Ce que nous disent ces 3 termes

Il y a une progression dans ces propositions qui sont toutes les bienvenues pour nourrir le débat.

  • Le terme « régénératif », introduit l’idée d’interdépendance de l’ensemble des organismes vivant sur la terre. Ce vocable me gêne car il prend mal en compte les mécanismes d’évolution. Or, cette notion constitue un des fondements de la futurologie cybernéticienne qui pose que :

Le vivant fonctionne comme une horloge dont les aiguilles ne reviennent jamais au même endroit.

  • Le terme « symbiotique » est plus simple à expliciter. Il recommande d’organiser la nature pour qu’elle aille bien tout en servant les besoins raisonnables des Hommes :

Si je vais bien, mon entourage en profite. Si je m’arrange pour que mon entourage aille bien je vais en profiter.

  • Le terme « dual » issu de mes travaux reprend l’adage romain « un corps sain dans un esprit sain ». Or, un esprit sain réclame un environnement sain.

 

Progression de ces propositions

Les travaux autour du « régénératif » s’inscrivent dans le prolongement des travaux du couple Meadows. Ceux-ci reposent sur leur approche qui relève de la futurologie systémique. Malheureusement, ils n’ont pas été complétés par une approche de futurologie cybernéticienne, ce qui laisse des angles morts dans leur conclusion.

La conséquence, notamment, en est que la notion d’adaptabilité du vivant n’est pas prise en compte.

Pour mémoire, La systémique est faite avec des corrélations de séquences statistiques et donc de faits échus. La cybernétique explore les processus d’évolution en tenant compte des phases dans lesquelles se situent les composantes qui constituent l’environnement du vivant étudié.

La proposition « duale » relève de la futurologie cybernéticienne. Ses conclusions sont donc plus complexes à appréhender, mais permettent d’aller plus loin dans la construction d’un projet de société.

La proposition « symbiotique » apparaît donc comme la voie médiane qui permet d’avancer dès à présent dans l’environnement agraire.

 

Instauration d’un nouveau modèle de société

L’exubérance de l’ère industrielle a été rendue possible à travers une logique monétaire et donc économique et sociale qui nous a éloignés de notre rapport à la nature.

Ce système récompense en priorité les entrepreneurs car leurs initiatives sont source de progrès. Cette récompense se fait via les profits.

Les générations montantes souhaitent réinstaller cette interdépendance, mais pour cela, il devient nécessaire de repenser le système de récompense et donc le système monétaire.

Le système dual ne renie pas l’importance des entrepreneurs dans le processus de progrès, mais il pose un régulateur à leurs profits à travers un pacte avec les citoyens de manière à ce qu’une vie décente leur soit assurée en contrepartie de leur engagement dans la qualité du vivre ensemble. Les entrepreneurs sont preneurs de ce modèle car ils ont de plus en plus besoin de talents et de savoirs issus de ce vivre ensemble de qualité.

 

Cette logique devient possible et même urgente en occident

Désormais, le progrès détruit l’emploi. Le système monétaire actuel n’est pas conçu pour permettre aux citoyens de réinvestir leur temps et leur énergie, libérés par le progrès, vers le développement d’un vivre ensemble de haut niveau. Au contraire même, il comprime les budgets de L’Etat qui, de ce fait réduit sans cesse la protection de notre patrimoine sociétal.

Or, le progrès passe par la numérisation et la numérisation impose aux nations de préserver leur patrimoine humain : talents, savoirs et savoir-faire mais aussi culture, démocratie et références spirituelles. C’est ce conflit qui est à gérer à présent.

La dette devenant ingérable en occident, une remise à plat du système devient indispensable. Dans un contexte géopolitique tendu où se mêlent la défense des territoires mais aussi des savoirs et des démocraties, nous devons dépasser nos tergiversations sémantiques et poser nos problèmes avec lucidité. Un problème mal posé ne trouve pas sa solution.

Allons-nous discuter encore longtemps de revenus de base (plus de 2 siècles), de monnaies fléchées (plus de 10 ans), de souveraineté numérique (plus de 40 ans) ?

Allons-nous laisser la finance poursuivre sa fuite en avant sans lui apporter l’opposé complémentaire dont elle a besoin ?

S’atteler à cette mutation sociétale est un vaste mais passionnant chantier.

Par exemple : aucune des 3 doctrines ne peut se faire sans l’instauration d’un ministère de la stratégie environnementale. Car, si l’économie devient « circulaire », les entreprises ne sont pas circulaires sur elles-mêmes. Il faut gérer cette circularité.

Compter sur les belles initiatives de quelques valeureux citoyens pour faire avancer les idées n’est pas compatible avec notre calendrier économique et environnemental.