Urgent : besoin d’un VRAI commissariat au plan
Par genevieve-b. vendredi 24 mai 2024, 14:09. à débattre futurologie géopolitique économie | Lien permanent.
Dans son intervention sur VLAN, Asma Mhalla dit notamment qu’il nous faudrait un commissariat au plan. Ce dessin du Figaro résume notre problème.
Qu’est-ce qu’un commissariat au plan
Cette institution a pour objet de scruter le long terme afin de permettre de construire des stratégies à moyen terme et mettre à jour les stratégies à court terme.
Pour fonctionner, il lui faut : des futurologues, des prospectivistes et des prévisionnistes.
Nous n’avons plus de « commissariat au plan » effectif depuis les années 80. Cette institution a perdu successivement ses futurologues puis ses prospectivistes. Or, sans futurologie, au niveau d’un pays il est impossible de faire de la prospective.
La première discipline part de données solides, la seconde fait appel à l’imaginaire. Laisser l’imaginaire fonctionner sans autre base que celles fournies par les prévisionnistes revient à combiner 3 dangers :
- Les données ne parlent que des faits échus et sont incapables d’appréhender les capacités d’adaptation du vivant (ce que ne cesse de faire la futurologie cybernéticienne).
- Les faits qui ne donnent pas lieu à de collecte de données sont ignorés, ce qui crée des angles morts.
- La prospective produit des scénarios. Ceux-ci sont faits en faisant appel à l’imaginaire des contributeurs. Or, l’imaginaire est indissociable des biais cognitifs.
- Pour s’en prémunir, les prospectivistes doivent partir des travaux des futurologues.
Pourquoi est-ce dangereux de ne pas en avoir
Les capitaines de navire ne prennent la mer que lorsqu’ils ont une feuille de route et que les routeurs leur permettent de l’actualiser en permanence. En effet, piloter un navire est une tâche complexe. Se substituer aux routeurs nécessite d’autres instruments, d’autres savoirs faire et, au final, d’autres responsabilités. Chacun son job !
Les débats politiques qui mobilisent actuellement nos écrans sont inaudibles car le travail de fond sur les grandes questions de notre époque est évoqué comme des têtes de chapitre dont personne n’a écrit le chapitre. Pour combler ce vide, chacun y met son opinion.
Nos fonds d’investissement n’ont pas de boussole pour orienter les investissements. Nos chercheurs sont au service des entreprises établies, pas de celles qui préparent le futur, nos enseignants sont centrés sur les besoins du passé, nos tribunaux préservent les acteurs du passé… Bref, chacun fait ce qu’il peut, pas plus.
Cela donne de la naïveté et du militantisme rempli d’injonctions contradictoires. Le beau parleur l’emporte sur le technicien qui fait tout son possible…
Comment en posséder un à nouveau
Les USA ont demandé que la futurologie ne soit plus enseignée depuis les années 80 au motif que nous ne sommes pas dans une économie planifiée. La fonction même a été ridiculisée estimant que Madame Irma faisait aussi bien.
Redonner la parole à des personnalités telles qu’Asma Mhalla devient une manière de nous mettre face à nos réalités.
Mais il nous faut des équipes et pas seulement quelques personnalités.