Chacun cherche sa nouvelle civilisation !
Par genevieve-b. samedi 14 septembre 2024, 13:19. à débattre intelligence collective retour au local économie contributive | Lien permanent.
Rentrée superdynamique dans les think tanks ! Alléluia : la prise de conscience en matière de mutation sociétale s’élargit.
Des groupes se forment autour de perceptions partagées. L’ensemble est chaotique mais des idées convergent avec quelques mots-clefs.
C’est sur eux qu’il semble nécessaire de s’attarder pour créer l'élan fédérateur.
1 - Retour au « local »
La mondialisation du siècle dernier n’a pas démontré sa capacité à faire en sorte que les Hommes vivent en bonne intelligence. Basée sur le commerce et la compétitivité, elle ne pouvait y parvenir.
La recherche à tout prix de l’efficacité a poussé à la standardisation et la standardisation est mortifère. Le vivant a besoin de diversité.
Ainsi, le « retour au local » revient en force. Reste à trouver les mécanismes institutionnels qui conviennent.
A priori, ce sont les organisations fractales qui devraient s’imposer comme le fait le reste du vivant. Le numérique permet de le faire.
2 - Intelligence collective
La compétitivité se joue désormais sur la capacité, non plus à mobiliser de la main-d’œuvre en grande quantité, mais à faire émerger des managers, des experts et des créatifs de haut niveau.
Cela change radicalement notre modèle de société, dont notre pacte social, nos manières de créer et de partager du savoir et d’innover, notre rapport aux cycles de la vie… etc.
3 - Économie contributive
Si, sur les deux termes précédents, le consensus est fort et convergeant, sur ce dernier, il reste à clarifier.
Les premières réflexions sur l’économie contributives datent de 2006 dans le think tank écologique de Michel Gérant (Les Nains De Jardin).
L’idée : imaginer la manière de mettre en synergie l’économie productive, la seule que nous connaissions à ce jour, et l’économie contributive, celle qui est dédiée au développement du vivre ensemble et que l’économie productive a de plus en plus de mal à financer alors qu’elle en a de plus en plus besoin.
La diffusion : Dans les années 2010, Bernard Steigler s’empare du terme, mais il en donne une vision abstraite car il ne remet pas en cause l’hégémonie de l’économie actuelle basée sur le capital et de salariat.
Internationalisation : dans les années 2020, l’éditeur ISTE publie à destination des chercheurs anglophones une traduction du livre « économie productive – économie contributive » (G. Bouché 2022). Les chercheurs s’en emparent, notamment en Chine et aux USA.
Le point de convergence est que l’activité humaine ne doit pas se limiter à produire des biens et des services, mais aussi à créer des conditions qui permettent de faire société (famille, savoirs et innovations, démocratie, spiritualité et résolutions de conflits).
Nos aînés ont cru que la démocratie allait être capable de faire respecter la frontière entre ces deux types d’activité. Cela n’a pas marché car les activités contributives sont opérées grâce aux dons, aux impôts et taxes, au volontariat et au bénévolat. Chacune de ces sources pose des problèmes et se met en attrition dès que des crises se dessinent à l’horizon.
Les fondements du concept
Dans une démarche de futurologie cybernéticienne et en se référant aux travaux de Maslow, de Clare Grave et des connaissances dans les sciences du vivant et de la terre, l’étape que nous franchissons se caractérise par la volonté de rationaliser notre manière de produire et de consommer.
Si l’on admet que le sens de l’évolution du vivant consiste à aller de la matière vers le spirituel, cette nouvelle étape consiste à tenter d’assurer au plus grand nombre « un corps sain dans un esprit sain ».
Le corps et l’esprit ont besoin de nourritures de nature différentes et complémentaires.
Le chantier est encore en phase exploratoire mais marqué par des avancées qui mettent en jeu le savoir-faire acquis dans les monnaies numériques.
Accepter de penser hors du bac à sable
La notion d’économie contributive s’avère difficile à appréhender dans la communauté des intellectuels natifs de la pensée dite « libérale » comme de la pensée dite « communiste », autrement dit ceux qui sont aux manettes…
Pourtant, la dualité « droite » (préserver les entrepreneurs qui créent de la richesse par leurs initiatives) – « gauche » (préserver ceux qui produisent de la richesse par leur travail) passe désormais en arrière-plan face à la dualité « fin du mois » - « fin du monde » : préserver le patrimoine humain pour qu’il préserve Gaïa… Ce met nos décideurs face à une équation qu’ils ne peuvent pas résoudre avec leurs visions du siècle dernier.
En effet, pour préserver Gaïa, il faut aux hommes un vivre ensemble de haute qualité. Il faut réorienter le temps libéré par la rationalisation vers de tâches dédiées à l’élévation du vivre ensemble. Ces tâches, considérées actuellement comme des dépenses, doivent devenir de la création de patrimoine local.
Organiser ce transfert, c’est se rendre attractif afin de recueillir les meilleurs talents.
L’humanité a franchi des étapes en méprisant ceux qui ouvraient de nouvelles manières de voir le monde : la terre ronde, le tiers état dans les décisions de la nation, ou encore la physique quantique… Pour ne citer que ces exemples. Mais les progrès n’ont été franchis qu’à partir du moment où les pensées de ces précurseurs ont été absorbées par les "faiseurs de changement".
À présent en Europe, nous butons sur des injonctions contradictoires telles que celles posées dans le rapport de Mario Draghi et celles mises en évidence par la fragmentation politique à travers la planète qui favorise dangereusement les extrêmes.
Alors, tous ceux qui prennent conscience de cette urgence européenne sont invités à accepter d’écouter ceux qui proposent des approches « en dehors du bac à sable » et d’oser le débat avec eux.
Trouver un consensus sur les contours de l’économie contributive permettrait d’avancer un peu plus vite !