Face à l’état de guerre « hybride » ?
Par genevieve-b. vendredi 17 janvier 2025, 22:20. à débattre géopolitique | Lien permanent.
Au sénat, Alexandra de Hoop Scheffer nous explique sa vision anxiogène des liens entre les USA et l’Europe.
La reconfiguration des relations entre les états au sein de l’Occident va être certes compliquée, mais, ces tensions ont des fondements sur lesquels nous allons avoir à arbitrer démocratiquement au sein de l’Europe.
Nous devons le faire sous la contrainte : notre économie et notre démocratie sont attaquées de toute part et les visions de vainqueurs potentiel sont effectivement anxiogène pour nous.
Un état de guerre ?
Nos résistances à la reconfiguration démocratique et diplomatique, qui pourtant s’impose à nous, passent notamment par une remise au clair de la pensée catholique (plutôt socialiste) face à la pensée protestante (clairement libérale).
Nous avons dans le même temps à arbitrer entre une gouvernance collégiale ou radicale.
Musk met tout son potentiel pour nous pousser vers un radicalisme soumis. C’est la raison d’être de la guerre hybride que nous subissons de la part de nos cousins d’Amérique. Cette guerre s’ajoute à celle que mène envers nous le « Sud Global ».
Les USA pensent devoir se battre contre la Chine et ne veulent pas avoir l’Europe comme arbitre … Alors nous affaiblir devient une nécessité, du moins leurs dirigeants en sont convaincus en dépit des obstacles.
Pourtant, ils sont eux-mêmes en crise comme toutes les économies dites « développées » qui sont arrivées à maturité. Chacun sa nuance, mais crise pour tout le monde ! d’ailleurs, leurs indicateurs de richesses, qui ont permis leurs ascensions, sont devenus toxiques.
C’est ce qui rend le match « open » : celui qui en sortira vainqueur sera celui qui aura compris les fondements de la situation et négocié avec son peuple les virages sociétaux qui s’imposent.
Sauver notre patrimoine démocratique
La forme de démocratie que nous voulons reste à configurer, mais cela ne se fera pas sans créativité, audace et détermination.
Actuellement, les français semblent tétanisés. Mais en réalité, de très nombreux collectifs se mettent au travail. Malheureusement, ils demeurent sans coordination et surtout sans outils autres que des plateformes dont nous n’avons pas le contrôle. Ces plateformes sont ouvertes aux 4 vents et nos collectifs s’y font infiltrer !
Alors, ils sont poussés à la colère : facile d’invectiver des citoyens inquiets par les multiples déstabilisations qu’ils constatent. Facile de leur faire dire que leurs décideurs sont des incapables … Facile de favoriser l’immobilisme en donnant la parole à tous ceux qui proposent de tout changer pour que rien ne change … Bref : facile de nous neutraliser pendant que d’autres s’emparent de nos démocraties et de notre économie.
Mais très dangereux de céder à la tentation du chaos.
À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles
Le président Macron a déclaré que nous étions en état de guerre. Nous sommes effectivement en guerre hybride. Une forme de guerre qui ne tue pas les Hommes, mais les idées et la qualité de leur vivre ensemble.
Les détracteurs de l’Occident savent que nous sommes fragilisés. Nous le sommes, comme eux, par l’évolution du climat mais aussi par la bascule sociétale liée à la sortie de l’ère industrielle. Celle qui nous impose de remettre en cause notre vision du vivre ensemble et nos critères de réussite.
Les dictateurs résolvent ces problèmes en faisant des promesses qu’ils ne tiennent pas. Ils se contentent d’écraser les problèmes et donner libre cours à leurs fantasmes …
Les Européens, dans leur majorité, de par leur histoire, ont une maturité qui fait qu’ils refusent d’imposer le scénario de la dictature aux générations futures.
L’État de guerre impose des dispositions spécifiques pour protéger le patrimoine. Il ne s’agit pas directement de nos terres ni de notre population, mais de notre patrimoine culturel, spirituel et de notre souveraineté.
Les innombrables collectifs doivent se rassembler pour demander au président de la république, du sénat et de l’assemblée nationale, non pas d’organiser des « états généraux » ni une « assemblée constituante », mais un dispositif qui nous permette de faire face à la situation actuelle en s’inspirant de celle avec laquelle l’époque gaullienne a redressé la France de l’après-guerre de années 40 :
- L’équivalent du CNR (conseil national de la résistance) pour recréer de la confiance afin de faire repartir la vie sociale et économique qui se fige et nous fragilise.
Le but est de permettre aux collectifs de calmer les colères dans un esprit d’écoute réciproque et de construction de solutions dans un modèle de société en mutation,
- L’équivalent de la « Nouvelle société » qui réfléchit à long et moyen terme sur notre manière de prendre en compte les nouvelles spécificités sociétales qui s’imposent à nous.
Le but, en ayant recours à des « créatifs culturels », est de comprendre les processus de changement en cours et de construire des stratégies évolutives d’adaptation de nos modes de gouvernance, de nos institutions et de leurs outils de pilotage de la vie sociale et économique en tenant compte des technologies et des modes de pensée de notre époque et de celle à venir.
Pour cela, il faut cesser d’écouter les intellectuels et autres experts qui n’ont pas su comprendre le monde qui bouge. Il faut aller chercher les véritables « créatifs culturels », ceux qui ont de l’intuition et que nous avons préféré laisser gamberger hors de la lumière médiatique et académique.
Ce chantier peut être mis en place rapidement en utilisant les CESE et les CESER.
Ainsi, chers compatriotes, présents ou non dans les collectifs et des think tanks, cessez de croire que vous allez nous préserver de cette guerre hybride invisible. Rendez simplement évident le fait que nous devons effectivement acter l’état de guerre hybride et demander à nos gouvernants de prendre les mesures qui s’imposent.