L’IA peut-elle rendre nos institutions efficaces ?
Par genevieve-b. mardi 6 février 2024, 13:14. à débattre intelligence artificielle | Lien permanent.
Article intéressant de Gilles Babinet sur son blog qui propose d’accélérer la pénétration de l’IA dans nos institutions en réponse à leur efficacité décroissante.
L’idée semble logique pour les solutionistes.
Elle serait déceptive si nous la suivions à la lettre.
Les 3 piliers de l’IA sont-ils fiables ?
Ceux qui ont commencé à taquiner quelques IA comprennent rapidement que leur efficacité repose sur 3 composantes : le choix de l’IA, les données engagées et les promptes (requêtes) soumis.
A supposé que les IA choisies soient les bonnes, demeure le problème des données et des promptes.
- Pour ce qui est des données, les géants du numérique occultent le sujet puisqu’ils pillent tout ce qu’ils peuvent et espère que ces données, à elles toutes, reflètent la réalité. Il ne pourra en être ainsi éternellement.
En Europe, nous voulons fiabiliser les données à travers l’instauration de communs de données, c’est-à-dire des espaces d’échanges de données où :
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- ceux qui en fournissent s’engagent à ne fournir que de la donnée fiable,
- ceux qui les utilisent s’engagent à en faire un usage éthique, vérifiables par les individus originaires de la donnée.
Ceci fonctionne dans le système X-Road estonien grâce à une blockchain verte, gérée par une instance hautement démocratique.
- Pour ce qui est des promptes, ils deviennent une expertise à part entière. Pour l’exercer pleinement, il faut comprendre le contexte de la requête, la formuler avec les mots les plus circonstanciés et être capable d’interpréter la réponse pour en déceler les angles morts.
Un autre modèle de société s’impose
La vie de chacun de nous est faite d’échanges et les échanges rendent nos environnements vivants. Sans échanges, nous nous éloignons de la réalité. La machine n’a pas d’écoute empathique.
Les solutionistes cherchent à rendre les institutions plus efficaces tout en étant moins coûteuses, en particulier en se passant des fonctionnaires en contact avec le public.
Or, les entrepreneurs cherchent à faire la même chose. Nous obtenons ainsi un effondrement de la classe moyenne et l’effondrement de la classe moyenne induit l’effondrement de la civilisation.
Qui rêve d’une telle dystopie où nous serions la plupart du temps en train de nous débattre avec nos ordinateurs pour évoluer dans les méandres de la complexité ? Un monde où seuls les plus agiles intellectuellement et affectivement seraient capables de survivre ???
Comme le disent les anciens, la vie des humains est en deux parties : le corps et l’esprit.
Notre économie et notre vie sociale doivent être organisées de manière à mettre ces deux composantes en synergie. Actuellement, notre système monétaire ne reconnaît que ce qui concerne le corps (besoins primaires) et laisse au bénévolat et au volontariat le libre arbitre sur ce qui concerne « l’esprit ».
Emmanuel Todd dans son livre fracassant « la défaire de l’Occident » souligne que nous avons ainsi laissé se répandre « la religion du rien ».
Les populations nomades consacraient 50 % de leur temps aux tâches liées au partage et à l’empathie et donc au progrès. C’est le retour à ce modèle qui devrait nous inspirer.
Réfléchissons à cette économie duale « productive & contributive » et à la manière dont nous pourrions la mettre en œuvre (proposition de la « théorie QUALITATIVE de la monnaie ».
Ce n’est pas parce qu’un problème est complexe qu’il ne faut pas s’y atteler…