Numérique : se parler enfin !
Par genevieve-b. vendredi 30 août 2024, 18:13. à débattre changement de civilisation cryptomonnaies numérique | Lien permanent.
Des auteures comme Asma Mhalla et Nastasia Hadjadji sont publiées et reçues dans les médias. Félicitations à elles, à leurs éditeurs et aux médias.
Ceci rend possible une réflexion éclairée sur le numérique et les crypto monnaies.
Nous pouvons ainsi construire une stratégie numérique qui soit bonne pour notre évolution d’Européens et coopérante avec des agents extérieurs dans le cadre de relations équilibrées.
Sortir des narratifs relevant du soft power
Les USA se sont construit une hégémonie numérique sur la base d’une série de narratif rendant trompeur leurs comportements abusifs en termes d’intelligence industrielle et économique.
Outre les « normes de fait » qui permettent à leurs industriels de s’entendre entre eux et de filtrer qui peut entrer dans leur périmètre, la spoliation des données, la captation des start-up innovantes ou encore le formatage de la pensée de nos dirigeants n’est plus un scoop.
Tout au plus, nous avons besoin de témoignages pour comprendre pleinement comment tout cela a été rendu possible pour en tirer tous les enseignements. C’est ce que commencent à faire ces auteures et d’autres à venir.
Ces narratifs ont également légitimé des comportements irrespectueux envers notre évolution culturelle et politique. Par exemple, ceux qui rendent les fake news ou les réseaux souterrains (darkweb) possibles …
Nous le voyons encore aujourd’hui avec l’IA où les entreprises et les citoyens sont poussés à s’emparer des outils disponibles… Pour finalement nourrir abondamment les fermes de données et entraîner les algorithmes d’outre-Atlantique.
On joue sur les peurs, la cupidité, la flagornerie ou simplement la séduction.
Les médias en ont besoin pour nourrir leurs audiences. Mais ils peuvent aussi prendre du recul en abordant des questions fondamentales qui permettent aux Européens de se comprendre et d’imaginer le numérique dont ils ont réellement besoin, comme le fait par exemple la chaîne franco-allemande de télévision Arte.
Les spécificités, source de richesses
Il est singulier de voir comment les Européens se sont soumis sans débat démocratique réel à une telle mise en danger.
Nous savions que nous mettrions environ 90 ans pour sortir de la torpeur créée par la violence de la dernière guerre mondiale. Aujourd’hui, nous fêtons les 80 ans de la libération de Paris. C’est-à-dire, la fin officielle de la violence physique. Mais la pression morale a perduré à travers les accords mal ficelés, dont, pour ce qui concerne l’Europe, le Plan Marshall. Il fut un succès financier et culturel incontestable de soft power pour les USA sur les Européens.
Ce sont les effets de traîne de cette emprise que nous avons à dénouer. Nous en avons besoin, tout comme les USA. Mais, si la mutation sociétale en cours est fortement marquée par la pénétration du numérique dans nos vies respectives, elle ne va pas être traitée avec la même vision.
Les USA, avec leurs leaders tels que Elon Musk, BlackRock ou Coca Colas, demeurent des solutionnistes systémistes et des adeptes du consumérisme standardisateur.
L’Europe demeure une mosaïque de pays aux spécificités géologiques et climatologiques diversifiées dont il résulte une variété de langues et de cultures qui constituent une richesse puisque la diversité est source de créativité.
Apprendre à gérer ce potentiel créatif est le défi de l’Europe qui ressent le besoin d’en finir avec la tentation de standardisation à outrance qui lui a été proposée de manière assez directive par les USA.
La vie ne se met pas en équation
Un haut dirigeant de l’ESA exposait un jour dans un dîner que seules les personnes douées en mathématique faisaient avancer le monde. Ce même discours était audible chez les représentants de la haute finance. Ce credo marquera le dernier quart du 20ème siècle et doit périr à la fin du premier quart du 21ème siècle à travers le, parfois ridicule, mouvement wokiste.
La futurologie (VLT) comporte deux branches : seule la systémique, celle qui « triture » les données via les mathématiques, a été écoutée.
Il est temps d’écouter ce que les futurologues cybernéticiens ont à dire puisqu’ils scrutent l’évolution de la terre et du vivant en repérant leurs capacités d’adaptation, ce que les mathématiques ne savent pas faire !
Le numérique nous permet certes de faire des guerres sous toutes leurs formes : économiques, hybrides, militaires… etc. Mais aussi, il nous permet de mieux gérer notre rapport à Gaïa, notamment à travers l’intelligence collective.
Avec Internet, les Hommes découvrent le fonctionnement en rhizome, ce que le végétal fait depuis des millénaires. Nous en sommes qu’au début de cette découverte, mais elle devient fondamentale dans la bascule sociétale que nous vivons.
Sur le plan spirituel, cela conduit loin : l’Homme, dernier mammifère apparu sur terre, maîtrise la capacité d’agir sur le vivant pour le faire évoluer bien plus vite que ce que « mère nature » a fait jusqu’à ce jour.
La réflexion sur le numérique n’est donc pas l’affaire des geeks, soutenus par des financiers cupides, eux-mêmes au service de politiciens égocentriques.
Le débat n’est plus « droite contre gauche ». Il devient « fin du mois ET fin du monde ». C’est ce qui rend le paysage politique actuel abscons en occident et insupportable dans les dictatures.
La monnaie au cœur du débat
C’est le pacte social qui est à redéfinir : les entreprises n’ont plus besoin de main-d’œuvre en grande quantité, mais de cerveau-d’œuvre de haute qualité.
Elles ont besoin de managers, d’experts et de créatifs au plus haut niveau de leur art. Pour les obtenir, il faut que la population soit organisée pour les faire émerger et leur permettre de se ressourcer en permanence.
Le pacte social n’est donc plus du tout le même et pour l’obtenir, il faut repenser notre mécanisme monétaire : actuellement l’argent est injecté dans le système au profit de ceux qui investissent, ce qui a fait sens pour lancer l’ère industrielle, mais qui à présent devient pervers (concentration du capital et recherche effrénée du profit à tout prix, sans préservation du moyen et long terme).
La compétitivité des nations dépend de plus en plus de leur capacité à développer l’intelligence collective de leurs citoyens afin qu’ils soient efficaces dans la manière de produire, de consommer et de vivre en bonne intelligence avec les partenaires extérieurs.
C’est donc le patrimoine humain qui devient la richesse à protéger et à faire prospérer, en plus de la protection du territoire et de sa mise en valeur dans une logique symbiotique. C’est-à-dire le contraire de ce que fait la gouvernance actuelle en raison des mécanismes monétaires en vigueur.
Les crypto monnaies ne sont pas pensées pour répondre à cette recherche. Nastasia Hadjadji l’explicite fort bien dans son livre « No crypto ». Les cryptos répondent à une tentation de mondialisation de la fonction « monnaie » entre les mains d’intérêts privés.
La monnaie est « l’hormone d’échange » entre les Hommes. Elle repose entièrement sur le besoin de reconnaissance entre un offreur et un demandeur. Un tiers, régi par des intérêts privés, n’y est pas le bienvenu.
Les crypto monnaies ont, à ce jour et à elles toutes, procurer une plus-value financière de 1 300 %. Mais cet enrichissement n’a pas profité à tous les acteurs de cette saga et surtout, il ne résulte pas d’une création de valeur bénéfique aux Hommes et plus largement à Gaïa. Ce sont des actifs financiers conçus et exploitées par des hégémonistes financiers qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
La réflexion sur l’évolution de nos outils de gouvernance ne va pas venir d’eux, mais l’expertise acquise sur les technologies qu’ils ont déployées va nous être précieuse.