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Pourquoi taxer les robots ?

Notre protection sociale est financée par les charges sociales et par les impôts, payés par les entreprises et les ménages.

Si les robots remplacent des salariés, la part de la protection sociale issue des charges sociales s’amenuise. D’où l’idée de taxer les robots.

 

Le risque de concurrence fiscale n’est pas le motif le plus pertinent pour s'y opposer. Certes, certaines nations peuvent être tentées de se montrer plus accueillante pour les usines robotisées, mais elles devraient trouver ailleurs la manière d’être socialement attractives envers leurs citoyens, faute de quoi elles vont faire fuir leurs talents et leurs savoirs.

 

La réduction du travail salarié n’est pas seulement due aux robots. Elle provient aussi des progrès organisationnels, du passage à l’économie circulaire et de fonctionnalité ainsi que de l’évolution du mode de consommation : moins, mais mieux.

La notion de pénibilité s’est avérée très difficile à définir. La notion de robotisation s’annonce bien plus difficile à circonscrire. Les bras mécaniques intelligents qui remplissent progressivement les ateliers sont identifiables et la part qu’ils prennent sur le travail de l’homme aussi. Mais comment cerner les « bots  » et les innombrables programmes qui sont à la manœuvre dans notre vie professionnelle, personnelle et citoyenne.

De plus, la notion de vitesse de travail et de qualité du rendu est impossible à cerner. Mais surtout, les robots sont partout et ils conjuguent leur efficacité.

Il y a apparemment une erreur de raisonnement dans l'idée de taxer ce complexe système de robots.

 

 

Quel pouvoir d’achat au 21ème siècle ?

Le salariat, dans le modèle de la fin du 20ème siècle, constitue la manière d’acheminer du pouvoir d’achat auprès des ménages. Au fur et à mesure que le travail salarié passe la main aux robots, cette mission va devoir être remplie par d’autres canaux.

Le prix des biens et des services vendus dépend de son coût de fabrication : il tient compte essentiellement, outre la fiscalité, de la matière première, l’amortissement des équipements et main-d’œuvre. Il dépend aussi du prix que les clients sont prêts à y mettre.

Dans la mesure où les biens et les services sont produits à faible coût et que le consommateur en a conscience, il devient difficile de pratiquer des prix élevés avec de fortes marges bénéficiaires. Il y aura toujours un acteur qui se positionnera en dessous du prix habituellement pratiqué jusqu’à ce que le prix se stabilise à son juste niveau (sauf si le marché est corrompu, ce qui devient difficile avec la mondialisation).

Ainsi, les prix vont baisser. Le volume va également baisser avec la banalisation de l'économie de fonctionnalité.

Ainsi, l'abaissement des prélèvements sur les charges sociales ne constitue qu’un aspect du changement que subit notre modèle sociétal. La fiscalité issue des entreprises va diminuer ainsi que celle des consommateurs.

C’est donc une autre forme d’économie que nous allons devoir aborder.

 

Un autre espace économique émerge

L’ancien modèle repose sur l’idée qu’il y a du travail pour tout le monde pour nourrir, loger, vêtir, instruire, soigner, protéger ou encore distraire la population. Tout le monde étant occupé, il est possible de mettre en place un système redistributif qui encourage les comportements vertueux et qui protège les plus faibles.

Le monde « merveilleux » que nous avons développé jusqu’à ce jour est l'aboutissement du travail acharné de nos aînés, des leurs débats continus, de leurs échanges de savoir, de leurs expérimentations, de leurs initiatives et de leurs prises de risques. Notre vivre ensemble serait encore barbare si nous n’avions pas laissé un espace aux philosophes, aux scientifiques, aux ingénieurs, aux artisans, aux églises ou encore aux artistes. Il ne serait pas aussi efficace si nous n’avions pas accordé du crédit aux inventeurs et à ceux qui ont préparé leurs esprits.

Alors, si nous voulons poursuivre cette aventure humaine, nous devons libérer à nouveau la voie du partage du savoir, du développement de l’éthique, de la mise en confiance des plus jeunes et du respect vis-à-vis des aînés, qui ont la mémoire du passé à transmettre.

Nous devons encourager les citoyens à réorienter le temps libéré par les robots dans leurs contributions à l’enrichissement du bien commun immatériel.

 

Ceci nous conduit à un modèle de société complètement différent : pour que les citoyens contribuent, il faut qu’ils en aient les moyens. L’appareil productif doit être gouverné de manière à produire de quoi satisfaire les besoins. L'appareil commercial, de son côté, doit permette à la communauté de se procurer les biens et les services manquants. Ainsi, il est possible de définir la production minimum et les achats extérieurs minimums.

Les surplus issus de l’économie productive, qui ont été cédés sur le marché international, vont permettre de récompenser les acteurs de l’appareil productif et commercial.

Alors, la population, étant satisfaite de manière basique, a la possibilité de contribuer à l’appareil productif et / ou à l’appareil contributif (qui est dédié à la satisfaction à long terme de la communauté).

L'appareil contributif va devoir posséder lui-même son outil d’incitation à contribuer. Cela peut être fait en le dotant d’un système d’échanges à travers des monnaies de contribution. Or, justement, les citoyens, les entreprises et les administrations consomment de plus en plus de prestations issues de l’appareil contributif.

En effet, cet espace contributif est appelé à connaître une croissance considérable puisqu’il va englober les activités liées à la famille, à la démocratie, aux savoirs, à l’innovation, à l’empathie, à la culture ou encore à la spiritualité.

Les activités liées à l’empathie sont celles liées à la médiation, à la résolution de conflit, aux grandes causes et aux soins des plus fragiles de son entourage. Autant d’actions qui ne prennent pas leur place dans le secteur marchand et régalien.

Les progrès scienctifiques appellent tôt ou tard des progrès sociaux. C'est l'étape que nous avons à franchir à présent.

Ce sont donc ces monnaies qui sont à inventer, pas la taxe sur les robots.