Où en sommes-nous ?

Avant, c’était les familles qui devaient porter soins à leurs aînés comme aux enfants.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la retraite, réservée aux militaires et aux ecclésiastiques, a été institutionnalisée. Le système a bien fonctionné pendant les 30 glorieuses, mais il ne cesse de poser des problèmes au fur et à mesure que la durée de vie s’allonge et que l’emploi se raréfie.

Aujourd’hui, notre système entre dans une phase critique. Chacun comprend la situation. Comprendre, mais pas admettre !

 

Le paradoxe

Réduire la durée de vie des séniors n’est pas une option. Rallonger la durée de contribution est donc la seule voie possible.

La durée de vie étant plus longue, cela semble possible… Éventuellement en introduisant des notions de parcours de carrière et en valorisant des synergies entre les générations.

Mais chacun pense au fond de lui que ce n’est pas suffisant. La destruction de l’emploi plane dans les esprits. La mémoire collective est têtue :

« Les gens étaient dans les champs, on les a poussés vers les usines. Ils étaient dans les usines, on les a poussés dans les bureaux. Ils sont dans les bureaux… On les pousse vers où ? ».

Telle est la vraie question à l’ère de la robotisation et de l’intelligence artificielle mais aussi et surtout face à notre volonté de rationaliser notre manière de produire et de consommer.

Nous voulons rationaliser et nous voulons également relocaliser la production de biens et de service. Mais, pour que cela soit réaliste, nous devons le faire en robotisant pour être plus qualitatif et moins cher que les pays à bas coût.

Autrement dit : la relocalisation crée peu d’emplois. Il faut néanmoins le faire pour relocaliser les savoir-faire, refabriquer du patrimoine capitalistique et humain et raffermir notre souveraineté, mais ne pas compter dessus à propos de nos retraites.

Pour le moment, une part non négligeable de la destruction d’emplois par le secteur productif est cachée dans nos institutions. Ceci fait qu’elles sont coûteuses et peu efficaces. Or, pour relocaliser la production de biens et de services, il faut alléger ce coût de fonctionnement.

Nos institutions doivent également rationaliser leur manière d’assurer leur mission. Elles peuvent le faire via le numérique et en réorientant leur personnel vers les usagers. Mais elles ne vont pas pouvoir créer d’emplois supplémentaires. Du moins dans la logique actuelle.

 

Les vrais besoins de nos agents économiques

Nos entreprises et nos institutions, en se rationalisant, n’ont plus besoin de cohortes de main-d’œuvre abondantes. Elles ont besoin de cerveau d’œuvre hautement qualitatif.

Pour disposer de telles ressources humaines, sans cesse renouvelées, il faut se doter d’un « vivre ensemble » de haute qualité.

Or, le système actuel a tendance à dégrader le « vivre ensemble » qu’il comptabilise comme des dépenses qui sont couvertes par les taxes, les impôts et les charges qui se trouvent être en attrition.

 

Par ailleurs, le système actuel respecte mal les temps de la vie : apprendre, puis faire, puis innover, puis transmettre. Le monde du travail ne sait pas combiner ces besoins.

Le secteur productif absorbe les capacités d’engagement des citoyens qui pourtant sont de plus en plus demandeurs de prendre part à la vie de leur famille, de leur cité, de leur corporation ou encore de leur église. Ils veulent plus de liberté et admettent que plus de liberté nécessite plus d’engagement. Mais, ils ne peuvent pas combiner ces activités avec la nécessiter de « gagner sa vie ».

 

Une nouvelle équation est possible

Actuellement, les systèmes monétaire et financier ont été conçu pour favoriser les entrepreneurs. Ils bénéficient de prêts pour créer et développer leur capacité de création de biens ou de services mais aussi de profit.

Ils peuvent s’enrichir autant qu’ils le peuvent. En contrepartie, ils doivent créer de l’emploi pour le plus grand nombre et générer de la taxe et de l’impôt.

C’est cette équation qui ne fonctionne plus dans les économies développées. Ceci constitue une des composantes des mouvements géopolitiques en cours. Or, cette évolution sans adpatation ad hoc nous est défavorable, ce qui doit nous pousser à reconfigurer notre pensée économique et notre pacte social.

 

Ce système est basé sur la logique du « toujours plus » qui mène la haute finance dans une fuite en avant dévastatrice pour la planète mais aussi nos démocraties.

Cette logique est perçue comme immuable chez nos décideurs, mais aussi dans notre système éducatif et médiatique, ce qui le rend persistant alors qu’il nous fragilise jour après jour.

 

Dans la nature, tout ce qui est sujet à mouvement est régulé par la notion d’ « opposé complémentaire ». Notre système monétaire n’a pas d’opposé complémentaire. C’est le mécanisme qu’il faut introduire à présent.

La monnaie devenant inexorablement numérique pour des raisons de coûts de fonctionnement, elle peut devenir aussi intelligente de manière à intégrer cette notion d’opposé complémentaire.

C’est le sens de la monnaie duale qui est proposée. D’autres approches sont possibles. Écoutons ceux qui ont des idées à proposer !