Nous entrons dans la rationalisation (simplexité)

La transition est compliquée car nous peinons à renoncer à un siècle de dogmes économiques.

Mais à présent il y a urgence : l’économie occidentale est submergée par les autres économies qui entrent à leur tour dans les phases exubérantes qui ont fait notre force.

 

Les Hommes n’ont pas que des besoins primaires (économie productive). Ils ont aussi des besoins sociaux (économie contributive). C’est à travers les relations sociales qu’ils progressent. Et, progresser c’est le propre du vivant.

Dans le vivant, le progrès se fait en 3 phases :

  1. L’homéostasie : décision de prendre le risque d’évoluer,
  2. La vicariance : innovations tous azimuts,
  3. Simplexité : rationalisation de la solution la plus probante.

L’éclosion de l’ère industrielle a correspondu à une phase d’homéostatique (révolution) puis de vicariance (capitalisme amoral) durant laquelle les Européens ont cherché des solutions pour satisfaire les besoins primaires du plus grand nombre. Cela a été fait avec exubérance.

À présent, l’Europe, berceau de l’ère industrielle, entre dans la phase de simplexité avec la volonté, très marquée dans les générations montantes, de faire mieux avec moins.

 

Transition, période de fragilité

Cette transition donne lieu à beaucoup d’innovations et la vitalité intellectuelle européenne n’est pas inquiétante. Mais, en même temps, cette transition génère beaucoup de tensions car l’ancien modèle doit être maintenu tant que le nouveau n’est pas installé.

L’ancien modèle a été rendu possible en faisant émerger le capitalisme aux dépens de l’ordre imposé par la stabilisation des classes sociales.

Le modèle qui émerge ne repose plus sur la capacité à concentrer du capital, mais à concentrer du savoir et des talents. Bonne nouvelles pour les écologistes, ces richesses ne sont pas extractives et ne sont pas produites dans des usines. Elles dépendent de nos démocraties.

Or, les instances qui gèrent le capital ne savent pas faire fructifier ce patrimoine. Leurs dogmes les en empêchent et leurs outils ne sont pas adaptables. En effet, ce patrimoine correspond à des formes de création de valeur qui n’ont pas de métriques et nul ne peut dire quand et avec quelle amplitude cette création de valeur portera ses fruits.

Alors, ils l’ignorent, bien que le développement de ce patrimoine prenne une part croissante dans la compétitivité des nations.

 

Pressés par les risques d’effondrement

Cette période de transition impose de la cohésion autour d’un projet de société qui reste à expliciter.

En attendant, il est aisé de susciter la colère des citoyens et de jouer sur les peurs : la guerre hybride que nous subissons emporte des victoires faciles et dévastatrices : notre capitalisme tombe entre les mains de « gros malins » amoraux et apatrides. Ce sont des kleptocrates qui ont en commun d’être obsédés par le profit rapide.

  • La fin du mois n’a pas d’importance pour eux puisqu’ils ont une sensation d’impunité avec leurs matelas financiers.
  • La fin du monde les préoccupe car le risque de manque de ressources extractives menace leur business. Alors, ils mettent sous tension les « Hommes ordinaires » avec des images et des messages inquiétants.

Ainsi, ils pratiquent ouvertement l’« excuse de Nuremberg » en clamant que si le climat se dégrade, c’est, au final, la faute des consommateurs !

Pendant ce temps-là, dans nos écoles, les enfants ont la tête vide, abrutie par les écrans, les lieux communs s’effritent faute d’entretien, les services publics deviennent inopérants… etc.

 

Vers un modèle européen de société désirable

L’Europe est face à son destin : son endettement devient insupportable. Faire des restrictions budgétaires n’est pas la solution puisqu’elle entrave l’économie contributive qui elle-même se met à entraver l’économie productive.

La question est donc de reconfigurer l’économie pour qu’elle soit capable de reconnaître l’existence de l’économie contributive qui est nécessaire au déploiement de la phase de simplexité dont l’économie productive a envie et besoin.

La mise au point des outils de gouvernance, dont la monnaie, sont assurément plus complexes que ceux que nous devons quitter. Mais les possibilités technologiques nous ouvrent des opportunités entièrement nouvelles.

Voir par exemple la proposition de la « théorie QUALITATIVE de la monnaie » qui se saisi de l’opportunité de l’avènement des MNBC pour favoriser un nouveau modèle de société où la création de valeur immatérielle y prend toute sa place au profit des besoins sociétaux.