Le projet de moteur français est une vieille histoire. Le premier qui a existé au monde a été celui du minitel qui a été reconditionné sous le nom d’Altavista lors de l’avènement de l’Internet. Ce moteur a sombré comme ont sombré après lui les autres tentatives françaises, franco-allemandes et européennes. Impliquée de plus ou moins près dans ces aventures, je retiens la confusion qui a régné autour de ces projets avec des nuages de secrets inquiétants et de pseudo-compétents.

Les enjeux et les sommes allouées justifiaient ce climat, mais à chaque projet, j’ai eu la sensation de revivre l’agonie de Bull avec sa prévarication continuellement démentie et donc impunie.

 

Précisions concernant Qwant : sa création a toujours été claire. Il s’agissait de créer un métamoteur (comme Duckduckgo) qui protège les internautes en ce sens qu’il constitue un écran face à Google. Cette protection est en réalité assez théorique comme l’explique Marc Longo, mais elle rassure et permet à Qwant de constituer un index toujours plus riche et efficace et ainsi avancer dans la connaissance de cette fonction afin d’innover.

 

Précisions concernant Microsoft : Il y a toujours eu des accords particuliers entre cette firme et le gouvernement français, notamment à travers l’INRIA : l’Etat fourni des budgets et des chercheurs et Microsoft oriente les recherches et donne accès à des informations qui permettent de faciliter les liens avec les communautés internationales.

 

Le deal qui a été présenté lors de la création de Qwant repose sur le fait que les Français se lamentaient de ne pas avoir de moteur tricolore alors qu’ils en étaient les précurseurs. De son côté, Microsoft se lamentait de voir son moteur Bing délaissé par les internautes à travers le monde. Les accords Qwant – Microsoft passaient donc pour une bonne idée, à un détail près : le montage financier. Qwant paie cher la prestation de Microsoft alors que Qwant rend service à Microsoft puisqu’un moteur a besoin d’utilisateurs pour s’améliorer.

 

Concernant l’enquête sollicitée auprès de la Cour des comptes, si elle aboutit, celle-ci va révéler des détails que nous ne connaissons pas, mais qui nous dirons comment Qwant est maintenu dans l’incapacité d’innover réellement et donc de remplir sa promesse de moteur européen capable de protèger réellement la souveraineté numérique des utilisateurs.

Cette même enquête pourrait éventuellement permettre de comprendre en partie comment aurait pu être financée la campagne de 2007 de l’actuel président…

 

Ce que nous pouvons en attendre, c’est qu’elle contribue à nous libérer de ces pratiques obscures où des ambitieux sont instrumentalisés avec des promesses qu’ils ne tiendront pas parce qu’ils ont vendu leur âme aux diables qui leur ont fait des promesses.

En rassemblant nos témoignages, nous pouvons contribuer à libérer le besoin de souveraineté, nos savoirs faire et la capacité d’innovation de nos concitoyens.

 

Ceci étant dit, la pérennisation de Qwant gagnerait à être préservée, mais dans un contexte clair. Qwant c’est une marque connue et utilisée. Ce patrimoine doit être préservé.