Une évidence, d’ailleurs nous avons un modèle

Les syndicats n’ont pas bougé alors que la rationalisation va impliquer de la destruction d’emplois.

Pour mémoire, les développeurs / exploitant du système X-Road en Estonie ont décoré leur hall d’entrée avec une tour Eiffel. Non pas par amitié pour la France, mais parce qu’ils estiment que :

  • leur e-Etat fait économiser chaque mois une pile de papiers de la hauteur de cette tour. Or, l’Estonie ne compte que 1,7 ressortissants.
  • En bannissant les PDF, ils réduisent de manière drastique le volume de données stockées et fluidifient leur exploitation.
  • L’efficacité qui en résulte a pour effet de créer de la confiance entre les administrations et les citoyens.
  • Précision importante : l’architecture très modulaire permet une sécurisation comparable à celle que la nature développe dans son système. Elle permet d’être installée progressivement et de s’adapter à des populations de tailles diverses. Elle donne aussi un grand rendement financier et de la souplesse pour faire face aux évolutions.

L’Institut Sapiens a déclaré qu’un gisement de 100 000 000 € est à espérer d’une telle rationalisation sur notre territoire. Alléchant !

 

Qu’est-ce qui coince ?

Le problème n’est pas technologique. Nous ne manquons pas de ressources humaines compétentes et nous pouvons nous procurer les équipements. Nous manquons de volonté.

A Forum Atena nous savons bien comment les initiatives qui ont promu cette approche (ou des variantes) ont été étouffés : les cabinets américains se sont employés à dissuader nos administrations de s’intéresser à la chose.

Penser par nous-même devient plus que jamais une nécessité.

Le PIB des USA tient la dragée haute à nos économies non pas par sa part liée à l’industrie, mais celle liée au numérique. Les USA n’aiment pas quand l’Allemagne fait tourner ses usines avec du gaz russe. Elle n’aimerait pas que nos entreprises et nos administrations se dotent d’architectures numériques autonomes.

 

Il y a aussi la petite musique de l’emploi. Le modèle actuel repose sur l’idée que les activités économiques produisent des emplois. Mais, la rationalisation les détruits. Alors, les sans-emploi deviennent une charge pour la communauté. Pour le moment, cette charge est camouflée dans de l’endettement.

Croire que les emplois détruits par la rationalisation seront compensés par les progrès est une illusion. L’IA, qui devient la technologie incontournable, nous adresse des messages qui vont dans l’autre sens.

 

Accepter une nouvelle vision de l’économie

L’ère industrielle a atteint son pic d’efficacité. Nous n’allons pas produire plus de yaourts et de chaussettes. Nous allons simplement les produire sur notre territoire avec des machines efficaces. Nous en produirons moins parce que les consommateurs ne sont plus des consuméristes.

En revanche, ils deviennent exigeants en matière de vivre ensemble. Il faut donc réorienter le temps libéré dans l’espace productif vers les activités dites « contributives », c’est-à-dire celles dédiées au développement de la qualité du vivre ensemble.

Nous retournons ostensiblement à une économie duale. Avant la révolution, le pouvoir tentait d’être équilibré entre l’Église et L’Etat. À présent, il devient nécessaire d’équilibrer le pouvoir entre l’économie productive et l’économie contributive.

Facile à dire, difficile à mettre en œuvre avec la monnaie actuelle qui a été conçue, avec succès, pour faire éclore l’ère industrielle.

Car, si l’économie productive repose sur les promesses de profits qui permettent de verser des salaires et de générer des taxes, l’économie contributive repose sur sa capacité à produire de l’intelligence collective et les contributeurs de haut niveau dont l’espace productif a besoin.

La monnaie devenant numérique, des pistes s’ouvrent à nous, mais encore faut-il que nous nous penchions sur ces perspectives avec détermination.