Production de masse  versus désir de maturité démocratique

Poutine en déduit que l’occident entre en décadence, la Chine en déduit que son peuple est gouverné de manière à donner sa pleine puissance… Les USA préservent leurs outils hégémoniques, mais quid de ses partenaires européens ?

 

Les BRICS entrent dans une dynamique économique d’équipement de leurs ménages, de leurs entreprises et de leurs infrastructures. Nous avons connu et aimé cette phase.

L’occident est le premier espace à entrer définitivement dans une économie de renouvellement responsable. Elle n’en est plus à équiper ses ménages, mais à renouveler leurs équipements en privilégiant l’efficacité. Efficacité à tous les étages : dans la manière de produire, de consommer et de recycler !

Un exemple emblématique : l’économie de la fonctionnalité appliquée à l’automobile. Compte tenu du fait du faible taux d’utilisation effective du parc, il serait possible de réduire de plus de 80 % le nombre de véhicule en circulation et donc à produire et à entretenir.

Or, l’automobile a représenté près de 15 % du PIB européen. S’il passe à 3 %, cela change profondément notre regard sur les dogmes économiques communément admis.

Il y a aussi la réindustrialisation en cours. Elle se fait à grand renfort de rationalisation des ressources extractives, énergétiques et main-d’œuvre. Elle ne crée donc plus autant d’emplois que l’industrie qui a été détruite. Elle nécessite plus de cerveaux et d’experts, soit des travailleurs bien rémunérés, mais moins nombreux et surtout en constant renouvellement (énergie, idées, savoirs).

 

Pour le moment, les blocs se comparent et entrent en compétitivité aiguë, à la limite de l’affrontement pour ce qui concerne les USA et la Chine.

Cette comparaison est stérile. Les progrès qui font la dynamique sociale et économique des deux espaces ne se comparent pas.

 

Se doter des moyens de poursuivre notre évolution anthropologique

L’Europe, est historiquement la première zone à avoir créé une dynamique de prospérité avec de l’industrialisation, puis des progrès sociaux, puis le consumérisme, avant de céder le pas au profit des USA. à présent, elle se trouve être la première à devoir faire face à l’« étape d’après », celle qui prend pour acquis qu’il est techniquement possible de satisfaire correctement les besoins primaires de ses concitoyens et ceux-ci doivent l’être.

Certes, elle va continuer à améliorer ses yaourts et ses voitures, mais elle ne va guère en produire plus pour ce qui concerne sa propre consommation. En plus de veiller à satisfaire les besoins primaires du plus grand nombre, elle va s’organiser pour répondre à un besoin nouveau de ses concitoyens : le désir de « réussir sa vie », c’est-à-dire faire du bien autour de soi, se rendre utile, apporter de l’audace et de la créativité à ses communautés …

Pendant ce temps-là, les autres blocs géopolitiques commencent à produire en masse leurs yaourts et leurs voitures. Ils tentent de nous les vendre à un prix de masse puisque issu d’une industrie de masse comme nous l’avons connue … Le tout assorti d’une communication consumériste comme nous l’avons fait avant eux.

Mais nos citoyens producteurs et consommateurs ne devraient pas redevenir des consuméristes.

 

Dès lors, pour qu’ils ne le redeviennent pas, le challenge consiste à se doter des moyens de permettre à chacun de « réussir sa vie » en contribuant au développement du bien commun à hauteur de ses moyens.

En clair, il s’agit de donner de la réalité (actualisée) au slogan des révolutionnaires du 18ème siècle : « liberté, égalité, fraternité ». Il faut récompenser le temps alloué à ce que nous considérons actuellement comme des dépenses puisque ne créant pas de valeurs directement commercialisable : la famille, la culture – les savoirs et l’innovation, la démocratie et la spiritualité auquel il faut ajouter toutes les activités empathiques qui sont dédiées aux résolutions de conflits sanitaires, juridiques et environnementaux. Autrement dit, tout ce qui fait les fondements d’une prospérité basée sur un climat de confiance.

 

Ce challenge devient nécessaire dans un monde hautement numérisé où tout va vite et nécessite de l’expertise pour faire face à l’abstraction croissante des gouvernances et des créations de valeur.

Dès lors, l’Europe a besoin de faire évoluer ses outils de gouvernance. En particulier ses mécanismes monétaires.

Pour le moment, la monnaie est créée lorsque des investissements sont décidés et que des emprunt pour les réaliser sont octroyés, puis remboursés lorsque ces investissements produisent de la richesse et donc du profit. Ceci reflète une vision courtermiste de l’économie. D’ailleurs, son expansion aboutit à la fermeture des écoles, des tribunaux ou encore des hôpitaux et à l’uberisation des crèches ou des Ehpad. Nos démocraties s'en trouve chaque jour plus fragilisée en perdant la confiance de leurs électeurs !

Or, pour y remédier, il faut prendre en considération la création de valeur par les citoyens œuvrant en faveur d’une civilisation mature et évolutive.

 

Le patrimoine humain, l’investissement d’avenir !

En effet, désormais, la principale richesse d’un espace géopolitique est liée à son patrimoine humain et culturel. C’est lui qui doit prendre le pas dans la dynamique monétaire et non plus la création de richesse marchande.

Voici l’opportunité pour l’Occident de poursuivre son évolution et non de subir, en tremblant, son asservissement ou un affrontement dont l’humanité ne sortira pas grandie.

Les technologies, dont celles liées à la blockchain nous permettent de le faire à des coûts très compétitifs. L’Europe est en pointe sur ces technologies et les réflexions sur les mécanismes monétaires adaptés aux attentes de ses concitoyens sont en marche.