Ce que nous disent les témoignages des décideurs

Le thinkerview de Jacques de Larosière du 18/10/23 renforce ce que Raphael Rosselo dit à propos de l’égarement de nos grands argentiers. Je salue leur courage.

Comprendre comment nous en sommes arrivés là, c’est un peu se faire expliquer par un maître de bridge comment nous aurions dû demander un chelem et comment nous aurions dû le jouer. C’est plus facile de le dire quand toutes les cartes sont sur la table…

Jacques de Larosière nous dit quelque chose d’important à propos de la reconfiguration géopolitique en cours : les chiffres et les réglementations ne reflètent pas la réalité car ce sont les pulsions de vie qui font évoluer le monde et non les chiffres.

Toute la question est de savoir si l’occident est en train de muter ou bien si ses héros sont fatigués. En tout cas, le système est détraqué et nous devons développer beaucoup d’intelligence pour lui donner un nouvel élan.

Je me pose ces mêmes questions, mais en misant sur une démarche de futurologue cybernéticienne. C’est-à-dire en faisant de l’archéologie sur les intentions de ceux qui ont bâti le système et l’observation du contexte dans lequel il est utilisé à présent.

 

Voici un bref retour d’analyse

Ce système a été créé en Occident pour faire émerger l’ère industrielle. Cela convient à présent aux BRICS et aux pays qui les rallient. Mais il a atteint son optimum d’efficacité et il devient toxique pour l’Europe. En effet, sous l’impulsion des générations montantes, le continent européen entre dans l’ère de la rationalisation. Vouloir faire « mieux avec moins », va dans le sens de l’évolution du vivant. Ce mouvement est donc irréversible.

Un autre système semble possible via un tissu entrepreneurial créatif et réactif, adossé à un vivier de startup. Autrement dit, une logique économique diamétralement opposée à celle du siècle dernier.

Cette évolution impose de miser fortement sur l’intelligence collective des citoyens. En effet, la rationalisation impose de mettre beaucoup d’intelligence et de savoir dans les biens et les services produits. Ainsi, l’intelligence collective devient le patrimoine le plus précieux de la nation. Et pour l’obtenir, il faut développer un vivre ensemble de haute qualité.

Or, dans notre système actuel, le vivre ensemble coûte de plus en plus cher. Si dans le même temps le déploiement de la volonté de « faire mieux avec moins » comprime les indicateurs de croissance, la classe moyenne s’effondre. L’automatisation absorbe en priorité les tâches qui lui sont traditionnellement allouées. Mais, la paix sociale coûte cher.

Or, la numérisation de la société nécessite de plus en plus de relationnels, en particulier dans les institutions qui animent le vivre ensemble. Ainsi, l’emploi se perd alors que s’accumulent les besoins en contribution demeurent non satisfaits.

Manifestement, il faut repenser le système monétaire et le faire suffisamment vite avant d’être submergés par les BRIGS et leurs alliés qui ne sont pas dans la même phase de développement que l’Occident.

Mais les dogmes de nos argentiers obstruent leur capacité à mettre à plat cette nouvelle équation.

Alors, la publication « Quelle monnaie(s) pour quel modèle de société » réalisé en synergie avec Altermonnaies, tente une proposition : « La théorie qualitative de la monnaie ».

 

Une proposition pour ouvrir un débat créatif

Partant de l’idée que la monnaie est l’hormone d’échange entre les Hommes, nous constatons que la monnaie actuelle fonctionne sans « opposé complémentaire », contrairement aux mécanismes couramment établi dans la nature. C’est ce qui lui donne une dynamique irrépressible de fuite en avant.

Avec les technologies disponibles en matière de monnaies programmables, il est possible de passer à une économie duale qui permet d’équilibrer l’économie productive, celle dédiée aux besoins primaires des citoyens, et l’économie contributive, celle du vivre ensemble.

Ce mécanisme permet de réorienter le temps libéré par le progrès vers les activités qui favorisent le développement de l’intelligence collective, dont le tissu entrepreneurial a besoin pour être créatif et réactif.

Un tel système nécessite le déploiement d’une démocratie basée sur l’engagement des citoyens puisqu’il vise à leur donner du temps pour développer le bien commun dont le système productif a besoin pour assurer sa compétitivité.

La blockchain est au cœur de ces propositions : tant pour les monnaies numériques que pour les gouvernances décentralisées.

Cette proposition n’est pas un bréviaire qui cherche des apôtres, mais une ouverture créative mise en débat.