Conjuguer le court et le long terme

Les politiques sont axés sur les solutions à effet immédiat, poussé par un climat d’urgence.

En effet, l’étranger n’hésite pas à déprimer l’Européen moyen : démographie en chute, bascule énergétique incertaine, mécanisme monétaire devenu incontrôlable…

Or, ce qui peut être présenté comme des signes de décadence sont potentiellement des opportunités de renouveau.

Alors : se laisser mourir ou bien construire une nouvelle forme de prospérité ?

L’option N°2 est la bonne, mais elle nécessite de la volonté et de l’audace… Comme cela s’est passé après la dernière guerre mondiale, même si les causes et les effets sont très différents.

 

Du « conseil national de la résistance » à la « nouvelle société »

Emmanuel Macron, lorsqu’il préparait sa candidature depuis l’Élysée, avait été marqué par la « grande marche » de Jean Lassale et les messages qu’il en avait retirés.

Jean Lassale avait parcouru à pied un tour de France de 6 000 km. La population était invitée à marcher à ses côté pour lui exposer des suggestions, des souffrances, des espoirs… Une sorte de cahier de doléances oral (et écrit via Internet).

La sensation qui en est ressortie a été que la France était à « reconstruire ». Les messages étaient flous, mais convergeant.

Alors on s’est mis à reparler du « conseil national de la résistance », qui a permis de redresser la France après la dernière guerre en parallèle des actions menées par les USA à travers le plan Marshall.

Ce « conseil » [collaboratif] s’est attelé au court terme avec courage et pragmatisme aux problèmes les plus urgents et en a profité pour faire émerger un modèle de protection sociale qui a permis les « 30 glorieuses ».

Peu après, dans les années 60, Jacques Chaban Delmas a lancé un chantier de réflexion dénommé « la nouvelle société » où il a travaillé à long terme, pour la France des années 2000 et les options à prendre d’ici là.

Il en est ressorti le nucléaire, les stratégies numériques, les grandes options pour l’éducation, les médias ou encore le transport. Ceci s’est fait dans un climat de tension… il est vrai que Georges Pompidou, ancien employé de la banque Rothschild, et président de la république était canalisé par les dispositions liées au plan Marshall.

Quoiqu’il en soit, la France s’y est forgé une fierté fédératrice !

Ces deux approches ont été complémentaires :

  • La première portée par des Hommes de terrain et axées sur des solutions opérationnelles,
  • La seconde portée par des Hommes aguerris aux questions complexes et portés par la volonté de proposer un horizon enviable.

La France a bénéficié de ces deux courants de réflexions et d’actions.

Singulièrement, l’exécutif actuel ne s’intéresse qu’à rééditer la première approche alors que le pays n’est pas détruit : ses institutions sont en distorsion croissantes au regard des évolutions.

C’est en réalité surtout de la seconde approche qui est prioritaire : comment tirer parti des évolutions sociétales et géopolitiques à travers des projets audacieux ?