L’enjeu : le rebond ou l’effondrement

La Banque de France, conjointement au fonds monétaire international nous alerte depuis le 16/08/23 sur le fait que la croissance du PIB du G7 cède le passage à celui des BRICS (voir illustration).

Le numérique nous permet de franchir une nouvelle étape anthropologique. L’époque qui vient à nous repose, non plus sur la nécessité de « produire et vendre toujours plus », mais sur notre capacité à actionner notre intelligence collective pour « produire et consommer de manière rationnelle ».

Cette rationalisation nous est imposée par la fin de notre exubérance démographique. Celle-ci, conjointement à notre expansion culturelle, nous a permis d’aller chercher à travers la planète ce dont nous avions envie et besoin. À présent, nous devons devenir plus gestionnaires et plus diplomates si nous voulons demeurer un peuple libre.

 

Ce changement de priorité modifie en profondeur notre pacte social et le rôle de nos institutions.

Le consumérisme a montré ses limites. L’habit ne fait plus le moine, les citoyens veulent « réussir leur vie », l’ascenseur social cède le pas à l’ascenseur culturel, les logiques du pouvoir cèdent le pas aux logiques du savoir et des talents…

Cette évolution, imposée progressivement par les générations montantes, est irréversible. L’Europe, berceau historique de l’industrie, est la première à être exposée à cette mutation.

 

Quand le PIB devient toxique pour l’Occident

Les BRICS ne sont pas dans la même phase que l’Europe. Ils ont encore des ménages à équiper et des infrastructures à développer et leur décrue démographique commence tout juste. L’économie productive est encore le moteur de leur évolution.

Chez nous, la rationalisation détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée, mais nous ne parvenons pas à l’admettre. De plus, la rationalisation fait baisser les volumes produits et les coûts dont les prix. Alors, les profits et la fiscalité sont mis à mal et donc, les salaires et les budgets de l’Etat ne tiennent plus leur promesse.

Or, en raison de la mutation sociétale évoquée ci-dessus, les citoyens deviennent de plus en plus exigeants en matière de vivre ensemble.

Si nos priorités changent, notre monnaie doit évoluer.

Mais, hélas, nous constatons que la « haute finance » (les « obscures » selon Jacques Attali) ne renonce pas au modèle qui lui a permis de prendre le pouvoir. Elle exige ce qu’elle estime être son dû. De leur côté, les élus cherchent à répondre aux exigences de leurs électeurs.

Alors, on trouve un compromis : on finance de la paix sociale, à défaut d’avoir des emplois. Et puis, on réduit les dépenses publiques… Espérant conserver néanmoins des hôpitaux qui soignent, des écoles qui enseignent, des tribunaux qui jugent… etc.

Cet arrangement n’est pas durable. Les électeurs ont peur de l’endettement et n’acceptent plus la dégradation du vivre ensemble.

Pendant ce temps-là, les BRICS jubilent de nous voir si désarmés face à cette mutation que nous essayons de ne pas prendre en compte. Pire, ils soufflent sur les braises en chauffant à blanc le moindre groupuscule qui aurait matière à organiser une revendication.

Car, la pagaille en occident, c’est bon pour les BRICS ! C’est face à cette réalité que nous devons faire preuve de maturité.

 

Pacte social et monnaies

Le développement du vivre ensemble ne peut être durablement financé par de la dette.

Le COVID a été le révélateur de ce glissement puisque nous avons soudainement dû financer une période significative d’improductivité !

Pour le moment, les partis s’écharpent pour affirmer qu’ils ont le bon magicien capable de le faire, mais aucun électeur ne les croit !

Trouver la solution n’a rien d’évident. Très peu de chercheurs se sont penchés sur la question, du moins en France, en Europe et en Occident. Les experts cherchent à perfectionner le système actuel, mais pas à imaginer un système fondamentalement conçu pour la nouvelle donne.

Or, la Chine et ses alliés sont capables de le faire et d’ailleurs, ils le font puisqu’ils puisent leur émergence dans leur capacité à développer un modèle directement conçu pour ce 21ème siècle.

Il y a 10 ans, il fallait de l’imagination pour le faire. À présent, il suffit d’ouvrir les yeux.

Chaque civilisation a sa manière de gérer sa monnaie et cette gestion reflète la priorité de ses dirigeants. Notre monnaie actuelle est fondamentalement conçue pour répondre aux besoins d’un pacte social qui repose sur l’idée que le progrès vient des entrepreneurs. À ce titre, il est admis qu’ils s’enrichissent, mais en contrepartie, ils doivent fournir du travail au plus grand nombre.

Cette monnaie a besoin de profit pour fonctionner. Elle compte sur les entrepreneurs pour créer du profit. Notre monnaie est appelée « monnaie dette » car elle est injectée dans l’économie via les emprunts qui permettent de créer des profits futurs.

Cette double rupture (attrition des emplois et des profits) nous conduit à la pagaille, la grossièreté et le mépris, sans aucune perspective. Or, sans perspective, il n’y a plus d’avenir !

 

Préférons l’ouverture d’esprit aux élus partisans et déloyaux

L’assemblée dont nous avons besoin doit devenir un exemple d’intelligence collective. Notre comportement vis-à-vis de nos élus doit soutenir cette intelligence collective.

Nous ne pouvons pas nous contenter d’élus partisans, qui votent comme on le leur demande et qui font semblant de commissionner.

Nous ne pouvons céder les manettes de la Maison France à un courant politique qui place un exécutif à la solde d’intérêts étrangers, dont les BRICS, et des ministres qui ont besoin à plein temps de conseillers en communication pour faire passer toutes sortes de pilules aux citoyens.

Nous sommes au cœur d’un nouveau départ pour l’Histoire de notre Europe. Agissons en adulte responsable.