous conditions et non plus en mode open-bar dont jouissent actuellement les GAFAM.

 

Se comprendre soi-même pour faire le bon choix

La notation sociale horrifie les Européens et l’expansionnisme américain basé sur la persuasion leur pose des problèmes, même s’ils semblent mithridatisés depuis la dernière guerre mondiale avec l’invasion culturelle renforcée avec l’apparition de l’Internet.

Nous ne sommes pas des chinois, nous ne sommes pas des Américains, nous sommes un peuple issu des Gaulois.

La civilisation gauloise a rayonné sur l’actuelle Europe jusqu’à sa déstabilisation romaine. Elle était matérialisée par des villages qui se chamaillaient pour des questions de voisinage, mais qui se regroupaient lorsque l’actualité le nécessitait.

Technologiquement, ils étaient avancés pour leur époque. Au contact des romains, ils ont pérennisé la culture gréco-romaine, une des plus ancienne actuellement sur cette planète.

Dans cette culture, chacun a des droits et des devoirs. Le représentant du peuple est le garant du respect de cette notion. Livrer à des entreprises privées la gouvernance de ce qui fait le cœur de la vie de nos communautés n’est pas recevable.

La logique estonienne s’impose. Elle nous amène jeter les bases d’un numérique à notre image : non plus concentré, mais au contraire modulable, scallable et interopérable qui s’adapte à la diversité culturelle et géologique des nations qui composent l’Union Européenne.