Gérer c’est prévoir !

Pour cela, plusieurs approches :

  1. L’astrologie est la plus ancienne,
  2. La prévision est faite avec des datas, pour des échéances courtes (1 seconde à 3 ans),
  3. La prospective est faite avec des scénarios imaginés, pour des échéances de 3 à 5 ans,
  4. La science-fiction est construite avec des narratifs sortis de l’imagination d’artistes.
  5. La VLT (vision à long terme) appelée aussi futurologie. Dédiée au long terme (30, 60, 90 et 120 ans), elle comprend :
  • La futurologie systémique est faite en corrélant des statistiques.

Le rapport Meadows du Club de Rome a été construit avec la futurologie systémique. Ceci a été éclairant à bien des égards, mais les séquences de chiffres ne parlent que du passé et n’intègrent pas les composantes non chiffrables. Ceci crée des angles morts dommageables.

  • La futurologie cybernéticienne agrège l’état des connaissances de nombreuses disciplines qui expliquent le passé afin de tracer des tendances probables.

 

La VLT est utilisée en amont des autres démarches citées ci-dessus.

Contrairement à la prospective et la science-fiction, elle ne fait pas appel à l’imagination, mais aux données « solides » produites par les sciences et la maîtrise des données.

Ce blog est dédié à la futurologie cybernéticiennes.

 

 

 

 

Pourquoi s’intéresser au long terme

Churchill disait :

« plus l’actualité va vite, plus il faut regarder loin pour prendre des décisions immédiates ».

Le futur avance selon des principes que nous commençons à comprendre à travers les progrès scientifiques.

 

Le futurologue cybernéticien ("prospective cybernetic" en anglais) explore les composantes d’une problématique sur lequel on lui demande de s’exprimer et à leur mouvement au fil du temps.

Ces composantes sont des considérations scientifiques ; géologie, climatologie, démographie, économie, histoire, géopolitique… etc.

 

 

 

Principe

La futurologie cybernéticienne s’intéresse en priorité aux mécanismes de prise de décisions.

À titre individuel, nous prenons des décisions en nous appuyant sur :

  • Notre passé immédiat, dont nous avons conscience,
  • Notre passé profond, celui que nous avons hérité de notre lignée mais que nous ne maîtrisons guère. C’est notre passé profond qui a le plus de poids dans notre prise de décision.

 

Le processus de décision d’une collectivité est semblable à celui des individus isolés, sauf lorsque la collectivité est sous influence ou fanatisée.

 

 

Mise en œuvre

La futurologie cybernéticienne n’a pas recours à l’imagination, seulement l’analyse des faits (connus, adossés à des travaux scientifiques solides).

Le futur y est pensé de manière cybernétique, c’est-à-dire en mouvement permanent.

Le futurologue déconstruit le passé en remontant le plus loin possible dans le temps pour identifier la nature et la dynamique de ces évènements.

Il les confronte ensuite à l’évolution probable induite par l’innovation et tous les changements sociétaux géopolitiques et environnementaux.

Ses méthodes de travail sont organisées autour de certaines règles. Par exemple, l’évolution va toujours dans le même sens : elle vise à obtenir un meilleur résultat avec moins d’énergie, elle va de la matière vers le spirituel… etc.

 

Le futurologue cybernéticien est donc un agrégateur de connaissances dans de nombreux domaines tels que : la géopolitique, la géographie, l’économie, la sociologie, la climatologie, la biologie, l’anthropologie, les technologies (dont les architectures systèmes)… etc. Il adosse son travail à une veille artistique, technologique et sociétale.

Exemple (générique) : l’Homme a cherché à dompter la nature. Pour cela, il a construit des outils et tenté de maîtriser la matière. À présent, il se rend compte qu’il ne peut pas dompter la nature, mais qu’il doit composer avec elle.

Les outils qu’il crée ont pour but de le libérer des vicissitudes de la vie quotidienne, mais, ce qui est nouveau en ce début de 21ème siècle, c’est qu’il veut en plus mieux maîtriser son environnement.

 

La futurologie se pratique au niveau d’une problématique donnée :

Par exemple : que deviennent les métiers liés à la justice avec l’arrivée de la conciliation et des legaltech ?

 

Elle se pratique dans des contextes multidisciplinaires :

Par exemple : que penser de la décrue démographique des villes ?

Ce qui compte dans le travail du futurologue cybernéticien, ce ne sont pas ses conclusions mais la construction intellectuelle qu’il soumet au débat.

 

 

Complémentarité avec les autres disciplines liées au futur

 

Les prévisions, qui sont à présent réalisées à grands coups de big datas, reviennent en réalité à piloter le présent avec un rétroviseur. Ceci a pour effet de gommer la perception des évolutions.

La prospective est faite sur la base de scénarios imaginés. Elle est entachée des biais cognitifs des contributeurs. Ceci a pour effet de masquer la réalité. Voilà pourquoi une approche de futurologie cybernéticienne est recommandée avant de réaliser une démarche prospective.

 

 

Brève histoire de la futurologie cybernéticienne

 

Cette discipline existe depuis à peu près un siècle.

Les Français y étaient en pointe. Elle a été enseignée à Dauphine de 1972 à 1976, notamment par les commissaires au plan de l’équipe de Charles de Gaule. Le laboratoire a été fermé au motif que "la France n’était pas une économie planifiée et que par conséquent elle n’avait pas besoin de posséder ses propres futurologues".

Le commissariat au plan de l’époque avait pour mission d’ajuster en permanence les plans à 5 ans afin d’éclairer les réalisateurs des budgets annuels. Pour cela, il actualisé les visions à 30, 60, 90 et 120 ans.

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, deux axes idéologies se sont affrontés : le « monde libre » (libéral) et le monde « planifié » (communiste).

Au motif de suivre le bon déroulement du plan Marshal, les USA ont développé un ensemble de structures privées (exemple les cabinets de conseil américaines appelés les « Big Five ») et collectives (dont l’OCDE) qui ont veillé à orienter le développement économique du « monde libre » dont l’Europe et donc la France.

De ce fait, la futurologie s’est trouvée développée essentiellement aux USA et en Chine.

 

À présent, les choses changent : le monde « libre » tente de se gouverner à grand renfort de big datas et le monde planifié développe l’entrepreneuriat à tout va. La notion de mondialisation a montré ses limites. Chaque zone géopolitique s’organise pour faire face à la spécificité des évolutions de toutes natures qui façonnent jour après jour son environnement et qui font sa spécificité.

C’est ainsi que la futurologie cybernéticienne sort de son omerta pour apporter sa contribution indispensable à la recomposition de notre vivre ensemble.